C’est avec une grande émotion que j’ai appris le décès de Robert Damien, survenu le 26 octobre 2017. Philosophe rigoureux, rugbyman pensif et averti (il fut aussi entraîneur de l’équipe de Lons-le-Saunier) il a toujours conservé dans tous les aspects de son activité les manières d’un gentleman pour lequel la force est une grâce qui se cultive et dont il faut être digne.
J’ai eu l’occasion de le rencontrer, de travailler avec lui, d’apprécier sa réflexion et ses propos à la fois énergiques, profonds et précis, lors de colloques et de rencontres – notamment à CitéPhilo – et devant la Société française de philosophie où il a donné une conférence consacrée à Proudhon en 2010.
Il m’a fait l’honneur de publier un article sur Mezetulle, qu’on peut lire sur le site d’archives : « Deux ou trois choses que je sais à propos du rugby« .
En 2014 la Bibliothèque nationale lui a consacré une journée d’étude récemment publiée, centrée sur le concept d’autorité que son œuvre parcourt en l’articulant à la « matrice bibliothécaire », depuis Bibliothèque et État. Naissance d’une raison politique dans la France du XVIIe siècle (PUF, 1995) jusqu’à l’ouvrage magistral de 2013 Eloge de l’autorité. Généalogie d’une (dé)raison politique (Armand colin), en passant par La grâce de l’auteur, essai sur la représentation d’une institution politique : l’exemple de la bibliothèque publique (Encre marine, 2001), et Le conseiller du Prince de Machiavel à nos jours (PUF, 2003).
Sa réflexion a abordé des domaines multiples dont on peut se faire une idée en consultant la liste des nombreux articles accessibles sur le site Cairn.
Dans un bel article en ligne sur Le Carnet du Sophiapol, Philippe Combessie lui rend hommage et parle justement de cet « inimitable mélange de bienveillance et d’exigence envers autrui qui le caractérisait ».