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Top 14

  • Un ennui resplendissant

    Quand du fécond printemps a resplendi l'ennui

    par Mezetulle

    Je n'osais pas écrire un article pour dire qu'on s'ennuie un peu en ce moment ; juste quelques petits événements, Montpellier bat Toulouse mais c'est sans grande conséquence... J'ai regardé, l'oeil morne, un match "pas beau" entre Brive et Paris  - et ce n'est pas parce que mes chouchous ont perdu.. franchement le match n'était pas très palpitant : un duel de coups de pieds manqués... Pas de quoi me mettre une larme d'encre sous la plume.

    Je n'osais pas, j'enviais presque les palpitations des footeux en transe ce week-end... quand j'ai cliqué sur le blog de Pierrot. Lui a osé, et magnifiquement. Alors je vous invite à lire l'article Taupe 14 ; il dit en peu de mots choisis et assonants (pas assommants) qu'il n'y a "Rien de neuf dans les galeries".

    C'est ça la différence entre les philosophes et les poètes: personne ne s'ennuie à lire un poète qui dit qu'il s'ennuie... car il fait resplendir l'ennui, même quand ce n'est pas celui du "stérile hiver".

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  • Cinq essais vus à contre-culture

    Cinq essais (sur sept) vus à contre-culture : Stade français- Bayonne vu de Lille

    En déplacement à Lille vendredi (après une conférence pour laquelle CitéPhilo m'accueillait - salle pleine et rencontre avec beaucoup d'anciens étudiants et de collègues qui m'a fait très plaisir), sans nouvelles d'un ami avec qui j'avais envisagé un possible dîner, je saisis l'occasion de cette soirée brusquement vacante et me mets en quête d'un bistrot où voir le match Stade français-Bayonne... Cette ville de Lille, je la connais plus qu'un peu, y ayant travaillé et habité une bonne partie de la semaine pendant 15 ans. Les pubs, les vrais, n'y manquent pas et l'ambiance y est chaleureuse, bourrée d'Anglais en fin de semaine qui viennent se régaler et faire un peu de bruit. D'après gérant de l'hôtel j'en trouverai bien un où ça peut se voir.

    Seulement voilà, le vendredi soir, les Anglais et les Lillois, ils se contrefichent d'un match du Top 14, ils ont juste envie de manger, de boire de la bière, de faire la fête, de faire un tour de manège. Les écrans sont noirs. Devant ma déception, un barman sympathisant rugby me donnne le bon tuyau : il faut aller chez les spécialistes, ça se comprend rien qu'en entendant le nom du pub "L'Australian bar"... J'y cours, et j'y tombe plus qu'à plat. On me regarde avec un peu de condescendance. "Un match de rugby, quel match ?"... "Ah  ouuuiiii ! Désolés madame, ici on regarde juste les matches internationaux".

    Amis de l'Ovalie profonde, que j'ai chambrés si souvent sur ce blog : je n'ai jamais mieux senti ce soir-là combien Paris est une des villes les plus méridionales de France... Quand je pense qu'au même moment, au très provincial et reculé métro Saint-Fargeau, deux bistrots qui se font face rivalisent pour montrer ce que je veux voir... Et me voici au centre d'une métropole qui a une allure folle, dont la population est nombreuse et diverse, qui sait faire la fête... mais je dois me rendre à une évidence que je connaissais pourtant déjà : les écrans y crépitent pour le foot et - à la rigueur - pour le rugby des Nations.

    Il est déjà 21h bien sonnées. Un peu découragée quand même, j'élargis l'aire de ma battue. Je quitte les lieux branchouille du vieux Lille, la rutilante Grand Place ornée de sa grande roue hivernale. A présent trop loin de Wazemmes (où j'aurais peut-être été plus chanceuse), je remonte, pour éviter les rues piétonnes où les restos alternent avec les fringues, la très banale et à peu près déserte rue du Molinel.
    Mon seul espoir : tomber sur un bistrot footeux où on aura allumé la télé par habitude, histoire d'avoir un bruit de fond et des clameurs de goal.
    Conduite par un reste de flair prolétarien, je reluque un troquet d'habitués qui s'appelle "La Terrasse". Juste un groupe au comptoir et sur le côté, une image télé qui s'agite. Trop de bleu, de rose, de rayures et de vert pour que ce soit du hip hop ou des clips "musicaux". Mais oui c'est ça ! Il faut que j'entre bien vite avant que ces quelques clients quittent les lieux et permettent au patron de tirer les rideaux déjà prêts.medium_StadeF-BayonneSport365.fr.jpg
    medium_Foot3Brasseurs.jpgHaletante, j'arrive pour la 45e minute. On me fait un accueil citadin, à la fois bien élevé et réservé, cachant tout juste un peu d'étonnement.
    Et c'est ainsi que j'ai pu voir, dévorant ma soucoupe de cacahuètes devant une bière succulente à un prix défiant toute concurrence, cinq essais (1) d'un Stade français ayant à tous les sens du terme retrouvé ses couleurs pour mettre en déroute l'Aviron bayonnais...

