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  • Choule à la noix.... d'honneur

    Choule à la noix... d'honneur

     par Mezetulle

    La Choule décroche "La noix d'honneur" du Canard enchaîné du 26 septembre 07, pour sa réponse à la question du journal Le Monde du 25 sept - Jean-Louis Aragon lui a en effet demandé si certains philosophes auraient fait de bons joueurs de rugby...

    La Choule ne s'est pas dérobée et a commencé une sélection (notamment Hume en pilier, Descartes en demi d'ouverture et Rousseau pour "pourrir le jeu des autres"), puis a renvoyé au manuel qui donne le moral en toutes circonstances : le traité des Passions de l'âme de Descartes.

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     Commentaire du Canard : "relire les Essais de Montaigne serait peut-être plus approprié"... Sûrement, mais j'avais déjà entendu cent fois cette blague chez mes amis philosophes !

    Allez, La Choule, encore un effort ! Transforme l'essai et tu franchiras allègrement "Le mur du çon"... 

     

     

     

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  • C'est reparti, requinqué... mais... Deux matches parasités

    C'est reparti,  requinqué, mais... Deux matches parasités

     par Mezetulle

    On ne va pas bouder son plaisir après la brillante démonstration du XV de France hier soir contre la Namibie. Pour reprendre les termes d'Elissalde (au passage : bravo! mais n'oublions pas les travaux obscurs où Szarzewski m'a semblé exemplaire) que je citais après la défaite contre l'Argentine : ils semblent avoir retrouvé le GPS, ou le logiciel. C'est ici que mon enthousiasme se modère : oui, on a vu que le logiciel fonctionne, qu'il est parfaitement huilé, on a vu toutes les figures d'école, les passes au large, les "chistera", les feintes de Michalak, les essais "panache" - Chabal, Nallet, Clerc-  et les essais "travail"... les transfos "métronome" sans faute (sauf la première, j'y reviendrai). On a vu aussi un drop... ! ce n'est pas si fréquent (oops, ce sont les Namibiens qui l'ont réussi, non ?).

    Alors maintenant, après ce requinquage, on peut se permettre de faire sans état d'âme l'avocat du diable avec quelques expériences de pensée. Car Lucifer porte la lumière et les diables noirs, verts, jaunes attendent leur heure. Voyons ce qui aurait pu perturber cette superbe mécanique, cette éblouissante démonstration.

    Il faut rendre hommage au courage et à la constance des Namibiens en abandonnant le style hypothétique : ils ont su la perturber, et pourtant à un moment tardif où, épuisés, jouant à quatorze, ils avaient probablement le moral dans les chaussettes. Ah cette passe interceptée qui leur a ouvert le chemin de l'essai ! ça ne vous rappelle rien ? Rémy Martin a été accablé de reproches après le 7 sept. pour la même chose... Imaginons maintenant un Pichot, un Hernandez devant cette mécanique, ou plutôt dans ses intervalles, glissant leur grain demedium_Trèfle.jpg sable. Allez, pas besoin d'un Puma : un Trèfle bien vert pourrait peut-être suffire (ne parlons pas d'un Kiwi, d'une Antilope ou d'un Kangourou)?

    Jusqu'à présent nous avons assisté, s'agissant de la France, à deux matches parasités. L'un par la pression excessive avec laquelle le XV de France s'est lui-même étouffé, et dont on a vu le spectre dans la première transfo manquée hier soir. L'autre par la situation idéale de laboratoire dans laquelle il a été plongé, du fait d'un adversaire certes courageux, mais néanmoins faible et numériquement diminué. Dans les deux cas, un jeu réglé par le même logiciel : déjoué par les Argentins, et efficace à 90% contre les Namibiens. Avec l'Irlande, on aura donc le premier match "pur", débarrassé de cette extériorité qui a fait de l'un une montagne psychologiquement inaccessible et de l'autre une promenade à peine assombrie par quelques gaspillages. Je maintiens donc mon analyse : le logiciel est nécessaire, mais il n'est pas suffisant.

