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  • Sport "de pénalité" ?

    Sport "de pénalité" ? Le rugby n'est pas bêtement idéaliste

    par Mezetulle

    On parle du rugby comme d'un "sport de pénalité" : ceux qui ne l'aiment pas utilisent cela pour dire que l'action est constamment interrompue, qu'il faut être un expert dans la connaissance du règlement pour suivre une rencontre, que c'est compliqué, que le jeu avance avec des fautes, etc. medium_Sifflet.jpgComme si une rencontre sportive devait se dérouler "sans accroc" dans un monde idéalisé, ripoliné. Comme si "la faute" devait toujours être à l'extérieur, et comme si "le jeu" devait toujours être quelque chose de parfait et de limpide. Cette objection est proprement infantile, ou plutôt elle révèle une conception infantile du sport : terrain aplani où les choses devraient se passer conformément à nos désirs...

    Non, le rugby ne fonctionne pas ainsi. C'est un jeu qui s'empare du réel, et qui, loin de s'évader du réel, le maîtrise. C'est un jeu qui a inclus la dimension de la complexité et de la faille, et qui, au lieu de s'en effaroucher, en fait quelque chose. 

    Comprendre quelle faute a été commise est en effet fondamental pour suivre le jeu. Non que les pénalités ne soient importantes dans d’autres jeux de balle, mais ici il y a une dimension constitutive, intérieure, de la faute. Il y a des fautes qui construisent le jeu : toute faute n’est pas nécessairement contraire au jeu. Ce n’est donc pas tout à fait juste de parler de "sport de pénalité". La sanction n’est pas toujours une punition, on peut la jouer : une mêlée qui sanctionne une faute non seulement est une phase du jeu, mais elle peut parfaitement être recherchée par l’équipe qui commet la faute. L’exemple le plus significatif est la touche : sortir des limites du terrain n’est pas une faute à proprement parler, c’est une façon de faire progresser la conquête du terrain ou de se sortir d’une situation délicate : "trouver une touche". Il y a donc deux niveaux de faute : la faute qui construit le jeu, qui entre dans sa progression et sa continuité et la faute pénalisante qui nie le jeu.

    La dimension constitutive de la faute me fait dire que c’est un sport critique, qui fonctionne à cet égard comme la pensée pour laquelle l’erreur n’est jamais quelque chose d’extérieur. Voilà pourquoi le rugby ne se joue pas dans un monde utopique où il y aurait la norme et le hors-norme séparés, bien au contraire la norme s’y nourrit de sa propre transgression, comme dans la vie. Le rugby n’est pas idéaliste. Ça fait du bien ! 

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