    Affamée et la tête dans les fleurs de lys roses, j'atterris finalement chez un grand classique "Aux Trois Brasseurs", pour un souper tardif. Devant mon potjevleesh, environnée de photos de cyclisme, j'avise dans la niche qui me fait face le moulage d'un joueur de foot en costume ancien. Désespérant de pouvoir parler de ce que j'ai vu ce soir, je branche le garçon sur cette figure légendaire (que je soupçonne être Just Fontaine, mais dites-moi votre avis - le costume est tout de même plus qu'années cinquante, non?) : il ne sait pas qui c'est !!!

    A l'hôtel ce matin, le gérant prend des nouvelles de mes pérégrinations : "Alors ils ont gagné !!!" "-Comment, mais vous vous intéressez au rugby?". Avec un petit sourire modeste et comme pour s'excuser, il réplique -"eh oui... de temps en temps, c'est que, voyez-vous, je suis parisien!"


    1 - Les essais de seconde mi-temps : Arias, Saubade, Bergamasco, Bastareaud, Burban, qui s'ajoutent aux deux marqués en première mi-temps (Saubade et Papé).

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  • La Choule dans Libé

    La Choule dans Libé

     par Mezetulle

    Le journal Libération du 8 novembre a été entièrement confié à des philosophes. Pari risqué de faire écrire ceux qui sont medium_LibéLogo.gifplus habitués à la temporalité méditative qu'à l'urgence du quotidien. Mais pari légitime : car la philo est née sur l'agora et en principe elle n'a pas peur du tumulte.

    A vous de juger si le pari est réussi. En commençant bien sûr par la page des sports. 

    La Choule, invitée à écrire un article sur le rugby dans cette édition philosophique, a choisi le tumulte et la rapidité de quatre matches des deux premières journées du Top 14 pour y comparer le rugby à un mille-feuille électrifié. L'article est magnifiquement doté d'une photo flamboyante (1) du premier essai de Clerc lors du match Stade Toulousain-Stade français du 2 novembre. Je dis bien doté, et non pas simplement illustré car la photo est trop bien choisie (merci le service des sports de m'avoir fait ce beau cadeau) pour être réduite à ce rôle subalterne... 

    Lire l'article en ligne. Voir la liste des contributeurs et lire un article de Robert Maggiori expliquant l'entreprise de cette édition.

    Voir ce commentaire de Pinkcity sur le forum de Rugbyrama. J'en rosis de plaisir... 

    1 - Photo signée Romain Perrocheau, agence Icon Sport 

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  • La Choule en pause... pour la bonne cause

    La Choule en pause... pour la bonne cause

     par Mezetulle

    Quoi, La Choule n'a pas publié depuis le 27 octobre?? Coup de pompe ? Essoufflement ? Exclusivité parisienne partisane? Allez, j'ajoute encore l'hypothèse la plus fantaisiste : limite d'âge ?

    Meuh non (comme dirait Lio) ! Mezetulle est invitée à écrire un article dans l'édition spéciale superchic de Libération du 8 novembre, entièrement rédigée par des "philosophes", coordonnée par Robert Maggiori avec le concours de CitéPhilo (que Mezetulle connaît bien, ayant participé à cette manifestation lilloise depuis sa création en 96) ; ça ne s'invente pas. Et devinez le sujet qui m'échoit ? Donc n'ayant pas le don d'ubiquité, ne pouvant pas jouer sur tous les terrains à la fois, je retiens mon souffle et ma plume (ou mon clavier) pour cette bonne cause.

    Au programme du week-end : gavage de matches du Top 14 (à la télé car les déplacements ne sont pas prévus, euh d'ailleurs je crois que je n'aurais pas pu suivre). Brive-Biarritz ce soir, Bayonne-Dax demain, Toulouse-Stade français (aïe parviendrai-je à garder la tête froide?) dimanche. La totale. Avec un menu aussi copieux, je trouverai bien quelques petits trucs à me mettre sous la dent pour les faire passer à la moulinette conceptuelle dont j'affûte les lames...

    Heureusement, cette moulinette n'a pas de fonction broyeuse, et j'essaie de faire en sorte que ses couteaux exaltent la saveur des objets qu'ils dissèquent sans les déchiqueter : j'aurai beaucoup de plaisir à regarder ce début de championnat où l'on continuera à saluer comme le week-end dernier, je l'espère, le retour du jeu offensif et gracieux.

    En plus j'ai un bon prétexte pour regarder tout  ça : c'est pour bosser ! 

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  • Fluctuat nec mergitur

    Fluctuat nec mergitur. Paris champion de France

      par Mezetulle

    Le Stade français s'est fait très peur lors de la finale du Top 14 remportée hier soir sur Clermont (23-18) en vérifiant la devise de Paris "Fluctuat nec mergitur"... il flotte et n'est jamais submergé. medium_ParisBlason.3.jpgJe traduirais plus librement pour la circonstance : il boit la tasse en première mi-temps, puis sort la tête de l'eau en toussant, reprend son souffle, se souvient qu'il sait encore nager, retrouve son latin et arrache la victoire par deux essais (Pichot et Samo) transformés (Hernandez).