    Une autre question apparaît au sujet de la composition "toulousaine" de l'équipe d'hier soir, jouant à Toulouse. Malgré les dénégations, Bernard Laporte en est-il réduit à unemedium_CoqClocher2.jpg logique de club ? Ce serait déjà inquiétant. Mais, à supposer qu'il en soit ainsi, fallait-il renforcer celle-ci par une logique localiste de clocher (les "Parisiens" à Saint-Denis affrontant des Argentins en partie "parisiens", les "Toulousains" à Toulouse) qui me semble calamiteuse, aussi bien pour les joueurs que pour le public ?

    A supposer qu'on raisonne en termes de club, n'eût-il pas alors été judicieux de déjouer les appartenances en croisant les lieux, en procédant à une délocalisation fédératrice ? Imaginons un Skrela, un Mignoni, un Martin hier soir à Toulouse, totalement libérés comme le fut Szwarzeski. Imaginons symétriquement le 7 septembre à Saint-Denis une équipe bleue autant que possible peu connue des Argentins... La logique de club serait déjà une faiblesse, mais elle pourrait conduire au démon du localisme communautaire, lequel aurait vite fait de détruire la logique nationale de l'excellence qui doit seule prévaloir dans la compétition.

    Frappée par l'insomnie la nuit dernière (ça m'arrive à chaque fois que le XV de France gagne, et à chaque fois que je reviens de l'opéra) , je chasse les diables verts, noirs, jaunes et les démons de clocher... en relisant Jean Lacouture et Denis Lalanne dont je parlerai une autre fois.

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  • La Planète ovale de J-Y. Dhermain

    Sur le livre de Jean-Yves Dhermain La Planète ovale. Dans les coulisses du rugby mondial
    ou le Tableau historique des progrès du rugby

     par Mezetulle

    Le livre porte bien son titre. Sous un aspect lisse - quoi de plus banal en apparence q'une série de monographies consacrées aux 20 meilleures équipes présentes lors de la Coupe du monde en France ? - et dans une écriture fluide qui enchaîne des récits assez alertes, l'ouvrage de Jean-Yves Dhermain La Planète ovale. Dans les coulisses du rugby mondial (Préface Serge Blanco, Tours, CLD éditions, 2007) aplatit le globe et rend une forme étrange à une planète dont la rotondité n'est pas sans accroc.

    Bien sûr, et c'est la moindre des choses, on y trouvera l'histoire, souvent passionnante, des grandes formations nationales : de quoi satisfaire la vue somme toute restreinte de l'amateur traditionnel. Le moyen d'échapper à la énième célébration épique de Jean Prat et de Lucien Mias, à la poisse de medium_Dhermain.jpgWilkinson, aux mensurations de Lomu, à l'ubiquité foudroyante de Keithwood, au ballon dans le brouillard à Bristol en 1908 ? Du reste, pourquoi bouder son plaisir en retrouvant tous les hauts faits dont l'histoire se nourrit certes, mais dont elle se détache, comme un motif se détache sur un fond ?

    Car on ne s'y trompera pas: l'auteur ne dessine pas une chanson de geste faite d'anecdotes transfigurées en mythes, mais un bougé planétaire dans lequel le rugby n'est pas simplement situé. Le rugby s'y voit au contraire promu en acteur de l'Histoire ("avec une grande hache" comme le dit Perec), théâtre et révélateur de combats - il mérite à ce titre le nom d'oeuvre.

    L'oeuvre du rugby : dans ses démêlés avec lui-même, c'est l'histoire des progrès humains (laquelle suppose aussi l'immobilisme et la régression) qui se décline sur les grasses pelouses d'Angleterre, les grands espaces des haciendas argentines, les terrains pelés de quelques bidonvilles "là-bas, au bout du monde". Sur fond de conflits sociaux, on y voit des nations s'arc-bouter sur un intérêt de classe ou de "race" (ou même les deux à la fois), d'autres introduire une brèche laborieuse dans la forteresse aristocratique longtemps défendue par un purisme formaliste - sans lequel pourtant le rugby n'aurait ni règles ni "esprit". Ce sont des histoires croisées qui opposent étudiants de bonne famille et gueules noires, snobs des quartiers chics et paysans, propriétaires agricoles et journaliers, Anglo-saxons et Latins, Blancs et "Non-blancs", dynasties de terroirs et talents urbains déracinés. On y voit tour à tour le rugby détesté comme étendard d'une colonisation honnie et le rugby capté, adoré, retourné et brandi fièrement au nez de ceux mêmes qui l'avaient introduit comme une marque de propriété.

