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L'Argentine adolescente

medium_PumasSpringboks_AFP_.jpgL'Argentine adolescente

 

Le match Argentine-Afrique du Sud du 14 octobre a fait bouger bien des choses. Un titre très judicieux de L'Equipe disait "Les Argentins veulent grandir", faisant allusion à la fois au statut du rugby en Argentine et à la reconnaissance méritée des Pumas parmi les grandes équipes du rugby mondial, à leur intégration dans le tournoi prestigieux des Tri Nations.

Mais grandir, ce n'est pas seulement être reconnu : c'est aussi perdre à ses propres yeux et aux yeux des autres le charme et la légèreté de l'enfance. Il faut y passer.
Les Springboks et l'arbitre du match ont sur ce plan parfaitement réussi enfin à sortir les Pumas de leur aura et de leurs minauderies de petits garçons innocents: les voilà maintenant des joueurs ordinaires, des grands joueurs comme les autres.

Le visage de Pichot est très expressif, il ne peut rien cacher des émotions qui l'envahissent. Il fallait voir sa pâleur lorsque l'arbitre lui a fait comprendre que "ça va bien maintenant, on arrête les gamineries". Ce n'est pas le fait d'avoir perdu qui l'a rendu pâle (car il n'y a aucune honte à perdre contre les Springboks et à ce niveau de la compétition) mais celui d'être déchu de la condition d'ange où ils ont plané pendant toute la CDM. Terminus, tout le monde descend du nuage! Il savent maintenant que le ciel peut s'obscurcir : il sont passés au-dessous des nuages.

La vraie carrière de l'Argentine commence maintenant, dans la cour des grands, avec le doute, avec la pression qui pèse sur les grandes équipes, qui peut les rendre fébriles, maladroites, lourdaudes, et qui les somme de se surpasser pour gagner. Les voilà sortis de l'Eden (pas l'Eden park !) et précipités sur la terre, où il y a des sommets à gravir avec leurs vallées de larmes. Souhaitons-leur une belle adolescence, avec tous ses éclats et ses inconforts. medium_MontgomeryHabana.jpg

Quant aux Springboks, pour ma part je les vois au bout, ils ont infiniment plus d'invention que les Anglais, et trois joueurs d'exception: Du Preez, Habana et le souverain Montgomery - un métronome sorti d'un tableau de Botticelli !

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Commentaires

  • c'est tout simplement Brillant. le genre de texte qu'on aurait bien voulu écrire.bravo.

  • Ce soir je lis la choule et ce matin bonne surprise j'ai lu dans le Dauphiné Libéré un bel article sur le magazine psychologie et ta superbe rencontre avec C.Dominici...Décidément tu es incontournable!

    Sinon, effectivement la généreuse et frondeuse troupe des pumas fonctionnant un peu comme une horde de potaches le coeur gonflé de l'affect qui les unit devra bien passer un jour ou l'autre sous les fourches asservissantes d'un rugby moins immatériel...
    Doit-on toujours perdre son enfance pour devenir champion?

  • Ne s'agirait-il pas plutôt de "Philosophie magazine" (numéro de sept.)? Oui j'ai un très bon souvenir de la rencontre avec Christophe Dominici, ça s'est passé en juin, et alors que son emploi du temps devait être très serré il a passé une grande partie de l'après-midi à cette discussion. Philosophie magazine a fait un très bon travail.
    L'esprit potache des Pumas c'est exactement ça. On pourra toujours dire "je l'ai vu, j'y étais", ils nous ont donné bien du plaisir... Et moi je suis de ceux qui ne regrettent pas l'enfance, qui est le moment de la vie où on est le plus esclave de soi-même. Il y a juste un certain charme, qui est tout entier dans les promesses mais "si tu crois fillette, qu'ça va durer.." et les promesses, il faut les tenir ... après !

  • Les argentins ont le devoir d'intégrer les compétitions mondiales et en tout cas de pénétrer le trio très fermé des équipes de l'hémisphère sud.
    Seulement, il ne sont que 15 à tenir la route, il faut aussi recruter des joueurs de niveau mondial!

  • C'est bien votre essai éclair sur l'âge des nations dans telle activité sportive.

    Les larmes des Argentins pendant leur hymne national…
    Et puis le peuple argentin lui-même est si complexe et si fier, très affectif, avec une histoire récente quand même étrange et difficile.

  • C'est exactement ça! Le Dauphiné reprend chaque semaine un article de "psychologie magazine", et cette semaine c'est un extrait de ta rencontre avec Dominici...
    Quand on oublie complètement les joies et les tourments de l'enfance, on devient vite un foutu donneur de leçons...

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