David jaune citron et Goliath rose bonbon sous pression
Clermont-Stade français finale du Top 14
par Mezetulle
J'avais eu le nez creux hier : oui Clermont a gagné sa demi-finale contre Toulouse, et c'est Greg qui est content! Un grand coup de chapeau à Aurélien Rougerie pour ce magnifique contre, symétrique de celui de Brian Liebenberg la veille : ça nous promet une finale passionnante.
Bien sûr, autour de cette finale Stade français-Clermont on va lire et entendre toutes sortes de poncifs et de bons mots dans la presse spécialisée ou non, et je propose un petit florilège, un bêtisier anticipé...
La première perle n'est pas fictive, je l'ai déjà entendue à la télé : "L'Auvergne débarque à Paris". Comme si elle n'y était pas déjà, et depuis fort longtemps. Comme si la "province" naïve existait et qu'elle continuait d'écarquiller les yeux devant une capitale qu'elle a contribué à constituer, comme si les gares de l'intérieur, celles de l'exode rural (principalement Austerlitz et Montparnasse) continuaient à déverser des flots de bécassines... Comme si Paris n'était pas la première ville auvergnate et bougnate (1) de France.
Comme si Pascal n'avait pas effectué sa célèbre expérience de "l'équilibre des liqueurs" conjointement sur le Puy-de-Dôme et sur la Tour Saint Jacques... d'où, bien entendu la "pression" que Clermont mettra et/ou subira (celle-là, je vous l'accorde, était vraiment facile).
Je garde pour la bonne bouche le gros de la troupe en chapelet, en grappe, en sautoir.
Avant le match. Le moyen d'éviter le combat entre le David clermontois, valeureux, authentique, probe, candide, un rien naïf, soutenu par les vrais connaisseurs du rugby profond et le Goliath parisien, matériau composite retors gonflé à coups de chèques, environné de supporters (et surtout de supportrices) incultes, de frimeurs attirés par les paillettes du showbiz ? L'épopée d'un rugby de vraie tradition perpétuée grâce au courage et à la fidélité en face de la pièce de boulevard mettant en scène un rugby de nouveau riche maintenu sous perfusion dans une bulle nordiste où il n'a pas vraiment sa place ? Je ne résiste pas à en ajouter une de mon cru : l'Ovalie semble s'étendre vers le Nord en ce moment, encore un coup du réchauffement climatique ?
Après le match, alors là je vous fais les deux gros titres - je m'en tiens aux thèmes fondamentaux sur lesquels il peut y avoir des variations. Première hypothèse, Clermont gagne : "Le miracle a eu lieu !" (comme si les joueurs n'y étaient pour rien) ; variante : "Clermont gagne son Paris" (j'espère quand même que ce n'est pas une allusion à Pascal). Seconde hypothèse, Paris gagne : "Le miracle n'a pas eu lieu..." (comme si les dieux des vestiaires avaient acquis une créance en béton - pardon, en bitume de trottoir - sur le bouclier de Brennus..).
On peut imaginer des variantes culinaires et météo-géographiques : on nous expliquera que le soufflé au Saint Nectaire est gonflé ou retombé, que la grisaille parisienne (sauf les jours où il pleut, il fait gris à Paris) a éteint les volcans ou que le feu des volcans a éclairé la grisaille, etc.
Mais la lecture des bons mots perlés et leur échange à la bourse de la tchatche fait aussi partie du plaisir. Gageons que ce ne sera qu'un plaisir annexe, préliminaire et auxiliaire, hors d'oeuvre (j'ai déjà commencé) et dessert d'un plat de résistance que nous dégusterons en regardant ces deux équipes jouer un beau rugby au sommet.
La Choule contiue bien sûr à s'habiller en rose bonbon et se félicite d'avoir choisi un design jaune, qui n'est pas seulement citron. Avec une touche de bleu ça ira ?
1 - A ne pas manquer pour préparer les chansons du match : une supervidéo en jaune sur le blog Mon Auvergne (qui est une partie du site Cyberbougnat - ça ne s'invente pas).
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