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balle

  • La Choule regonflée

    La Choule regonflée medium_BalleBetsen07.2.jpg

     par Mezetulle

    Grâce aux conseils d'Alain et de Snodroppe, je suis sortie de ma niaiserie. Le ballon offert par Serge Betsen et la Société générale est enfin digne d'être présenté sur le blog. En majesté sur ma table de salle à manger, on voit très bien la dédicace de Serge.

    Je suis allée prendre la séance de gonflette tout simplement chez Go Sport Madeleine à Paris (mais oui, je suis même allée jusque dans un quartier chic) où Athavan a procédé très gentiment à l'opération : son sourire vous donnera une idée de l'accueil que j'ai reçu (voir aussi l'album).

    Merci à lui !

    medium_09052007.jpg medium_CKRugbyLarge.3.jpg

     
     Et voilà La Choule et ma tronche regonflées, sur la terrasse de notre appartement, la Tour Eiffel au fond :  j'ai bien sûr mis le maillot qui va avec le fond... 
     
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  • Merci Serge, mais je suis encore à plat...

    Merci Serge, mais je suis encore à plat.. Ma choule a besoin d'un lifting

     par Mezetulle

    Merci Serge pour le beau ballon "Coupe du monde" dédicacé, offert pour la nomination de "La Choule" parmi les 10 meilleurs blogs Paramourdurugby en mars ! Je l'ai trouvé hier, en rentrant d'un déplacement... Je vais pouvoir l'exhiber fièrement ! C'est un cadeau très très apprécié, crois-moi. Mes copains intellos n'en reviennent pas.

    L'objet est bien entendu tout raplapla, transport oblige. Me voilà déjà gambadant sur le chemin de la station-service en quête d'air comprimé pour lui rendre sa splendeur et déployer dignement les sacrés caractères que Serge y a tracés d'un feutre allègre. medium_pneugonflage.2.jpg

    Je cherche fébrilement, puis désespérément l'embout qui permet de gonfler cette magnifique vessie, cette choule tant convoitée... et je ne le trouve pas dans le paquet ! Alors de deux choses l'une. Ou bien il n'était pas dans le conditionnement "Gilbert" d'origine. Ou bien ce brouillon de Serge, en sortant le ballon pour le dédicacer, a laissé négligemment tomber ce petit accessoire sur sa super moquette antidérapante d'où il a pourtant glissé dans les remous du Spa Kemana !!!

    Bien entendu je préfère la seconde hypothèse, qui me permet de me faire bien plus de cinéma. Quant à la 3e hypothèse, voir la note (1). 

    En attendant, je reste piteusement à plat (non je ne parle pas seulement du résultat de la présidentielle). Ma choule a besoin d'un lifting, d'un sérieux coup de pompe, d'une injection de botox : et pour cela il faut la seringue. 

    Alors j'adresse un SOS à tous les spécialistes qui continuent courageusement à lire mon blog : ce truc qui m'a lair de ressembler à un suppositoire, je peux le trouver où ? dans une boutique de sport ? Est-ce que ça se vend séparément ou faudra-t-il que je pleurniche pour en avoir un d'occase en jouant les gonzesses pas au courant (car personne ne me croira si je dis que tout est de la faute de Serge) ? Jugez par cette question stupide de mon manque de connaissance, de mon manque d'air... Ah, ces intellos : tout dans la gueule et ils s'essoufflent au moindre pneu à plat !

    Promis : quand les choses seront en ordre (aujourd'hui c'est râpé car tout est fermé because jour férié), je vous gratifierai d'une photo de ma tronche avec ma choule, toutes deux regonflées à bloc en ovale réjoui (2). 

    medium_Coquetier3.jpgSommaire du blog 

    1 - Note ajoutée le 9 mai après avoir reçu les commentaires rassurants d'Alain et de Snodroppe, voir ci-dessous. Je n'ai pas envisagé la 3e hypothèse, la seule vraie : c'est que l'embout n'est jamais fourni avec la balle, mais avec la pompe... Je me sens ridicule et ignorante : mais c'est tellement drôle aussi !!! Pardon Serge d'avoir mal parlé de ta moquette...

