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Rugby au féminin - Page 2

  • Top 14 dans une cabine d'essayage

    Top 14 dans une cabine d'essayage
    par Mezetulle 

    Je ne croyais pas si bien dire à la fin de mon précédent article : mes chouchous du Stade français, ayant remporté medium_StadeF-Agen_photoStadefr_.jpgsamedi le match contre Agen, non seulement maintiennent leur première place au Top 14, mais il résulte de toutes les savantes combinaisons de ce classement qu'ils rencontreront en demi-finale ... Biarritz - mon chouchou Serge  ! Au moins c'est un de mes chouchous qui gagnera de toute façon !

    Et dire que je ne peux même pas y aller, à Bordeaux, le 1er juin. Je me contenterai donc de simulacres, en essayant de trouver une bonne âme abonnée à Canal + prête à m'héberger devant son poste de télé, et en sacrifiant aux rites alimentaires. Trouver un kebab qui sent la graille et de la bière ne devrait pas trop poser de problèmes.

    Mais pour accomplir sérieusement ce rituel en toc et à distance, encore faut-il les ornements sacerdotaux appropriés et aux bonnes couleurs. C'est ici que la question devient délicate : car il va me falloir afficher les deux équipes. Non quemedium_DSCN0927.JPG j'hésite à m'affubler du choc des couleurs qui ne vont pas ensemble, en l'occurrence rose et rouge : j'ai déjà osé (voir photo). Mais justement, c'était pour une autre circonstance, du temps de ma niaiserie et de ça, comme dirait un célèbre philosophe helvète (1), on ne revient pas. Et puis on ne se montre pas deux fois avec la même toilette (demandez à Ségo ce qu'elle en pense, ou encore mieux à Elizabeth II).

     
    Au lieu de pleurnicher dans le style d'Eve ("je n'ai rien à me mettre"), restons une femme de tête, inspirons-nous de la rationalité robuste diffusée par Elle et autres Glamour, réfléchissons en scrutant le placard à chiffons et à accessoires. Je garde le béret rouge qui peut aller pour les deux et le tee-shirt rose du SF (ça c'est ce qu'on appelle "la base"), j'ajoute une écharpe blanche d'écume océane, ça change tout. Rose blanc rouge, c'est superbement kitsch, ça peut en outre très bien se prolonger en maquillage, du reste ces couleurs qui estompent les rides (pardon, il faut dire : qui évitent de durcir le visage) conviennent parfaitement à une mémé (pardon, il faut dire : à une féminité mature) comme moi. Passons au reste des accessoires : je vire le drapeau rose que je remplace -ça c'est vraiment génial- par La Choule à dominante blanche dédicacée par Serge !

    Voyons maintenant le bas. Il sera, c'est décidé, ordinairement habillé par le sempiternel jean bleu. D'abord ce sera l'indispensable note "décalée", destinée à éviter le ridicule du "tout coordonné" pratiqué par les pétasses "pas top" n'ayant aucune idée du dernier chic branchouille  - je leur accorderai juste une note de rappel sur les grolles - tennis blancs et roses peut-être ? Ensuite, ce sera neutralisé, ininterprétable en couleurs héraldiques : car le blue jean justement est d'un bleu qui lui-même n'est pas une couleur (d'ailleurs il n'est ni de Biarritz ni de Paris mais Denim - de Nîmes), et ça ne compte pas dans l'affichage. medium_mannequin.jpg

    Ah, cette idée d'une couleur qui n'en est pas une, encore un truc intello avec lequel je me refuse à alourdir cet article frivole que je préfère terminer sur une belle maxime macho empruntée à Marcel Proust :

    "Dans la vie de la plupart des femmes, tout, même le plus grand chagrin, aboutit à une question d'essayage".

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    1 - En fait le philosophe helvète dont je parle est ici. Mais nous avons aussi le nôtre.
  • Avantage : filles ?

     Avantage : filles ? Un dénuement salutaire

     par Mezetulle

     Dans mon dernier billet, j'évoquais la nécessité de contrarier le mouvement spontané, le consentement à se désemparer pour pouvoir construire force et adresse sur ce vide. Briser les obstacles que constitue un savoir en toc fait d'implicites : ainsi, apprendre c'est d'abord ré-apprendre en se débarrassant de ce qu'on ne sait que trop.

    Mais alors, paradoxe, c'est le rugby féminin qui semble avoir l'avantage, puisque les filles en la matière ne sont pas encombrées autant que les garçons de préalables, de mythes et d'a priori. C'est vrai sans doute pour d'autres sports, mais plus particulièrement au rugby, sport de tradition "virile" qui se transmet un peu tribalement par imprégnation, contiguité, et que les filles abordent dans une sorte de dénuement salutaire.medium_Feminin2.jpg

    C'est l'analyse (entre autres idées) que propose Joris Vincent dans son article "Le rugby féminin : un rugby à part entière ou un monde entièrement à part ?", publié dans un ouvrage collectif que j'ai déjà cité dans ce blog (1).

    Il parle à cet égard d'une"vacuité culturelle intéressante" :

    Marquées par leur statut féminin, les filles semblent moins influencées que les garçons par la culture rugbystique. En contact passif ou actif avec le milieu rugbystique, ces derniers accèdent à un niveau de connaissances plus ou moins empiriques les situant déjà comme des initiés bien avant d'avoir réellement joué au rugby. Le rapport d'une fille à la pratique est différent. Tant qu'elle n'a pas couru avec un ballon et affronté l'épreuve de la charge adverse, elle reste complètement novice sans a priori tactique ni technique. Loin de représenter un obstacle, cette vacuité culturelle devient une richesse. En effet, ce vide permet d'éviter l'étape de déconstruction culturelle du jeu nécessaire et incontournable dansla formation des joueurs. Les convictions masculines sur le jeu reposant sur des représentations ancestrales et fantasmées du jeu sont le plus souvent un facteur de résistance à la progression tactique et technique du joueur. Les joueuses ne présentent pas cette culture d'opposition sur la connaissance du jeu. Ainsi est-il plus facile d'accorder les représentations des joueuses et celle de l'entraîneur.