    Car du flottement, il y en a eu en première mi-temps, pour tout dire calamiteuse côté parisien... Touches mal inspirées, mêlées en reculant, pénalités et drop manqués, et surtout l'absence de ce je-ne-sais-quoi qui fait qu'on y croit. Drapeaux roses en berne, figés dans un Stade de France principalement animé par les dynamiques supporters jaunes de Clermont, survoltés à juste titre car l'équipe de l'ASM Clermont est dominatrice, offensive, bien sur ses jambes et offre un très beau jeu qui se concrétise par un score on ne peut plus net et mérité à la mi-temps : 9-0 en faveur de Clermont, score aggravé de 3 points encore dans les premières minutes après la reprise.

    Mais la seconde mi-temps a été ensuite le théâtre d'un retournement, avec un beau travail tactique du Stade, une excellente gestion des changements de joueurs (on appelle ça le coaching, non ?), une métamorphose physique et mentale qui s'installe et qui se matérialise dans un bouquet final.

    Autant que dans l'expérience technique, c'est dans sa force morale, une morale toute simple qui ne cède ni à l'abattement ni à l'euphorie (mais j'y reviendrai, vous n'échapperez pas à un peu de philo...) que le SF est allé puiser sa victoire en surmontant un déficit de fraîcheur physique maintes fois souligné par la presse. Cette égalité d'humeur trouve son répondant efficace dans la régularité d'une saison exceptionnelle. Le treizième Brennus du SF ne s'est pas décroché, tel une fiente de pigeon, d'un ciel capricieux pour tomber sur la tête de Paris - c'est un trophée largement mérité qui lève et fleurit d'un sillon patiemment creusé sur les pavés!(1)

    On en a vu de toutes les couleurs avec Christophemedium_Avec_Christophe.jpg (photo ci-contre repiquée sur le blog de Greg lundi matin), le papa de Greg avec qui j'ai assisté au match depuis la tribune Est - très bien placés dans la longueur du terrain juste avant le virage Nord Est. Et quel fin commentateur ! J'ai savouré, medium_FinaleTop14Soleil.jpggrâce à lui, une analyse de match sur le vif. J'ai passé une excellente soirée et pas seulement parce que mes chouchous ont gagné. La satisfaction d'y comprendre quelque chose, d'avoir aussi un regard plus distancié, lucide, est bien plus agréable que la joie bête incapable de s'extraire de la glu de l'identification immédiate "on a gagné"... Merci Christophe pour ce regard serein, et aussi pour l'écharpe bicolore de la Finale Paris-Clermont !

    Dans le RER à mon retour, une dame (pas tout à fait mon âge mais pas vraiment une minette) en bleu et jaune s'étonnait que les Parisiens une fois dans le métro n'exultent pas bruyamment et se contentent d'agiter les drapeaux roses avec un air béat et presque étonné : "vous ne faites pas la fête dans le métro ?" C'est que tout simplement ils ont eu peur et qu'ils n'en sont pas encore revenus ! C'est que peut-être comme moi ils goûtent le plaisir d'une victoire considérée avec un peu de recul. Et pourquoi écraser les autres quand on a senti pendant 70 minutes le vent du boulet?

    C'est aussi, il faut le dire, qu'ils ont rendez-vous dimanche matin sur les Champs-Elysées pour fêter ça. Il va y avoir du rose pour enrubanner le bouclier de Brennus. La photo à droite a été prise lors de son passage à la fin du match, il faut vraiment le savoir : ça vous donne une idée de la nullité du reportage photo que je vais essayer de placer demain en album (2). J'espère que Christophe et Greg feront mieux sur le blog du Mini-jaune, ce ne sera pas difficile...medium_FinaleTop14Le_Brennus.jpg

    Greg ne pleure pas, j'ai confié à ton papa le tee-shirt rose que, suivant les conseils d'Ovalove, j'avais jeté sur mes épaules par-dessus le polo marine fleurdelisé. Il te le donnera de ma part et surtout dis-toi bien que c'est celui de La Choule avant d'être celui du Stade français. Plus une minisurprise jaune. Nous y étions !

    Il est 2h, je vais me coucher, encore une rude matinée demain à arpenter les Champs-Elysées. C'est dur la vie de supporter, finalement.

     Sommaire du blog

    1 - Là, en me relisant, je trouve mon style un peu enflé... Je ne suis pas encore au niveau du Midol, mais le genre sublime n'est pas loin. Je suis sûre que Lio appréciera le rapprochement entre la charrue et le marteau-piqueur.

    2 - Dimanche soir :  l'album de la Fête du Brennus est en ligne. Voir aussi le match en photos sur le site de L'Equipe.