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Arbitrage et les règles

  • Les coupes amères

    Les coupes amères

    par Mezetulle

    Arpès un Tournoi des 6 Nations vraiment décevant, on n'a rien à se mettre sous la dent ... Au niveau national Toulouse-Clermont, ça devient lassant. Au niveau international, que des coupes d'amertume... on attend la dernière minute de la dernière mi-temps pour voir que, non, encore une fois, ça ne va pas le faire, le drop passe à côté, le ballon est rendu. Mais aussi, pourquoi faut-il attendre la dernière minute, on ne peut pas jouer un peu plus tôt ?

    Alors il reste à ruminer la dernière heure de gloire frôlée : la finale de la Coupe du monde 2011. Au moins, l'amertume de celle-ci a quelque chose de stimulant, surtout si on scrute l'arbitrage, comme le fait cette vidéo "Autopsie d'une finale" sur Youtube.

     

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  • De l'arbitrage comme flou artistique

    De l'arbitrage comme flou artistique : France-Samoa du 21 novembre 09

    par Mezetulle

    Deux jours après le match de foot empoisonné par la main de Thierry Henry, on respire un grand bol d'air frais en regardant la rencontre test entre France et Samoa le 21 novembre. D'autant qu'une victoire aussi large des Bleus (43 à 5) ça ne se boude pas.FranceSamoa21nov09.jpg

    Et pourtant, si on y regarde de près, on pourrait pinailler :
    - à la 31e minute, un maul pénétrant français s'effondre dans l'en-but samoan. L'arbitre accorde un essai alors que personne ne peut voir où est le ballon.... même pas sur les différentes prises de vue vidéo. Marc Lièvremont lui-même n'en revient pas.
    - à  la 35e, François Trinh-Duc aplatit entre les deux poteaux samoans. L'arbitre refuse l'essai au motif d'un en-avant qu'il a été le seul à voir.
    - à la 73e, Tekori aplatit visiblement en deçà de la ligne de but française, puis fait rouler le ballon au-delà. L'arbitre accorde l'essai.

    Pourquoi on n'en fait pas un fromage ?

    D'abord, on ne discute pas les décisions de l'arbitre.
    Et puis on se dit que l'essai refusé à la 35e rattrape l'essai accordé un peu généreusement à la 31e. Le score au rugby n'est pas fatal ni grossier et c'est pourquoi il reflète en général la physionomie du match.
    On se dit aussi que l'essai accordé en fin de match à Tekori, eh bien, c'est mieux qu'un cadeau : c'est tout simplement du fair play, ils ont fait une belle seconde mi-temps, et ils ne méritaient pas d'être "fanny".
    Enfin, enfin... les Bleus ont magnifiquement joué.

    ça fait vraiment beaucoup, beaucoup de différences avec ce maudit match de foot. Alors, où est le problème ?

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    [Photo Sport 24 : Benjamin Fall marque un essai]

  • La violence et la voix : rugby et opéra

    La violence et la voix: rugby et opéra

    par Mezetulle

    Pour faire faire la guerre à un Anglais, dites-lui que c'est du sport ; pour faire faire du sport à un Français, dites-lui que c'est la guerre. 

    La plaisanterie, bien connue de tous les studieux de la méthode Assimil, ne changerait pas de nature si on s'avisait d'intervertir les nationalités (comme le montre cruellement la vidéo ci-dessous) ou de les remplacer par d'autres, à volonté. C'est que sa structure dit une vérité dont le rugby joint les deux pôles.

     

     

    Sport à la fois collectif et de combat, le rugby se situe éminemment et ouvertement au carrefour des violences de la guerre et du jeu. Eminemment car plus que tout autre sport il est une allusion à la guerre, une guerre élémentaire à mains nues qui ne requiert pas d'autre arme que celle des corps. Ouvertement parce que, loin de dissimuler ou d'évacuer ce rapport à la nudité de la violence, il en fait au contraire l'aveu.
    Mais l'aveu, pour pouvoir être avouable et supportable, ne s'y déploie qu'à la faveur d'un apprivoisement de la violence de groupe: intégrée, tolérée et même parfois requise, elle y est à la fois admise et disqualifiée, dialectisée par toute une batterie de mouvements contraires dont j'ai déjà parlé sur ce blog.