    Tragique parfois, l'histoire peut aussi s'adoucir et prendre des airs de French cancan dans le comique aller-retour qui vit le rugby parisien snob s'étioler au profit du rugby d'Ovalie, puis revenir offrir aux jeunes urbains et au public féminin une scintillante carrrière rose fluo.

    Mais s'opposer signifie aussi se mêler, s'imbriquer les uns dans les autres comme des teignes et comme des peignes, et aussi s'affronter à soi-même. Sont mis aux prises des hommes pétris de contradictions et de complexités, et non des rôles immuables assignés d'avance : ainsi on voit le paysan français, naguère symbole populaire, se transformer en conservateur dynastique haïssant la grande ville (et avec elle sa banlieue : où on va ?), le public irlandais interdisant le God save the Queen à Dublin et acclamant sur la même pelouse l'équipe de la Rose en 1972 au plus fort des années sanglantes, rien que parce qu'"ils étaient venus", la bourgeoisie galloise soutenir les Diables rouges qu'elle exploitait au même moment dans ses mines, et l'honneur de l'humanité déjà relevé, avant le célèbre maillot de Nelson Mandela frappé de l'antilope, par Morné Du Plessis en Afrique du Sud.

    L'histoire a bien des points communs avec le rugby : son immanence et aussi sa dialectisation, sa sinuosité, une façon de forger l'Idée en passant par de petites choses, par des poussées et des reculades, une façon d'avancer non seulement malgré et à travers les obstacles mais aussi grâce à eux.

    Le sens de l'histoire ne lui est pas donné a priori de l'extérieur ; il se forge dans les difficultés et l'opacité des choses particulières. Dhermain a eu la bonne idée de scander chaque étude par une interview avec un joueur. Loin de tirer l'ouvrage vers un ton "people", ces respirations scellent au contraire par de solides rivets l'enjeu décisif et planétaire du rugby. Tous les joueurs sollicités sont en effet des "transplantés" notoires, des voyageurs, des explorateurs, des expatriés d'un moment, représentant à la fois l'enracinement et le dépaysement, la tradition et l'innovation, le "maintenant" et le "jadis et naguère", l'ici et l'ailleurs, l'actuel et le révolu.

    Avec Jean-Yves Dhermain, on souhaite que de prochaines Coupes du monde se dépaysent elles aussi, sortent du "village global" où quelques nations jalouses se défient en tournant en rond, et rendent la planète ovale.

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  • Les ondes et le haka. Le livre de Pierre Sein

    Les ondes et le Haka. Le livre de Pierre Sein All Blacks, les seigneurs du rugby (CLD éditions)

     par Mezetulle

    Le match France-Galles n'ayant pas été retransmis sur une chaîne de tv publique, j'ai trouvé un certain plaisir à l'écouter l'oreille collée à Sud-radio crachotante et l'oeil rivé sur le site de L'Equipe qui alignait les essais. J'avais tout, sauf l'image. Mais c'était bien une totalité, celle d'un récit et celle d'un affichage, totalité du temps et totalité de l'imaginaire alimentée par le réalisme du décompte égrené minute par minute. Et lorsque, à la 77e, le flamboyant capitaine Betsen a fait le choix de la mêlée plutôt que celui de taper la pénalité pourtant en face des poteaux, j'ai pu mesurer à sa juste valeur toute la rationalité de cette décision parce qu'aucune image ne venait jeter son jus aveuglant sur le double décompte que j'avais sous les yeux : différence au score + temps qui reste.

