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pénalité

  • Italie-Galles : la pénaltouche et l'échéance

    Italie-Galles : la pénaltouche et l'échéance mortelle

    "Il y a pénaltouche lorsque l'équipe pour qui a été sifflée la pénalité décide de taper en touche au lieu de la tenter. Dans ce cas, c'est cette même équipe qui effectuera la remise en jeu." (1)


    Cet après-midi, superbe exemple et bel objet de controverse à la fin du match Italie-Galles remporté par l'Italie 23 à 20.
    A la 80e minute, en face des buts italiens, les Gallois bénéficient d'une pénalité. Mais gardons à l'esprit qu'on est à la 80e minute, et que la fin du match est imminente.medium_chrono.jpg
    Vont-ils la tenter ? Si oui, ça ne fait jamais qu'une égalisation : pas terrible....  Alors - calcul - ils choisissent de jouer la touche : si celle-ci se déroule comme ils l'espèrent, ils ont une chance d'aller à l'essai et donc de remporter le match par 25-23 et même peut-être par 27-23 si l'essai est transformé.

    La touche est trouvée à quelques mètres de la ligne de but italienne. Et c'est à ce moment-là que l'arbitre siffle la fin du match. Certains commentateurs n'hésitent pas à parler d'une "faute d'arbitrage".

    Toujours est-il que voilà un beau sujet pour les philosophes : la question du temps, de la séquence et de l'échéance.

    Est-ce la même chose d'une part de "laisser jouer" la séquence "tir de pénalité" (ou dans d'autres circonstances la séquence "essai marqué-tentative de transformation") alors qu'on est sur la limite de temps, et d'autre part de "laisser jouer" une touche ?  Il me semble que la question qui décide est : "jusqu'à quand ?"

    Dans le premier cas c'est très clair et définissable a priori : jusqu'à ce que la balle quitte le pied du buteur et termine sa trajectoire. La séquence est une séquence finie, de même que la séquence "essai-transfo". Mais dans le second ?  La touche et ce qui la suit ne sont pas une séquence finie... et l'arbitre aurait aussi bien pu siffler la fin du match lors de la prise de balle, ou un dixième de seconde après celle-ci lorsque le joueur retombe au sol, ou même un un dixième de seconde avant un essai toujours potentiel... ? 

    L'imminence de l'échéance, c'est toujours pathétique. Y compris pour les échéances qu'on joue, pour les petites échéances, parce qu'elles sont une allusion à la fois dérisoire et sublime à la grande échéance, à la seule qui compte et qui donne leur sel à toutes les autres sans lesquelles on ne ferait jamais rien, on ne tenterait jamais rien.

    (1) Mathieu Lasselin : Le rugby en quelques mots français-anglais Maitrise LEA - 2002 / 2003 - Université Sorbonne nouvelle - Paris III Responsable : Loïc Depecker 

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  • Sport "de pénalité" ?

    Sport "de pénalité" ? Le rugby n'est pas bêtement idéaliste

    par Mezetulle

    On parle du rugby comme d'un "sport de pénalité" : ceux qui ne l'aiment pas utilisent cela pour dire que l'action est constamment interrompue, qu'il faut être un expert dans la connaissance du règlement pour suivre une rencontre, que c'est compliqué, que le jeu avance avec des fautes, etc. medium_Sifflet.jpgComme si une rencontre sportive devait se dérouler "sans accroc" dans un monde idéalisé, ripoliné. Comme si "la faute" devait toujours être à l'extérieur, et comme si "le jeu" devait toujours être quelque chose de parfait et de limpide. Cette objection est proprement infantile, ou plutôt elle révèle une conception infantile du sport : terrain aplani où les choses devraient se passer conformément à nos désirs...

    Non, le rugby ne fonctionne pas ainsi. C'est un jeu qui s'empare du réel, et qui, loin de s'évader du réel, le maîtrise. C'est un jeu qui a inclus la dimension de la complexité et de la faille, et qui, au lieu de s'en effaroucher, en fait quelque chose. 

    Comprendre quelle faute a été commise est en effet fondamental pour suivre le jeu. Non que les pénalités ne soient importantes dans d’autres jeux de balle, mais ici il y a une dimension constitutive, intérieure, de la faute. Il y a des fautes qui construisent le jeu : toute faute n’est pas nécessairement contraire au jeu. Ce n’est donc pas tout à fait juste de parler de "sport de pénalité". La sanction n’est pas toujours une punition, on peut la jouer : une mêlée qui sanctionne une faute non seulement est une phase du jeu, mais elle peut parfaitement être recherchée par l’équipe qui commet la faute. L’exemple le plus significatif est la touche : sortir des limites du terrain n’est pas une faute à proprement parler, c’est une façon de faire progresser la conquête du terrain ou de se sortir d’une situation délicate : "trouver une touche". Il y a donc deux niveaux de faute : la faute qui construit le jeu, qui entre dans sa progression et sa continuité et la faute pénalisante qui nie le jeu.

    La dimension constitutive de la faute me fait dire que c’est un sport critique, qui fonctionne à cet égard comme la pensée pour laquelle l’erreur n’est jamais quelque chose d’extérieur. Voilà pourquoi le rugby ne se joue pas dans un monde utopique où il y aurait la norme et le hors-norme séparés, bien au contraire la norme s’y nourrit de sa propre transgression, comme dans la vie. Le rugby n’est pas idéaliste. Ça fait du bien ! 

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