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Les Springboks au sang vert

Les Springboks au sang vert

 par Mezetulle

Expression entendue hier sur quelques chaînes de tv, après la belle victoire des Springboks en finale. Dans un reportage dans les townships, déjouant toutes les attentes des bien-pensants qui auraient aimé déguster quelque déclaration accusatrice de restes d'apartheid, un adolescent noir hurle : "on a tous le sang vert  !" - allusion à la couleur du maillot de l'équipe nationale. medium_SpringboksWallpaper.jpg

Et Laurent Bénézech, lors d'un débat sur la chaîne TV de L'Equipe hier soir, rappelait que l'entraîneur Jake White est resté "droit dans ses bottes" devant les énormes et multiples pressions communautaires de tous côtés qui souhaitaient des quotas : on prend les meilleurs. Nul besoin de quota, en effet, pour comprendre que Habana est un des meilleurs joueurs de rugby du monde! Et si le nombre de joueurs noirs est encore restreint, c'est avant tout dû à la structure sociale qui fit du rugby un sport élitiste en Afrique du Sud. Mais ne l'a-t-il pas été fort longtemps en Angleterre ? L'alibi de l'amateurisme n'a-t-il pas longtemps couvert en Europe une pratique jalousement aristocratique ? Alors laissons faire le temps et l'éducation (1).

Ce grand pays travaillé par les contradictions et par une histoire douloureuse montre la voie : dans quelques années, lemedium_LaCoupe.jpg rugby, s'il sait se doter comme c'est probable de moyens pour être encadré et largement enseigné, ne sera pas seulement un sport véritablement national, il sera emblématique de la formation d'un peuple, laquelle n'a rien à voir avec celle d'une ethnie.

On aimerait que la France reste fidèle à cette conception, qu'elle a pourtant contribué à inventer, et qu'elle le soit aussi dans son rugby. D'immenses zones urbaines sont à conquérir. On souhaite que l'Ovalie continue à sortir de sa "profondeur" territoriale - ce qui n'est pas encore gagné au vu de quelques propos célèbres sur "les bourgeoises de m..." qui, paraît-il, ornent les fauteuils du Stade français. Mais je n'épargnerai pas non plus ce dernier : il serait bien avisé, en dehors de ses excursions au Stade de France, de venir un peu plus souvent à l'est et au nord des quartiers chics de Paris...

Au fait, La Choule avait risqué un pronostic, publié par le journal argentin La Nacion le 19 septembre. Y figuraient les Springboks en vainqueurs, et l'Argentine en possible outsider... Et bien entendu je m'y trompais comme tout le monde en avançant les All Blacks et l'Australie sur le 2e rang, et en faisant évidemment l'impasse sur une Angleterre alors au fond du trou. Mais quand même : pas trop mal pour une "bourgeoise parisienne de m..." non ?

 PS. Encore une semaine pour visiter l'exposition des peintures de Marine Assoumov au Stade de France (jusqu'au 30 octobre). Bonne occasion pour ceux qui, comme La Choule, assisteront au match d'ouverture du Top14 samedi 27 octobre : venez une heure plus tôt, ça vaut le coup ! Voir l'album du vernissage.

1 - Voir sur ce sujet l'article de Stéphanie Platat dans l'édition électronique de Libération d'aujourdh'ui (à laquelle j'emprunte la photo Reuters).

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Commentaires

  • Un gros bémol à mettre à cet article : j'ai appris par la suite que les Springboks ont annulé, dans leur circuit triomphal, leur passage à Soweto. A côté de ça, mes chouchous qui ne ramènent jamais leur fraise rose à l'est d'une ligne Porte de Saint-Ouen-Porte de Vanves, c'est du rose-bonbon...

  • Bonjour Catherine,
    J'avais hésité, lors de ma première lecture de ta note, à laisser un commentaire, ayant lu peu de temps avant, sur internet, que la fête de retour ne s'était pas exactement passée comme prévu...en me disant peut-être que je me trompe...En fait, j'avais lu que leur passage à Soweto, après avoir été annulé, avait finalement eu lieu en catimini [genre à 7h du matin...].
    J'avais fait une note sur ce sujet, en juin, jour anniversaire de la victoire de l'afrique du sud en 95, note illustrée d'un texte qui donnait quelques pistes pour comprendre un peu mieux les enjeux sociaux qui se jouent là-bas.Ça va être long...même si le changement est vraisemblablement en route!...

  • Oui ça va être long, mais comme les triomphes se partagent plus facilement que les défaites, on peut espérer.

  • Je comprends que trop bien la réalité de ce pays pour l avoir vécu
    cette victoire superbe a comme lancé une vague de bonheur multicolore
    une fois l effervescnece retombée, on ne montre pas la réalité de ce pays ou les inégalites flagrantes demeurent malgre tout et la "séparation" sociale est encore tres tres presente

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