    Et je remets ça avec la radio ce matin. D'habitude je n'écoute France-Culture au petit déj' que pour me mettre dans une mauvaise humeur belliqueuse tant la bienpensance hurleuse y est exaspérante entre 7 et 9. Et là un délice de fraîcheur vient stimuler mon réveil : je tombe sur la chronique de Catherine Clément, consacrée aujourd'hui au Haka des All Blacks ! Elle replace cette cérémonie dans son contexte de culture, décrivant l'obligation d'exhiber le blanc des yeux comme une figure chorégraphique imposée, et soulignant l'importance des femmes dans ces différents dispositifs. Pas si terrible que ça au fond ("c'est l'histoire d'un mec..." tellement terrorisé qu'il se cache au fond d'un puits avec une nana assise dessus... et qui en ressort tout regonflé).

    Sans le savoir, Catherine Clément m'a donné le sésame qui m'a enfin fait ouvrir sereinement le livre que Pierre Sein a eu la gentillesse de m'envoyer juste avant sa parution : All Blacks, les seigneurs du rugby, préface de Patrice Lagisquet medium_PierreSein.jpg(Tours, CLD Editions, 2007). Livre qui m'en imposait par sa couverture, photographie de haka... et devant lequel je ressentais mon incompétence. Et c'est ainsi que Catherine Clément a commencé sa chronique d'ailleurs, par un trait aussi intimidant qu'un haka, celui de la rumeur toute puissante : "Les All Blacks, ceux qui écrasent tout...!" dit-elle.

    Voire... et voir aussi les statistiques que Pierre Sein a eu la bonne idée de placer à la fin de l'ouvrage. A regarder de près. Mais non ils n'écrasent pas tout : ils gagnent souvent, c'est sûr, mais..... Et me voilà, ayant commencé le livre par la fin, régressant au fil des pages, ce qui me permet de saisir le point conceptuel du livre, lequel m'avait échappé uniquement parce que je me laissais impressionner par une rumeur défaitiste "il n'y a qu'à subir et rien à penser". Ce point n'est autre qu'une question, un paradoxe, dont la formulation simple demandait un peu d'audace : comment une nation dont la population dépasse de très peu le tiers de celle de la région parisienne est-elle parvenue à en imposer autant par son rugby ?

    Outre qu'une partie de la réponse est déjà dans la question, j'ai aussi ma propre réponse, mais elle est très mal-pensante, peu vérifiable et encore plus provocatrice (sinon insultante) que la question... Aussi je préfère, pour plus de sérieux, vous renvoyer au livre de Pierre Sein : vous y trouverez, avec les nombreux et différents hakas bien sûr, de multiples réponses bien plus pertinentes, et qui ne sont pas toutes intimidantes. D'ou je conclurai, comme l'auteur le montre à plusieurs reprises, que leur bras de noir vêtu n'est pas invincible et que d'ailleurs il n'est pas invaincu : ce qui ne vérifie même pas un vers de Corneille, notre meilleur auteur de haka glorieux pour hommes aux longs cheveux !

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  • Sur le livre de L.Bénézech (3e partie)

    Sur le livre de L. Bénézech Anatomie d'une partie de rugby (3e et dernière partie)
    L'immédiateté rustique du texte, l'urbanité décalée des photos

    Décidément, je n'apprivoise pas le livre de Laurent Bénézech Anatomie d'une partie de rugby (éd. Prolongations), il me glisse des mains, me fait commettre des "en-avant"... Pourquoi ce sentiment de porte à faux qui fait que je ne peux ni l'adopter ni le délaisser ?

    Comme je le soulignais précédemment, l'ouvrage se penche sur des notions et des affects, à l'exclusion de toute référence singulière - histoire, noms propres. Or on pourrait penser que, composé à parts égales de textes et de photos, les textes expliquent des notions, réservant la monstration directe des affects aux photos. C'est l'inverse : belle idée assurément, mais si les photos (remarquablement choisies) relèvent hautement le défi, il n'en va pas toujours de même pour le texte.medium_EnAvantBénézech.jpg

