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  • Un ennui resplendissant

    Quand du fécond printemps a resplendi l'ennui

    par Mezetulle

    Je n'osais pas écrire un article pour dire qu'on s'ennuie un peu en ce moment ; juste quelques petits événements, Montpellier bat Toulouse mais c'est sans grande conséquence... J'ai regardé, l'oeil morne, un match "pas beau" entre Brive et Paris  - et ce n'est pas parce que mes chouchous ont perdu.. franchement le match n'était pas très palpitant : un duel de coups de pieds manqués... Pas de quoi me mettre une larme d'encre sous la plume.

    Je n'osais pas, j'enviais presque les palpitations des footeux en transe ce week-end... quand j'ai cliqué sur le blog de Pierrot. Lui a osé, et magnifiquement. Alors je vous invite à lire l'article Taupe 14 ; il dit en peu de mots choisis et assonants (pas assommants) qu'il n'y a "Rien de neuf dans les galeries".

    C'est ça la différence entre les philosophes et les poètes: personne ne s'ennuie à lire un poète qui dit qu'il s'ennuie... car il fait resplendir l'ennui, même quand ce n'est pas celui du "stérile hiver".

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  • L'indicatif et le performatif

    L'indicatif et le performatif

    par Mezetulle

    Après une longue léthargie passée dans la privation, La Choule, fuyant les pluies et la froidure du grand Sud (je ne plaisante pas, 10° dans l'Ariège et ciel plombé), entre dans l'ambiance parisienne estivale (26° à Paris), ferme les persiennes afin d'éviter un terrible soleil plombant et savoure la pénombre... pour se réveiller devant un programme de télé enfin regardable.

    Montauban-Perpignan. C'est presque trop pour une reprise, cette overdose de drops, de retournements, de phases de jeu intenses et vacillantes, de ballons cachés qui progressent là où on ne croit pas qu'ils sont.... J'en ai le vertige, c'est très bon mais c'est fort, ça devrait se goûter à la petite cuillère et voilà que j'en reçois de pleines louches. Et comme si ça ne suffisait pas, je prends aussi une leçon de philosophie du langage.

    Dans les tribunes montalbanaises, nulle inscription provocatrice ne vient rabaisser l'adversaire - mais ça c'est normal dans un stade de rugby. Il y a mieux : nulle inscription glorificatrice ne vient célébrer banalement et bêtement l'équipe au maillot vert, car le raffinement supporter atteint à Montauban un sommet logico-philosophique par une tautologie autoréférentielle qui me laisse un moment perplexe. A la fois comique et impérieuse, une banderole verte medium_Montauban80.jpgprécise savamment : "Ici, c'est Sapiac !", comme si les spectateurs présents et leurs visiteurs ne le savaient pas....

    Mais non, que je suis bête : la banderole ne s'adresse pas à ceux qui sont là, mais à ceux qui, comme moi, sont le nez collé à leur écran de tv, dans l'indistinction de toutes les vertes pelouses, et donc il importe de préciser que ce n'est pas n'importe quel vert. C'est celui du stade Sapiac à Montauban, lieu singulier : vous y êtes, vous pouvez le regarder, nous voir, vous y voir (1).medium_MagrittePipe.jpg

    Plus que devant le célèbre tableau de Magritte "Ceci n'est pas une pipe", on se croirait dans un chapitre de la Poétique d'Aristote expliquant le plaisir qu'on a à identifier les personnages au théâtre : "celui-là, c'est lui !", jubilation de l'enfant découvrant l'ivresse de l'indicatif dans un geste gratuit - "ça, c'est ça".

    On m'avait bien dit que le rugby est un sport parlé. Justement, voilà que j'entends l'arbitre déclarer, désignant ce qui se passe sur le terrain : "c'est un ruck !" Et le commentateur se régale à expliquer pourquoi il dit ça, et ce qui se serait passé s'il ne l'avait pas dit. La déclaration de ruck n'est pas une sanction, ce n'est pas une indication, ce n'est pas non plus une décision : c'est un acte de jeu qui se dit en se faisant et qui se fait en se disant.

    Tandis que les tribunes parlent à l'indicatif, l'arbitre parle au performatif.

    1 - Renseignement pris sur le web, on trouve une explication bien décevante : il existe un blog d'école primaire qui s'intitule "Ici, c'est Sapiac", et ce sont peut-être ces charmants bambins qui ont fabriqué la banderole. N'empêche que l'étrange effet-tautologie de l'indicatif en autoréférence se produit quand même !

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