    Freud a montré qu'une civilisation ne peut s'installer que sur le renoncement aux pulsions, mais ce dernier peut prendre deux formes. Entre l'exclusion totale (le refoulement) et la sublimation, le rugby opte pour la sublimation : il choisit de "faire le tour" de la violence, au double sens d'une exploration et d'un escamotage.
    Cela explique peut-être pourquoi le public n'y connaît pas les explosions de violence guerrière : les gradins n'y sont pas menacés du terrible retour du refoulé qui tout au contraire saisit trop souvent ceux du foot - sport "clean" qui opte pour le refoulement de la violence sur le terrain.

    Voilà aussi pourquoi on peut comparer la jouissance de l'amateur de rugby à celle de l'amateur d'opéra.
    "L'opéra est le dernier des sports sanguinaires" déclarait le pianiste Glenn Gould dans sa diatribe contre le concert public (1) - suggérant que les auditeurs, en désirant et en redoutant le contre-ut de la soprano, viennent assister à une sorte d'exécution.

    Plus subtilement, le regretté Michel Poizat (2) a soutenu que la voix d'opéra, voix extrême à la fois au plus loin et au medium_Poizat.jpgplus près du cri, à la fois extrêmement travaillée et extrêmement sauvage, est une assomption et un escamotage de ce que sans elle on n'entendrait pas du tout ou de ce qu'on n'entendrait que trop.

    Ce que vient entendre l'amateur d'opéra - un objet à la fois perdu et produit par la civilisation - ressemble effectivement à ce que vient voir l'amateur de rugby - une violence collective à mains nues qui en l'absence de règle serait meurtrière, mais qu'il est tout aussi dangereux de condamner à la forclusion.

    De même que l'opéra relève le cri, le rugby relève la violence de groupe. Il la relève à tous les sens du terme : il l'exalte en l'élevant mais pour cela il doit la remplacer.

    Souhaitons que le cri de ralliement du XV de France, à l'ordre du jour en ce moment, puisse nous donner, comme à l'opéra, un frisson sublime et civilisé: qu'on puisse l'admirer, le reprendre, et aussi qu'il fasse un peu peur.medium_OpéraEtBlanco.2.jpg

     

      Le Palais Garnier avec la boutique Serge Blanco

    (On les voit mieux dans cet article-là

     

    1- Glenn Gould, Le Dernier puritain (entretiens avec Bruno Monsaigeon), Paris: Fayard, 1983 et 1992.

    2 - Voir notamment de Michel Poizat L'Opéra ou le cri de l'ange, essai sur la jouissance de l'amateur d'opéra, Paris : Métailié, 1986, 2e éd. 2001.

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  • Coup de théâtre pour l'issue du Tournoi des 6 Nations

    Coup de théâtre pour l'issue du Tournoi des 6 Nations? Un arbitrage vidéo en question

     par Mezetulle

    Le résultat du match France-Ecosse du 17 mars, qui a mis le XV de France sur le chemin de la victoire du Tournoi des 6 nations, pourrait être remis en cause. L'arbitrage vidéo qui a permis d'accorder l'essai à la 82e minute (Vermeulen, suivi medium_VictoireFranceEcosse_AP_.jpgd'une transformation par Beauxis), vient d'être sérieusement contesté par deux autres vidéos : ce n'est pas moins de sept gros points, et avec eux la différence décisive qui a placé la France finalement en tête du classement, qui seraient ainsi annulés!

     Parfaitement indépendantes l'une de l'autre, prises sous des angles différents par deux arbitres homologués, M. Fischer et M. Colin, les vidéos en question montreraient toutes deux un doigt écossais s'interposant entre la balle et le sol au moment crucial.

