La Choule dans Libé
par Mezetulle
Le journal Libération du 8 novembre a été entièrement confié à des philosophes. Pari risqué de faire écrire ceux qui sont plus habitués à la temporalité méditative qu'à l'urgence du quotidien. Mais pari légitime : car la philo est née sur l'agora et en principe elle n'a pas peur du tumulte.
A vous de juger si le pari est réussi. En commençant bien sûr par la page des sports.
La Choule, invitée à écrire un article sur le rugby dans cette édition philosophique, a choisi le tumulte et la rapidité de quatre matches des deux premières journées du Top 14 pour y comparer le rugby à un mille-feuille électrifié. L'article est magnifiquement doté d'une photo flamboyante (1) du premier essai de Clerc lors du match Stade Toulousain-Stade français du 2 novembre. Je dis bien doté, et non pas simplement illustré car la photo est trop bien choisie (merci le service des sports de m'avoir fait ce beau cadeau) pour être réduite à ce rôle subalterne...
Lire l'article en ligne. Voir la liste des contributeurs et lire un article de Robert Maggiori expliquant l'entreprise de cette édition.
Voir ce commentaire de Pinkcity sur le forum de Rugbyrama. J'en rosis de plaisir...
1 - Photo signée Romain Perrocheau, agence Icon Sport
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Commentaires
J'avais noté sur my to do list de today "acheter Libé", et j'ai bien sûr commencé ma lecture par ton pulpeux et cristallin article, dont l'illustration est en accord parfait avec les derniers mots...Bravo bravo...
Il me reste beaucoup à lire, mais trois articles ont déjà attiré mon oeil, celui de Marc Crépon [sur la peur...], celui de Christian Godin [sur le bonheur] et celui de Yves Michaud, sur cette curieuse oeuvre de land art. J'aime beaucoup l'idée de cette démarche.Riche comme tout.
Merci à vous tous!
Je voulais courir acheter Libé pour lire ton essai sur l'ovale...Et il me tombe tout droit dans la gamelle de mon écran!
Pour le mille feuilles je me perd un peu...
Mais les ramifications innervées des corps et de la terre, ajoutées à la dénudation des fils diaphanes du rugby mystère pour fini par en oublier l'objet du désir et ne devenir qu'une symphonie gestuelle...J'adore!!
>Snodroppe. Je n'ai pas encore tout lu moi non plus. L'article de Christian Godin est excellent, il est abondamment commenté sur le site de Libé. J'ai beaucoup aimé aussi l'article d'Anne Sauvagnargues sur l'expo des photos de nu, que je vais aller voir.
>Pierrot. Achète vite un mille-feuille et déguste-le (attention, ça dégouline), fais-toi plaisir, tu as un bon prétexte puisque c'est juste pour mettre à l'épreuve une métaphore de mon article... .
Mezetulle,
C’est cette fois ci moi qui te réponds avec le rouge au front… Question culturelle pour la couleur, bien sûr, mais vrai pincement de plaisir sur le fait que mes quelques lignes, écrites avec la biblio de Jankélévitch sur Wikipedia ouverte en deuxième fenêtre pour limiter au raisonnable le nombre d’âneries potentielles, aient pu retenir ton attention et te paraître contributives à l’échange…
Un mot sur tes « outrances parigotes », sur ta « grosse tête », sur ton côté intello très revendiqué…Je ne crois pas que tu aies vraiment besoin d’encouragements pour ne surtout pas changer ça … Mais je trouve sincèrement que ça donne à tes écrits du relief, des points de repère, sans pour autant polluer l’analytique … C’est délicieux de lire de la philo sur le rugby, à condition de ne pas l’enfermer dans un jansénisme décourageant, de lui laisser de la chair, de l’hédonisme… D’autant que le pari de Pascal, en terme de rugby, on le perd souvent… parle à Laporte du zéro prise de risque…
Grosse tête pour grosse tête, je me permets de publier cette réponse en commentaire sur ton blog… Et bonne chance aux « roses » contre les « bariolés », suivez la voie… La dernière fois qu’ils étaient venus au Stadium, en 97 si ma mémoire est bonne, ils avaient pris 45 point… plus que vous samedi dernier, vous devriez donc les battre… :-)
