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Des billets mérités

Des billets mérités au prix de dures souffrances : une épreuve initiatique

 par Mezetulle

Il faut les mériter, ces billets pour la finale du Top 14 samedi au Stade de France. Récit du parcours héroïque effectué par La Choule mardi 5 juin.

La finalité de l'expédition est bien sûr d'acheter des billets pour samedi soir au Stade de France.  Je fais partie du "grand public" : il faut comprendre les personnes qui ne peuvent exhiber ni la carte rose des adhérents de l'association du Stade français ni un billet de la demi-finale à Bordeaux (ceux-là avaient droit à une séance spéciale de vente lundi). Il me faut donc entreprendre l'expédition mardi, jour de la piétaille, du tout-venant, des petits, des sans-grade. 

Le but géographique à atteindre est la boutique du Stade français, près du Parc des Princes et du stade Jean Bouin, métro porte de Saint Cloud. C'est exactement à l'autre bout de Paris pour moi (départ Porte de Bagnolet). Ils ne peuvent pas avoir une boutique dans l'Est ou dans le Centre de Paris, non ?

Les obstacles sont grands. Une heure de métro, avec changement à Havre-Caumartin, toute la deuxième partie du trajet debout. Et lorsque j'arrive encore assez fringante devant la boutique vers 11h du matin (1h après l'ouverture des guichets), je comprends tout de suite que le tout venant est venu, qu'il est déjà là, et je commence à regretter d'avoir traîné un peu trop tout à l'heure devant mon café, d'avoir regardé mon mail avant de partir, d'être remontée chercher mes lunettes de soleil (si si, il fait très beau à Paris en ce moment), bref d'avoir perdu une bonne demi-heure en futilités et autres faux départs.

medium_05062007_001_.jpgVoici à quoi ressemble le tout-venant qui était déjà là : une queue monstrueuse d'environ 200 personnes faisant le tour du gymnase what's-its-name-je-ne-sais-plus. Sur la photo on ne voit qu'une partie de la queue, mais il faut imaginer le virage à angle droit jusqu'à l'endroit d'où je prends la photo. Et encore, ça avait avancé le temps que je repère l'extrémité, que je m'y place, que je fasse connaissance avec mes voisins, que je prenne mes habitudes dans la queue et que je me décide au bout d'un gros quart d'heure à sortir le téléphone-appareil photo.

La progression est très lente ; on comprend que ce sera dur et stressant, qu'"on n'est pas sortis de l'auberge" et qu'on pourra peut-être en sortir les mains vides. Elle est entrecoupée de nouvelles plus ou moins alarmantes diffusées par un jeune homme très gentil qui passe la queue en revue, le téléphone portable collé à l'oreille, sourit et annonce  "il reste x billets à x Euros, y billets à y Euros.." et chaque fois ça change, en baisse (pas les prix, le nombre de places).

Alors on calcule le nombre de places annoncées puis on divise le tout par deux (car chaque personne aura droit à deux billets pas plus et vous ne croyez tout de même pas qu'il y en a qui n'en prendront qu'un ?) et on compte les gens qui sont devant nous... L'effet de cette opération est déprimant. Je me dis : je suis juste à la limite, je vais rentrer bredouille (j'aurai au moins les photos de mon supplice et je pourrai me vanter bêtement dans le style boy scout "l'important est de participer"). Certains partent, découragés (dissuadés?). Avec mes deux voisins, un supporter de Clermont et un supporter du Stade français, on a sympathisé, on décide de s'incruster malgré tout, nous irons jusqu'au bout, peut-être pas jusqu'au guichet, mais jusqu'à ce qu'on nous congédie.

Puis le jeune homme finit par ne plus laisser entrer personne, il ne ferme pas la porte vitrée car il fait chaud, mais il éconduit fermement les nouveaux arrivants : inutile, il est certain qu'ils n'auront pas de billets. Cette fermeté me rassure : s'il refoule les nouveaux arrivants, c'est que les "anciens", ceux qui sont déjà là depuis... - depuis combien de temps déjà ? Une heure et demie - ont une chance ? Je fais quand même partie de ceux qui ont eu le droit de prendre place dans la queue : pas mal, non ? comme dirait Jane Fonda dans la pub pour la crème machin.medium_05062007_002_.jpg

On s'installe dans la queue avec une certaine fierté, on prend ses aises, on se refile les journaux, on commente les derniers matches, on énumère les joueurs, les incertains, les blessés. On a même vu passer furtivement deux demi-dieux dans une allée longeant le bâtiment : Nicolas Jeanjean et Christophe Dominici. 

Il y a du progrès : je peux voir le guichet dont je suis séparée par une vingtaine de personnes maintenant.