    2 - Euh, ce n'est peut-être pas très encourageant, cette perspective de voir ma tronche: en tout cas je promets une photo du trophée en majesté... 

  • Pas de dieu (1) : l'ovale et la contingence

    Il n'y a pas de dieu (1) : l'ovale (le "pas-rond") et la contingnence sont suffisants

    par Mezetulle

    On a dit tant de choses sur la forme ovale - c'est-à-dire et d'abord "pas ronde" - de la balle, que j'hésite presque à y aller de mon petit couplet. Ce machin est très évidemment biscornu, au sens strict et au sens figuré. medium_OldBall.jpgOn est aux antipodes d'un jeu de billard, à tenter de saisir le rebond de cette cote mal taillée, de cette perle baroque, là où on ne s'attend pas à ce qu'il soit. Plus le vent. La prévision est toujours en haleine, toujours poignante, souvent désavouée... les choses ne sont pas toujours malléables.

    Maintenant je vais lâcher les gros mots philosophiques - pourquoi non? après tout, on est entre gros calibres ! ce jeu n'a rien à voir avec le hasard et tout avec la contingence.

    Le hasard, la "Fortuna" des Anciens avec ses yeux bandés, c'est un dieu, un arrière-monde qui se joue de nous, qui décide pour nous, que nous défions, que nous supplions dans des prières païennes.

    La contingence, c'est ici et maintenant, avec les yeux ouverts : c'est l'imprévisibilité des choses, la force et la présence des choses qui sont ce qu'elles sont, et qui auraient pu être tout autres qu'elles ne sont. Mais pas besoin de leur attribuer une volonté, elles sont assez déroutantes comme ça... Et ici ça se voit, ça vous crève les yeux : c'est signé rien que par la forme de la balle, non pas ovale mais "pas-ronde", comme les choses de la vie.

    Un jeu qui montre et qui accepte autant la contingence n'a pas besoin du dieu hasard. Pour la même raison il n'a pas besoin de fatalité. Tout est là sous nos yeux, aucun "deus ex machina" ne vient tirer les ficelles, aucun dieu extérieur n'est à la source de l'heur et du malheur : les choses sont déjà assez compliquées comme ça, et on fait déjà assez de c... comme ça pour n'avoir pas besoin de recourir à un arrière-monde et pour devoir lui rendre un culte. Il faut saisir les circonstances, on le peut, on le doit, on le réussit, on le rate ; la vie est à la fois compliquée et rationnelle.

    Voilà pourquoi je crois aussi qu'on n'assiste pas à un match de rugby comme à un sacrement. Pas de fanatisation, parce que nulle fatalité : seuls les éléments et les forces en présence, dans leur variété, dans leur complexité, sont suffisants pour expliquer l'état des choses, la victoire ou la défaite - et non quelque force invisible qui fait par sa grâce ou sa disgrâce entrer une balle (ronde) dans une cage ou qui la projette sur un poteau - non ici, il y avait du vent, ça a glissé, le rebond n'était pas de ce côté, on n'a pas été bons, "ils" ont été plus forts ou plus intelligents, ou plus opportunistes. Le tout est d'être là au bon moment et de faire le bon geste. Le tout, et il en reste toujours.

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  • Sport "de contact" (1) : la balle, le joueur, la main

    Sport "de contact" (1) : la balle, le joueur, la main

    Ah, ce fameux "contact" ! comparaison toujours implicite et agaçante avec le foot... Mais alors que le foot pratique un "contact" brutal, méchant, sournois et transgressif (car en principe interdit) entre les joueurs se disputant la balle (je passe sous silence les papouilles et étreintes dès qu'un but est marqué : le spectacle en est tout aussi infantile), le rugby est une véritable culture du contact : il l'affiche, le permet, le civilise.

    Bien sûr quand on entend "contact" on pense aussitôt au contact entre les joueurs, mais le côté qui m’intéresse le plus n’est pas cet aspect choc "viril" (coment dit-on déjà ? ah oui, la "percussion"), c’est plutôt le contact du joueur avec la balle et aussi avec le sol, la terre. Aujourd'hui , je m'en tiendrai à la balle, ce machin ovale et semble-t-il parfois visqueux (voir l'article sur La Choule). Je parlerai également dans un autre billet de cette forme ovale.

