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Equipe de France

  • Ils ont battu les Springueboques, et Jean-Philippe Lafont prend de la hauteur

    La France bat les Springboks 20 - 13. Le baryton Jean-Philippe Lafont a également gagné... en hauteur

    par Mezetulle

    Enorme match du XV de France contre les champions du monde d'Afrique du Sud hier soir à Toulouse. Que dire après les commentaires des professionnels ? J'ajouterai une mention spéciale pour le buteur Julien Dupuy, si émouvant dans sa fragilité, et toujours si fragile même quand il FranceSpringboks13nov09.jpgréussissait, avec ou contre le vent. Décidément, même après une rencontre aussi "physique", on n'arrivera jamais à me convaincre totalement que le rugby est un sport de brutes...

    Des brutes ces Springboks, qui ne pensent qu'à l'engagement physique ? vous n'y pensez pas ! Ces chochottes hypersensibles ont été, au dire le l'entraîneur Peter de Villiers et de leur capitaine Victor Matfield, "perturbées" par le massacre de l'hymne national sudafricain auquel le chanteur Ras Dumisani s'est livré. Mauvaise pioche pour l'ambassade d'Afrique du Sud à qui on a demandé de choisir le chanteur. Pour faire bonne mesure, de Villiers a également trouvé que l'arbitre a été un peu perturbateur.

    Juste un autre couac, minuscule celui-là. Je ne m'étais pas aperçue que la voix du baryton-basse Jean-Philippe Lafont qui a chanté La Marseillaise avait de nouveau mué :  aux dires du commentateur de France 2 il s'agissait d'un ténor...

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    [Photo Sport 24 : François Trinh-Duc bien encadré]

  • Carpe diem

    Carpe diem. Heureux ceux qui ont appris à lire dans Horace

     par Mezetulle

     "Cueille donc le jour présent, sans trop te fier au lendemain". Que vient faire ici la célèbre citation de l'Ode à Leuconoé d'Horace ? Mais exactement ce qu'elle fait, tatouée sur les reins de Trevor Hall, le 7 du Biarritz Olympique qui, se faisant passer un petit coup de massage-gel aérosol vendredi dernier lors du match contre Montpellier, a medium_Horace3.jpgcomplaisamment laissé le soigneur remonter son maillot sous la caméra de Canal +, me laissant juste le temps de reprendre mon latin... Carpe diem, oui oui, c'est bien ce que j'ai lu, je n'en croyais pas mes yeux... Et l'équipe du BO l'a bien cueilli, ce jour de victoire, comme une fleur sur la pelouse de Montpellier.

    Je n'y serais pas revenue si, ouvrant ce matin Le Parisien, je n'avais encore rencontré la citation, à peine voilée, dans les déclarations de Morgan Parra le nouveau demi de mêlée du XV de France, et sans l'accompagnement ordinaire du contresens jouisseur qui, encouragé par une lecture hâtive de Ronsard, la déforme trop souvent. Au contraire, la voilà reprise et assaisonnée comme il convient à la belle sauce antique du "kairos" (l'occasion à saisir et qui ne repassera pas):

    Là on me donne ma chance, à moi de la saisir pour l'affirmer. Je prends chaque jour comme un nouveau bonheur.

    Et on a même une variante sur Rugbyrama :

    Moi, je prends les choses comme elles viennent, je profite du plaisir et du bonheur que me procurent ces moments.

    Tout l'esprit du jeu est là, dans cette saveur du présent qui s'offre et qu'il ne faut pas laisser fuir en s'empoisonnant à la coupe du tourment possible à venir. C'est tout ce qu'on lui souhaite: cueillir, avec la toute jeune équipe, ce 23 février contre l'Angleterre sur la pelouse du Stade de France, et si possible nous offrir le bouquet du beau jeu qui pense d'abord à lui-même. Heureux ceux qui ont appris à lire dans Horace. Et qu'on puisse continuer la lecture des poètes avec Corneille :

    Je suis jeune, il est vrai, mais aux âmes bien nées
    La valeur n'attend pas le nombre des années.