bon, et bien je me contenterais ( de plaisir, de bonheur) de me glisser entre les brillants intervalles de tous ces intervenants, juste pour dire que votre article fait à nouveau preuve d'une grande originalité d'analyse...moi qui n'aie, et je le déplore, aucune capacité véritable en cette matière, je suis à chaque fois époustoufflé. c'est Laurent Terzief qui expliquait à tel Critique de theâtre, Leonardini je crois enfin on s'en fout, que le rôle de ce dernier était justement de lui expliquer au fond ( et à condition que le critique soit digne de ce nom) ce qu'il avait voulu faire. en vous lisant, j'éprouve chaque fois la même émotion. Lorsque je tombais pour la première fois sur les écrits de lacouture ( Serres, ça me gonfle un peu), l'émotion était identique. une sorte d'eurêka du côté lecteur, mais oui c'était là et j'y voyais queud' .voilà, et très franchement, pas mal de monde( je m'englobe bien sur dans cette médiocre globalité) ne pèse pas bien lourd face à tout ça. au sujet du mille feuille, c'est assez beau de ne pas tout comprendre au premier abord, et c'est ce qui, à mon avis, fait le sel de la réflexion. Les pensées qui vous obligent à y revenir, sont en général riches de plusieurs niveaux de sens, plutôt bon signe...oui, bon tout ceci est un peu verbeux, et en tout cas, bravo à vous et à Libé ce journal franc-tireur, qui ne doit surtout pas disparaître.
bravissimo la choule !!! Toute la basse cour est fière de toi !
Merde! j'ai mangé un mille-feuille et rien ne s'est passé...
Et en relisant mon premier mot, je m'aperçois que ma perdition était vraiment profonde...faisant s'envoler mon "s" terminant ma perditude de la première personne jusqu'à la fin des feuilles de mon mille...
La pâtisserie est pour moi un monde bizarre...l'orthographe aussi...La philosophie me file entre les doigts...Et le rugby devient évanescent!
C'est grave docteur choule?
J'avais oublié pour la pâtisserie : traitement à renouveler ad libitum.
Et pour l'orthographe, sache que moi aussi en écrivant j'avais laissé dégouliner un s et laissé s'envoler le trait d'union de mille-feuille... ouf ce fut rattrapé in extremis en feuilletant fébrilement le Dictionnaire d'orthographe de Jouette (dont les mille pages sont aussi un régal).
>Pink. Bof, ils n'ont pris "que" 20 points, mais avec ça les cacadoie ont décroché le bonus offensif malgré une infirmerie bien garnie. Finalement ce maillot camouflage réussit plutôt bien à mes chouchous pink... Le plus drôle c'est la petite moue de plaisir de Fabien Galthié qui se retient pour ne pas trop sourire. Ces microscopiques moments-là sont plus précieux que les miettes de tous les mille-feuilles.
Et ceux de Pinkcity s'en sortent aussi... toutefois moins fringants que sous leur livrée noire (inexportable à Edimbourg) de la semaine dernière. Mais fringant ou pas, Toulouse sera toujours Toulouse... Et "Paris sera toujours Paris" ! (euh, ça sonne mieux ça, non ? - forcément c'est un octosyllabe ; oui je sais, Nougaro les yeux pleins de pluie place de la Concorde préférait les alexandrins).
Tu ne trouves pas que ce début de HCup et de Top14 a plus de goût que bien des rencontres de la Coupe du monde ?
Effectivement, c'est comme si les espaces s'étaient libérés...
Les espaces dans les esprits, j'entends...
Peut-être que le fait de ne pas porter le fardeau d'un drapeau libère les jambes...
Ou ne plus être le "15 du président" facilite bien la vie quand tu es français...
Bonjour Mezetulle, bonjour tous...
Pour parler de la prestations des rouges et noirs (ceux de la Garonne) hier, je ne résiste pas à "voler" à Benoît Jantet quelques unes de ses belles lignes consacrées au ST-SF de samedi dernier...