    Au foot, on dit que la balle circule. Quelle pauvreté ! Au rugby, la balle ne fait pas que circuler : on la serre contre soi comme un objet chéri, cette "balle en forme d’Enfant Jésus" comme le dit Jean Lacouture(*).

    medium_Coquetier2.jpg

    On la pose délicatement comme si c’était un œuf avant de la taper en l'entourant de mini-maçonneries éphémères (petits talus en sable, en gazon - est-ce que la farine est autorisée ?) ou en recourant à cet accessoire en plastique qui ressemble vraiment à un coquetier.

    On est obligé de s’en dessaisir le plus ostensiblement possible quand on est à terre.

     On l’écrase avec son corps pour marquer l’essai - on l'"aplatit", comme si elle n'était déjà pas assez plate comme ça, mais cet aplatissement est aussi une signature…

    On la suit des yeux quand elle s'envole entre les poteaux ou en chandelle.

    On l'attend au rebond difficile à prévoir. On la cueille, bras mains et poitrine en cuillère dans l'arrêt de volée. On s'escrime en se poussant autour d'elle comme des bêtes en la dissimulant et dès qu'elle est sur le point de "sortir", on détricote les jambes pour bien montrer qu'elle est encore là ....medium_BalleRegroupement.3.jpg

     ....à dix centimètres des doigts avides du demi de mêlée : bientôt elle va passer des talons aux mains, dans une trajectoire dialectique comme celle des bateaux à voile : en arrière et sur le côté pour avancer...

     

    La balle, c’est à la fois ce qu’il y a de plus près et de plus loin, de plus fragile et de plus dur, de plus terrestre et de plus aérien, de plus rapide et de plus immobile, de plus caché et de plus visible. Son statut est multiple.

    medium_PresLoin2.3.jpg

     La balle n’est pas non plus un simple projectile qu'on envoie quelque part, ni un mobile que l’on manœuvre comme s’il était télécommandé. D'ailleurs un jeu de bistrot "baby rugby" sur le modèle du "baby foot", avec des leviers, des tubes coulissants et des percussions fixes, est impensable. Pas moyen de mécaniser ce machin-là, et les choses non mécanisables il faut les faire soi-même "à la main". C’est ainsi que je vois la main du rugbyman : la main n’est pas simplement un organe, mais surtout un schème. Ce jeu est de ceux qu’il faut jouer "à la main" comme quand je fais un calcul "à la main".

    Il ne suffit pas de dire qu'on joue au rugby avec les mains : c’est vraiment du "fait main".

    medium_LaMain.jpg

     (*) Jean Lacouture, Voyous et Gentlemen. Une histoire du rugby, Paris : Gallimard, 1973.

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  • La Choule ou le rugby archaïque en langue d'oïl

    La Choule, ou le rugby archaïque en langue d'oïl 

    par Mezetulle

    Je sais, c'est dans toutes les histoires : "la soule" est l'un des ancêtres du rugby, c'est bien connu. 

    Sauf qu'ici on a tout de même le droit de dire autrement : "la soule" c'est une prononciation parmi d'autres, privilégiant une langue d'oc devant laquelle tout amateur de rugby croit devoir faire sa génuflexion...

    Or il existe aussi une autre prononciation, celle de langue d'oïl qui dit "la choule". Comment je le sais ? Mais tout simplement parce que je l'ai entendue de mes oreilles ! 

    J'ai en effet assisté durant mon enfance, dans un village entre Ile de France et Picardie, à de nombreux jeux traditionnels de "choule". Les rencontres avaient lieu dans ce village seulement une fois par an, chaque lundi de Pâques. Elles opposaient non pas un village à un autre, mais les "jeunes" (célibataires) et les "hommes" (hommes mariés) du même village.

    medium_Choule2.jpg

    Sur une pâture à peu près plate et boueuse par endroits étaient plantés de part et d’autre deux poteaux qui me semblaient très hauts avec à leur sommet un cercle métallique obturé par une membrane de papier marquée d'un H d'un côté et d'un J de l'autre. Les deux équipes, en bleu de travail, même si un brassard de couleur permettait aux spectateurs de les situer, n'avaient pas besoin de marques extérieures pour s'identifier : tout le monde se connaissait. 