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  • Un haka reconverti

    Un haka reconverti. Réflexions sur une opération esthétique

    Beaucoup de choses ont été dites sur le haka des All Blacks, et je vais en remettre une couche arpès le match du 6 octobre.

    Quel est au juste son statut ? C'est une admirable chorégraphie rituelle, mais une chorégraphie : alors il faudrait la produire avant les hymnes nationaux - ce qui contribuerait à élever le niveau des divertissements d'avant-match. On pourrait de la sorte avoir un festival de hakas, car il y en a pour toutes circonstances. Mais à l'évidence, les All Blacks l'utilisent comme un deuxième hymne qui leur appartient en propre, et lui donnent un caractère intimidant. Pourquoi alors seraient-ils les seuls à bénéficier d'un second hymne ? On m'objectera qu'il y va de leur "identité"... c'est comme si on coupait les griffes à un chat, etc. Mais l'identité n'est pas un motif pour rompre l'égalité : les Ecossais n'ont jamais imaginé danser la gigue, les Italiens la tarentelle, les Français le French cancan, la java (euh pardon la sumatra ? la bornéo ?), etc., après les hymnes nationaux et juste avant le coup d'envoi...

    La réponse à la question est en partie dans le contenu même du haka : il est sans réplique, c'est une danse absolue. Avec une tarentelle, une gigue ou une valse, on peut faire de l'esprit, de l'autodérision, on peut même atteindre le beau, mais on ne va pas jusqu'au sublime. Le haka fascine : son effet repose sur une esthétique du sublime - on est happé, on s'en veut de ne pas avoir trouvé quelque chose d'aussi fort. Et, tel un oiseau fasciné par le chat qui l'hypnotise avant de le dévorer, on ne peut s'empêcher de regarder comme on regarde dans un gouffre, on est à la fois apeuré et transporté. La force de ce haka est d'excéder le beau pour parvenir au terrible, forme de l'admirable. On ne peut pas, comme Ulysse le fit avec le chant des Sirènes, se boucher les oreilles (ici fermer les yeux) ou s'attacher quelque part pour ne pas voir. Les Sirènes exercent une séduction, mais le haka ne séduit pas : il exalte et horrifie à la fois. Inutile de s'en détourner car il n'appelle aucune réponse, il n'appelle qu'une contemplation muette : il est par définition sans réplique.

    Que faire alors devant cette chorégraphie ? Il faut savoir que c'est une chorégraphie, savoir que c'est sublime et que le sublime, comme la chorégraphie, est fragile : il suffit d'un tout petit décalage pour qu'il sombre sinon dans le dérisoire, du moins dans le déplacé. Un grain de sable peut rompre le charme, et faire que "ce n'est pas ça". Car le sublime ne repose pas sur un secret de fabrication maori : il y a belle lurette que les trucs en ont été éventés au IIe siècle de notre ère par le pseudo-rhéteur Longin, dont le Traité du sublime fut traduit en français par Boileau en 1674.
     
    Réduisons les choses à l'aspect chorégraphique. L'essentiel repose ici sur une occupation fantasmatique de l'espace qui s'effectue paradoxalement par un dispositif chorégraphique presque immobile : un espace effrayant tout entier projeté vers l'avant et vers le haut, reposant sur la visibilité des visages, de la face avant du corps des danseurs, et sur des gestes esquissés vers l'avant (d'autant plus énergiques que leur force est dans leur rétention-projection) ou effectués de bas en haut genoux fléchis. L'espace ainsi produit est ce qu'on appelle une "quantité esthétique" : il n'est plus mesurable en unités rationnelles... il devient une immensité, le théâtre de la défaite annoncée.
    Alors, étant entendu qu'il faut accepter le "sans réplique" en consentant au regard, il faut trouver quelque chose qui frappe cet espace, qui l'oblitère, qui en bloque l'expansion et qui le ramène à sa quantité mathématique. Exactement ce qu'ont fait les Bleus, et cela dans trois dimensions, avec une grande pertinence : la photo (AFP) ci-dessous l'illustre très bien (1).