Puis les chiffres, après avoir baissé, remontent brusquement. C'est comme à la Bourse, il fallait avoir les nerfs pour laisser passer le mini-crack. J'imagine que les coups de fil avaient pour objet de racler les fonds de tiroir des places encore invendues mises à disposition des clubs dans tout le pays, pour les réinjecter dans les circuits qui "marchent" bien. 

medium_05062007_004_.jpgAu bout de deux heures et quart, sans boire et sans faire pipi, ça y est c'est mon tour ! Mon voisin me prend très gentiment en photo en pleine action, armée de ma Carte bleue et décorée de lys roses sur fond marine.

Je découvre avec effarement qu'il n'y a qu'un seul guichet, tenu par une ravissante jeune fille en polo rayé blanc-rose. Si la SNCF ou La Poste nous faisait ce coup-là, ce serait l'émeute. Mais là c'est tout le contraire, tout le monde est charmant, on caresse les billets tant désirés, on reste bien élevé, on ne les brandit pas au nez de ceux qui salivent encore dans la queue, mais peu s'en faut. On est presque content d'avoir fait cette queue : c'est comme si on avait réussi une épreuve initiatique pour entrer dans le cercle des bienheureux, ceux qui ont un billet pour le Stade de France. Les supporters, pour pouvoir supporter, doivent supporter...

La preuve que c'est une épreuve initiatique ? Mais elle est là sous vos yeux : c'est que je la raconte !! Je pourrais dire que j'y étais! Et non seulement j'y étais, mais ça n'a pas été donné à tout le monde de souffrir comme ça (revendiquer une souffrance collective, c'est le signe qu'un esprit de corps s'est installé et qu'on a droit à une certaine considération), je jubile d'une joie mauvaise en voyant à mon retour l'annonce toute guillerette et narquoise, un rien précieuse et en plus ornée d'une faute d'orthographe "à l'ancienne", qui s'affiche sur le site du Stade français:

Le Stade Français Paris n'a plus de places à vendre pour la finale. Les précieux sésames ont été littéralement pris d'assault [sic] par les supporters parisiens.

 vous voyez bien, ils parlent même de moi !!! 

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Commentaires

  • Belle persévérence...

    Je serai pour ma part en H7 rang 66 place 20

    Ce sera facile de me reconnaitre, je porterai du rose...

  • Eh bien, on pourra dire que tu les méritais ces précieux sésames ! J'espère que le spectacle sera bon. Moi je n'ai pas de places, alors les commentaires de Jérôme C. ("Oui, c'est lui il n'a pas changé" oups pardon...) sur France télé.

    Toujours la même requête : tel le mini jaune, fais nous un beau reportage photo !
    a bientôt
    titi

  • Bravo! bel effort.. Je suis très patiente par nature mais là, ça ne devait pas être évident. En tout cas le phénomène "Plus t'attends plus t'es content" se confirme une fois de plus. :-)
    On se verra peut être sans le savoir là bas. Tu seras où toi La Choule?

  • Pour les photos, j'ai un appareil minable : les joueurs ont l'air de fourmis...
    Je serai en H12 tribune Est rang 43, places 21 et 22, avec le papa de Greg, que j'attendrai porte H 20h-20h30 (ou au stand de malbouffe le plus proche). Facile à reconnaître aussi, mais j'hésite entre le tee-shirt rose et le polo marine à fleurs de lys rose (marine c'est plus chic, mais rose tout de même c'est mieux pour la circonstance, non ?). Et puis vous avez tous vu ma tronche sur le blog ! Ce serait bien de se voir !!

  • Ce n'est pas Greg, mais son papa EXTREMEMENT reconnaissant ... surtout après avoir lu et vu l'aventure mythique qu'est devenue la recherche d'un billet pour voir le Brennus ...... partir à Clermont.
    Merci encore, et que la soirée soit belle ... moi tout jaune parmi les roses et les bleus !!! Greg sera en tribune Nord avec les 400 enfants de l'école de rugby de l'ASM (si si le bientôt champion de France ...); comme une énorme et bruyante tache jaune au milieu des tribunes !
    A samedi !

  • Waou on risque pas de les manquer les petits jaunards...
    Moi je ne sais toujours pas.. Je me renseigne et je vous tiens tous au courant pour qu'on puisse se retrouver à coup de jumelles !
    a+

  • Je crois que je suis aussi tribune est, peut être pile au milieu. Je n'en saurai sans doute pas plus avant le soir même.. Je vous dirai si je vous ai vu!
    ps: La Choule, le bleu c'est classe :-) Au pire tu prends les 2, comme ça hop, un pour chaque mi-temps.
    a bientôt

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