    Contactés par l'agence de presse sportive Aquarium dont nous tenons cette nouvelle alarmante, les vidéastes n'ont pas souhaité faire de déclaration sur ce qui, d'ores et déjà et quelle que soit l'issue de ce coup de théâtre, apparaît comme du jamais vu dans l'histoire du rugby et de l'arbitrage vidéo en général. L'agence pour sa part précise que les enregistrements offrent toutes les garanties, notamment par la présence d'un verrouillage numérique interdisant toute manipulation a posteriori sur la carte mémoire des appareils.

    Encore heureux qu'il  ne s'agisse pas d'un cheveu... Et n'empêche que le délai avec lequel nous parvient cette info pose un problème qui dépasse le simple chrono. A quand les matches virtuels joués au microscope électronique avec analyses ADN en temps réel ?

    J'avoue ma perplexité devant un tel scoop et je me résous à le diffuser avec toute la prudence qui s'impose pour le moment. Affaire à suivre...

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  • Mouvement contraire et totalité du corps

    Mouvement contraire et totalité du corps

    par Mezetulle

    Lorsque j'étais enfant, j'admirais le geste de ma mère en train de battre une omelette, considérant que cette alliance stupéfiante de rapidité, de précision, d'adresse et de force me serait à jamais inaccessible. Mais j'y suis arrivée. Pour cela, comme pour apprendre à coudre, à tenir un crayon, à sauter à la corde, j'ai dû apprendre à ne pas m'abandonner au premier mouvement de mon corps pour pouvoir le rendre disponible au mouvement vrai, fort, habile et rapide qui en révèle toute la puissance.

    Toute discipline, qu'elle soit corporelle ou intellectuelle, s'effectue grâce au mouvement contraire qui contraint pour libérer, qui fait le vide pour rendre possible l'appropriation. Et donc on peut dire cela, a fortiori, de tout sport de haut niveau. Mais aucun ne le fait de manière aussi visible, éclatante que le rugby, car aucun n'affiche aussi insolemment que la contrariété est partout, à tout moment, à son principe.medium_PassePatSandersonEmpics.jpg

    Reculer pour avancer, mains en arrière sur le côté et pieds en avant tout droit sculptant cette magnifique torsion du corps qui s'empare des joueurs à la passe. Proximité et éloignement de la balle, qui circule dans le jeu et s'immobilise dans le regroupement. Rapidité de la percée vers l'essai et patience de la poussée collective qui grignote du terrain. Mains qui serrent la balle au plus près du corps et qui s'en dessaisissent aussitôt qu'on est au sol. Force totale de la percussion et adresse totale de l'évitement.

    Même la feinte, si technique au foot, s'inscrit dans la totalité corps et prescrit la totalité au corps: un corps totalement allant, totalement pesant, totalement aérien, totalement campé, totalement mobile, totalement vaillant, totalement recueilli et retenu.

    En cela bien sûr le rugby est exemplaire de l'éducation, qui libère sous la condition de la contrainte. Mais au-delà d'un simple exemple, il est ce que les philosophes appelleraient un schème (n'ayons pas peur des gros mots !). Un schème inscrit l'idée dans la matière à la manière d'une règle : c'est comme un principe matérialisé.medium_BrumachonIcare.jpg

    Au rugby, la contrariété et la liberté qui en résulte, le vide et l'appropriation qu'il rend possible ne sont pas simplement travaillés dans un geste, dans une technique particulière, mais concernent toujours le corps tout entier, individuel et collectif, pris dans sa totalité et dans toutes ses propriétés (gravité, rapidité, adresse, extension, immobilité, consistance, fluidité, ténacité, versatilité...).medium_JobinThe_MoebiusStrip.jpg

    Ici comme dans la danse, il y en a pour tous les corps, pour toutes les vertus du corps et pour le corps tout entier.

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