    medium_Haka6oct07.jpg


    1° Blocage de l'expansion vers l'avant. Il suffisait de s'approcher, au plus près, jusqu'à faire croire aux danseurs qu'on allait les toucher : audace sacrilège sans doute, mais qu'il suffisait de suggérer. Plus prosaïquement : un danseur qui sent, à la suite d'une erreur de trajectoire, que son mouvement risque de heurter une cloison est déstabilisé. Il doit reprendre ses marques. Ici, c'est le mur qui s'est approché, ce n'était pas prévu et ils sont redevenus ce qu'ils sont à ce moment : de simples et beaux danseurs.

    2° Blocage de l'expansion vers le haut. Reconvertir le fléchissement des genoux en abaissement. Comment ? En n'ajustant pas le regard sur l'horizontale du vis-à-vis, mais en restant debout, de telle sorte que les regards se croisent sur une ligne oblique de haut (Bleu) en bas (Black). Les toiser, tout simplement. Facile, puisqu'ils s'accroupissent presque ! Mais cela ne pouvait se faire que de près : souriez, on vous regarde, on vous trouve beaux, mais pour le sublime vous repasserez. C'est une variante de la fameuse figure du silence d'Ajax lorsque Achille vient lui parler sur le seuil des Enfers.

    3° Déviation de l'espace héraldique, entièrement capté d'ordinaire par la puissance de la danse: en principe les spectateurs n'auraient dû avoir d'yeux que pour les danseurs. Et là ce fut la bonne idée des couleurs : dévier le regard du spectateur, l'obliger à se partager entre les deux équipes par l'exhibition de couleurs flamboyantes autant que symboliques - bleu blanc rouge - exhibition d'autant plus remarquée qu'on n'était pas en France ! "nous sommes visibles, nous portons nos couleurs, ce moment nous appartient autant qu'à vous". Ajoutons à cela la neutralisation du noir en gris (la guéguerre du maillot) : les Furies (je parle de celles qu'on a dans la tête) n'ont pas pu déployer complètement leurs ailes.

    Il restait, pour soutenir cette opération de reconversion esthétique, et pour qu'elle ne sombre pas elle-même dans le dérisoire, à jouer un match digne de ce moment de désamorçage. Il restait à faire le plus gros! Mais la lucidité et l'à-propos sont précieux, même dans les petites choses.

    1 - Voir aussi la photo sur le site de Sport365, avec un article de J. F. Paturaud. 

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  • Au seul bruit de ton nom, doit-on trembler d'effroi ?

    Au seul bruit de ton nom, doit-on trembler d'effroi ?
    Ils l'ont fait
    !

      par Mezetulle

    La guéguerre du maillot n'était pas une futilité : elle a révélé une mentalité black superstitieuse, regardante sur l'extériorité, petite faille morale.... Ensuite, en avant-match, le regard et l'approche "au plus près" ont ramené le haka à ce qu'il est : au mieux une admirable danse rituelle de bien meilleur niveau que celle des pom pom girls, au pire une gesticulation d'intimidation. Il ne fallait lâcher sur rien. Ni sur les principes, ni sur la conviction que personne n'est invincible. Et jouer, jouer son meilleur rugby, n'être jamais au-dessous de soi-même ; comme dirait Descartes, (réapproprié par La Choule) : jusqu'au bout, sans jamais croire que c'est perdu, sans jamais croire que c'est gagné.

    C'est fait. Ils l'ont fait. Les Bleus ont battu les Blacks sur la pelouse de Cardiff. Bravo bravo bravo.

    Je passe la parole à Corneille, en traficotant un peu le texte...