    Le coup de sifflet initial déclenchait une sorte de course assez brutale avec plaquages, empoignades et regroupements en paquets, pour s’emparer d’une balle ("la choule") ou plutôt d’un conglomérat de cuir qui avait trempé dans l’eau toute la nuit. Cela devait être très visqueux et assez compact. Celui qui réussissait à prendre cet objet et à rester debout pendant assez de temps devait le lancer afin de déchirer le papier de l’équipe adverse. Cet acte de défloration suffisait, seul et unique, à gagner la partie. On peut présenter la chose autrement : l'équipe qui conservait seule la virginité de son poteau avait gagné et remontait la rue vers le centre du village à la tête d'un cortège et en brandissant un bâton décoré, une sorte de mât de cocagne. Bien entendu, vu la simplicité de la règle, il n'arrivait jamais que les deux poteaux soient déchirés. Mais il arrivait fort souvent que les deux poteaux restent vierges... le match était alors nul, infécond et honteux, et le cortège se traînait lamentablement pour aboutir invariablement au bistrot (ce qu'il faisait aussi du reste en cas de victoire, mais avec jubilation). 

    La participation des spectateurs consistait à acheter pour quelques centimes deux petits morceaux de ruban de couleur différente que chacun épinglait sur son vêtement, deux couleurs qui identifiaient le village et qui n'étaient pas les mêmes dans les villages voisins. On conservait ce signe pendant quelques jours, il indiquait que la choule avait été disputée et les alentours pouvaient en identifier l'origine en regardant les couleurs, lesquelles changeaient chaque année (ce n'étaient donc pas des blasons). Cela donnait lieu à une collection érudite à laquelle se livrait un de mes copains : collant soigneusement les rubans dans un album après chaque rencontre, il pouvait énumérer sans faillir les couleurs respectives de plusieurs villages sur plusieurs années.

    Bien entendu, le jeu avait ses héros, ses diables, ses dieux, ses spécialistes qui du coup tordu, qui de l'audace, qui du plaquage, qui du coup de poing, qui de la vitesse et de l'esquive, qui de la concentration et de l'habileté au lancer. Déjà, tous étaient là, il y en avait pour les brutes et pour les malins, pour le petit qui court vite et pour le lourd qui cogne fort et qui encaisse sans bouger. Cet échantillonnage de l'humanité avait quelque chose de réel et de réjouissant, loin de la tristesse et de l'uniformité des matches de foot où tout le monde a le même calibre, les mêmes défauts, les mêmes qualités - matches que je n'allais jamais voir.

    Ah j'oubliais une précision : les filles (dont j'étais) et les femmes (comme celle que je suis devenue) ne s'intéressaient pas au foot, mais elles n'auraient manqué pour rien au monde une rencontre de choule. 

    La choule a subsisté jusque dans le milieu des années soixante, elle a disparu peu avant le jeu d'arc également traditionnel dans ces régions.

    Mais franchement, ne regrettons rien : un belle rencontre de rugby, c'est tout de même autre chose !

    Voir les sites :
    La Soule Asso 
    La Choule et le Mahon (site auquel j'ai emprunté l'illustration, où on voit assez bien le poteau avec sa membrane de papier cerclée). 
    http://perso.orange.fr/saintleger1/region3/60a.choule.htm 
    Bibliographie :
    Boulanger Joseph, Le Jeu de la choule, conférence faite à la séance du 7 février 1903, Amiens : [Les Rosati picards], [1904]
    Sorel Alexandre, Le Jeu de la choule, recherches sur son origine, sa signification et la façon dont il se pratiquait, Paris : Imprimerie nationale, 1895.
    Dubuc André, La Choule normande et ses survivances, Rouen : Lainé, 1940