"Ce jeu est, à peu de chose près, celui prôné par les blacks. Après on pourra toujours nous faire observer que ça fait une paye que ces derniers à l'instar du Stade toulousain sont couronnés d'insuccès. La faute à leur excès de romantisme? Plus cruellement, vous pouvez aussi bien souligner que lorsque ce type de jeu se délite faute d'automatismes suffisants voire d'une suffisance inconsciente sinon automatique, cela peut ressembler à un effroyable capharnaüm ( les exemples en ce sens aussi abondent). Peu importe. Lorsque ce jeu fait de passes à trois mille temps et de prise d'intervalles, parvient à s'enclencher, à couler de source épique en sorte de sorcellerie ovale, c'est d'une beauté à ne pas croire ( remember la finale de H cup pourtant perdue en 2004 contre les WASPS et ses guêpes so pride). En rugbymane, cela nous suffit..."
Samedi dernier, contre un SF craint, le ST avait sorti le plus beau de son arsenal ; il a fait hier sur le terrain d'Edimbourg une assez belle démonstration de ce que Benoît évoquait quand ce rugby se délite : 7 en-avant en première mi-temps, sans compter une palanquée de fautes de main, des difficultés à percer les défenses, deux errances défensives qui coûtent cher, un taux de réussite sur nos temps forts atterrant, 4 pénalités sur mêlée fermée (il faudra qu'en ce qui concerne notre jeune recrue parisienne, nous fassions parler toute notre réputation de club formateur...) ... Aurions nous voulu nous envoyer un avertissement sans frais avant de recevoir les Blues du Leinster que nous nous y serions pas pris autrement...
Que s'est il passé en une semaine ? Que le Stade (T) n'a pas encore deux équipes de même niveau à aligner ; que nous n'avons pas encore de certitudes sur la mise en place de notre rugby... Peut-être avons nous aussi quelquefois, bien que tout s'en défendent, l'exaspérante désinvolture des gens doués ... Bref, ce match ne vaut que par son résultat comptable, ce qui est très loin de nous suffire ici, et par la mise en perspective des lacunes sur lesquelles il faut remettre le métier...
J'ai hélas (ou heureusement pour les lecteurs... :-) ) peu de commentaires à faire sur la prestation des "taupe et rose"... Pris par un des ces week-end de travail dont les entreprises ont le secret, je n'ai pu voir que la toute fin de la "prestation" des "miens" ; j'ai été étonné de lire dans les commentaires que ce brillant résultat avait été acquis dans une certaine difficulté ; je n'en suis pas surpris. Le SF a toujours la capacité de faire flèche de tout bois ; je ne l'ai jamais vu galvauder un match, jamais jouer trop facile ; Galthier a donné de la chair à ce rugby bien maigre il y a quelques années, sans lui enlever la redoutable capacité à scorer à la première occasion...
Tu n'as peut-être pas tort, Mezetulle, dans ta métaphore rimailleuse ; le SF va droit à un octosyllabe, net efficace, sans bavure, mais pas sans beauté... Le ST, n'ayant jamais oublié que les jeunes Vigny et Hugo sont venu cueillir en son magnifique hôtel d'Assézat les prix des Jeux Floraux de la belle Clémence Isaure, reste fidèle à l'alexendrin, quelquefois pathétique, quelquefois grandiose, toujours ambitieux...
Même si je reste petri d'Aragon et d'Eluard qui n'ont pas du en écrire un seul de leur vie, je fais partie de ceux qui restent amoureux de la musique de l'alexandrin et ne le trouvent ni démodé ni pompeux...
Celui qui croyait à l'alexandrin, celle qui n'y croyait pas... :-)
>Pink. Je suis très amateur d'alexandrins, étant une grande lectrice de Corneille que j'ai souvent cité ici, et que j'ai aussi longuement commenté sur mon autre blog. Même pas la peine d'y croire, il s'impose, il est consubstantiel à la langue française, à tel point que Corneille faisait de lui le représentant versifié de la prose... et que les grands prosateurs vont "à la chasse" de ceux qui leur ont échappé comme un en-avant inévitable..
Et puis, on peut aimer à la fois le beau et le sublime ! Grande lectrice aussi de Jacques Roubaud et de sa Vieillesse d'Alexandre. Aragon a écrit beaucoup d'alexandrins, notamment dans Le Crève-coeur et Le Nouveau Crève-coeur, voir aussi son texte La Rime en 1940. Pour Eluard, je ne ne sais pas, mais ça m'étonnerait qu'il n'en ait pas laissé échapper quelques-uns...
je suis très admiratice de la lucidité dont t ufais preuve :)