    BLACK
    Sais-tu bien qui je suis ? (Ici : haka prolongé avec beaucoup de gesticulations)

    BLEU                            
                                      Oui, tout autre que moi
    Au seul bruit de ton nom pourrait trembler d'effroi
    Les palmes dont je vois ta tête si couverte
    Semblent porter écrit le destin de ma perte.
    J'attaque en téméraire un bras toujours vainqueur,
    Mais j'aurai trop de force, ayant assez de coeur.
    A qui soutient haka il n'est rien d'impossible;
    Ton bras est invaincu, mais n'est pas invincible.

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  • Sortis de la nasse... vers le grand large?

    Sortis de la nasse... vers le grand large? France-Irlande du 21 sept

     par Mezetulle

    L'épreuve (comme diraient les imprimeurs, les photographes et les graveurs) du Trèfle a sorti un bon positif. On est maintenant plus que requinqué : rassuré.

    Le match contre la Namibie avait juste permis au XV de France d'entrer dans le sas qui mène dans le grand bain de la Coupe du monde. Pour paraphraser le titre du journal gratuit Métro du 21 sept : ils ont ouvert maintenant la porte dans le bon sens, ou plutôt la bonne porte, celle qui mène vers la pleine mer - l'océan qui bat les côtes non loin de Cardiff. Encore leur faut-il traverser la mer Noire qui baigne la Géorgie et prier Eole et Neptune pour qu'ils soufflent (cette fois dans l'autre sens) sur les voiles irlandaises en route vers l'Argentine. Je sais que ma géographie est un peu sinueuse, mais elle est à l'image du début français en CM. Cela ne fait qu'ajouter un paradoxe de plus, un détour de plus à ceux que j'ai versés au crédit d'un sport "dialectique" ! Comme le dit un proverbe chinois que j'invente pour la circonstance : pour faire pousser une salade, inutile de tirer dessus, il faut sarcler autour... A force de faire le tour, on peut arriver au centre.

    Au rugby, la contingence est forte. Mais à cette contingence de structure, le début balbutiant du XV de France a ajouté celle du calcul des places... Comme dans un vulgaire championnat de n'importe quoi d'autre, on en est réduit à tenir compte d'une extériorité, de parier sur des matches qu'on ne joue pas et de prier un ciel qu'on ne voit pas pour espérer un classement  honorable à la fin des rencontres de poule.  Comme si la vie rugbystique n'était pas assez compliquée comme ça, comme s'il fallait se faire des frayeurs surnuméraires.

    Cela dit, le match était vraiment intéressant à regarder. Et j'ai fini par comprendre rétrospectivement à quoi servaient les grands coups de pied de Michalak durant la 1re mi-temps : c'était un entraînement pour en tirer un en deuxième période, cette fois décisif parce que parfaitement ajusté sur Clerc, non ?

    La Choule est rentrée jeudi 20 d'une journée médiatique digne d'un politique faisant le tour des plateaux un soir d'élections, et sur les rotules. Un passage éclair à Radio classique info m'a permis de tester mes réflexes. Les Helvètes de Radio Suisse romande (A première vue) m'ont ensuite offert une magnifique heure entière de conférence-discussion, la grande classe : en m'écoutant sur leur podcast, je me demande même où j'ai été chercher tout ça ... FR3 en soirée (Ce soir ou jamais) m'a plongée dans une ambiance people speedée où le rugby a dû se défendre avant de repartir à la charge. Je pensais jouer à l'arrière, mais j'ai vite vu que ça ne suffit pas de recevoir la balle : il faut aussi monter en courant ! Le maquillage était réussi, mais je n'ai pas réussi à le fixer plus d'une soirée, loin derrière Mme de Sévigné medium_ciseaux.jpgqui, quand ça lui arrivait, parvenait à le garder 15 jours !

    Et, moi, je n'ai pas hésité à aller chez le coiffeur la veille ; il est vrai que je ne suis pas Samson "l'animal"...

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