    A quelques brillantes exceptions près (de beaux chapitres sur "La Passe"... où toutes sont passées en revue p. 78, sur "l'En-avant" p. 80 ou encore sur "La Touche" où est avancée une très convaincante comparaison avec la danse contemporaine), le texte ne décrit pas, n'explique pas, ne conceptualise pas : il entend se placer à l'intérieur d'un psychisme - celui du joueur, celui du supporteur - pour le réactiver chez le lecteur. Ce sont donc des états d'âme qui, par des monologues, des dialogues intérieurs, des apostrophes, se succèdent dans une écriture qui recourt trop souvent à des palliatifs et des marqueurs d'insistance : majuscules hurlantes, italiques, exclamations, points de suspension.
    A force de vouloir être en sympathie avec le lecteur initié censé se reconnaître dans ces procédés détournés, cette écriture faite d'extériorité s'aliène le lecteur quelconque parce qu'elle est trop souvent un clin d'oeil à celui qui est dans le rugby comme un poisson dans l'eau.

    On m'objectera que tout texte intéressant produit un sentiment d'étrangeté. Certes, mais il le produit pour tous, et surtout pour ceux qui croient être en terrain familier. Le poète est capable de me rendre ma propre langue lointaine, étrangère : il l'arrache à l'idiome et la met en déroute pour la révéler. Or ici, c'est au contraire le parti-pris de familiarité et si j'ose dire de consanguinité qui domine le texte : le rugby y est ramené à son intimité, à ses affinités indicibles, il forme un cercle et une famille resserrés à laquelle je n'appartiens pas.

    Et d'ailleurs je ne suis nullement invitée. Le chapitre "Les Joueurs" (p. 24), chef d'oeuvre de littérature identitaire, me le fait rudement savoir. Ils sont plaisamment présentés sur le modèle d'une famille agricole, attablés autour du père, rompant un pain immémorial, à des places immuables depuis des générations. En toile de fond, des figures féminines figées dans ce que l'imaginaire collectif a de plus redoutable : une mère castratrice (l'entraîneur), une fille à séduire, et "quelques salopes malpropres" - allusion aux chansons paillardes de la 3e mi-temps (les épouses, quant à elles, en prennent pour leur grade dans le chapitre sur "L'Essai" p. 122 qui met aux prises un idiot de joueur et son imbécile de femme). medium_LeNain.jpg

    Dans ce tableau rustique on ne sait qui est le plus à plaindre, chacun occupant une place qu'il n'a pas choisie, mais qui lui a été attribuée par une destinée (son gabarit, son rang de parenté, son sexe, son âge, sa condition...) le mettant perpétuellement hors de lui et jamais en exigence d'être lui-même. Tout le contraire de l'héroïsme : rien que les vertus conventionnelles d'un régime révolu ! Et le coaching est arrêté depuis belle lurette ; aucune place à prendre, aucune circulation ne vient aérer ce tableau étouffant: jeunes urbains, passez votre chemin, on n'a pas besoin de vous.
    Il ne suffit pas de peindre des paysans dans une touchante scène de genre nostalgique pour parvenir à la cheville d'un Mistral, et encore moins à celle d'un Virgile.

    Alors quel soulagement de quitter la page écrite pour aller poser son oeil à côté, au revers, en marge, en hors-texte et de voir sur ces magnifiques et judicieuses photos tant d'innovation, tant d'ouverture, tant de questions, tant de réflexion, tant d'aspérités, tant de sollicitations pour la pensée, tant de décalages, tant de bougés, tant de cocasseries aussi : toute cette rigide consanguinité est balayée, remise en question et décoiffée par le talent, l'élégance, la présence d'esprit, le doute, et par un usage inventif de la force, lesquels n'excluent pas les maladresses ni les échecs.

    A elles seules, les photos parviennent à faire comprendre, parfois malgré le texte qui les environne, comment la civilisation héroïque a su traverser les âges, s'extraire des villages et des terroirs pour n'en retenir que les saveurs exquises, circuler à travers le monde, se griser d'autres chants que de paillardises, et se greffer sur le monde moderne.

    [N.B. La photo de la p. 83 (F. Nataf, L'Equipe) est celle de mon exemplaire personnel du livre. Elle est publiée à des fins strictement didactiques, en illustration directe des propos tenus dans cet article.] 

    Voir le premier article "Un purisme du concept et de l'affect"
    Voir le deuxième article "Le rugby serait-il démocratique par nature ?"

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