    Comme le disait Descartes, qui pensait que les femmes pouvaient et devaient faire de la philosophie :  "elles n'ont point l'esprit gâté par les études" !medium_Feminines.jpg

    Mais, ajoute J. Vincent, cette disponibilité serait aussi un obstacle... :

    Par contre ce niveau de connaissances constitue un obstacle à la formation. Les joueuses ne possédant pas forcément toute la logique culturelle du rugby (formes de jeu, culture du poste), il est nécessaire de reconstruire avec elles tout un langage rugbystique qui doit être le plus imagé et le plus significatif possible.

    Avantage de la vacuité, mais obstacle parce que presque tout est à construire et à expliciter... ? De quel côté est ici l'obstacle ? ... ne serait-ce pas plutôt du côté du mauvais entraîneur, qui prétend s'appuyer sur un savoir déjà-là et qui se dispense de construire ce qu'il enseigne, celui qui ne sait pas formuler, imager, schématiser, conceptualiser, inventer des expériences, et pousser à l'erreur pour pouvoir la corriger... celui qui se contente d'un "suivez-moi les gars!" ?

    (1) dans Rugby : un monde à part ? Enigmes et intrigues d'une culture atypique, sous la dir. de Olivier Chovaux et Williams Nuytens, Arras : Artois presses université, 2005, p. 151-174. Voir l'article "Epouse ou mamie".

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  • Epouse, mamie (suite) et... devinez qui ?

    Epouse, mamie (suite) et... devinez qui ?

    par Mezetulle 

    Comme je suis encore dans mes mauvais jours (après Angleterre-France), je continue sur la lancée d'hier dans le poil à gratter. Cette fois, on va carrément donner dans le mauvais goût.

    Après les mamies et les épouses, une troisième figure féminine ancestrale manquait à l'appel. Eh bien, elle fut très facile à trouver...

    Une pub (ou une parodie de pub, car un canular n'est pas exclu) du magazine Rugby - "l'hebdo du rugby pro" - ne fait pas dans la dentelle....  regardez plutôt cette vidéo, exquise, raffinée. Je n'invente rien, elle est publiée sur le site dailymotion.

    Attention, âmes sensibles et bégueules s'abstenir... j'ai résisté à la tentation de mettre la vidéo directement sur le blog et je me contente d'un lien austère :


    A moins que ce soit, comme disent les intellos, "à prendre au second degré" ??? D'ailleurs ceux qui sont choqués n'ont rien compris au film : si la blonde savait qu'il faut tout de suite lâcher la balle quand on est à terre, ça ne se passerait pas comme ça, non ? Eh bien vous savez, à en croire les machos, c'est toujours ainsi avec les femmes : quand il leur arrive des histoires c'est qu'elles l'ont bien cherché... (et il faut bien sûr ajouter : "sauf ma mère, ma soeur, ma fille et ma femme").
    Ouarf, on s'en tient les côtes dans les bistrots entre copains !!!
     
    Pendant que j'y suis, dans la collection "mauvais goût",
    celle-là n'est pas mal non plus :
    medium_TAckleTrash_AP_.jpg
     
     
     
     
    Allez, c'est promis, demain je publie un billet moins trash !  Salut !
     
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    PS du 27 juin 07 : la vidéo a été retirée par Dailymotion "pour non respect des conditions d'utilisation"... ils sont encore plus bégueules que moi ! Dommage. 
  • Epouse ou mamie ?

    Epouse ou mamie ?

    Il faut bien, figure obligée, faire sa génuflexion rituelle lors de la journée des femmes du 8 mars, même quand on est comme moi une "gonzesse"…

    Annne Saouter a beaucoup réfléchi et travaillé sur les rapports entre le rugby et les femmes – celles qu’elle appelle « les femmes du rugby » : comme ce nom l’indique, il ne s’agit pas des joueuses elles-mêmes (on y reviendra dans un autre article), mais des femmes qui environnent le monde masculin du rugby. Elle est l’auteur du livre Etre rugby, jeux du masculin et du féminin, MSH / Mission du patrimoine ethnologique, 2000.

    Le texte qui suit n’est pas extrait de ce livre, mais d’un ouvrage collectif auquel elle a participé, Rugby : un monde à part ? (sous la direction de Olivier Chovaux et de Williams Nuytens, Arras : Artois presses université, 2005). J’aurai aussi l’occasion de revenir sur cette publication originale à plus d’un titre : chacun aura remarqué en effet qu’elle a été publiée à Arras, dans le Pas-de-Calais (vous voyez où c'est, ceux qui croient que les terres de langue d'oc épuisent toute la culture du rugby?).

    Dans sa contribution intitulée « Etre rugby, ou à propos d’une sociabilité de chair », après avoir évoqué la position inconfortable, discrète et pleine de tensions des « épouses », Anne Saouter aborde la description quelque peu épique des « mères » exubérantes, nourricières et laveuses de maillot :

    … même quand l’individu masculin devient adulte, un lien très fort persiste avec la mère par l’entremise du maillot, medium_Linge.2.jpget plus précisément de son entretien, chose dont ne veut justement pas se charger l’épouse. Quand il le peut, le joueur continue souvent, même après le mariage, d’apporter son linge sale à sa mère. […] Contrairement à l’épouse, la mère dans le rugby se « partage ». Laveuse ou nourricière, elle n’est pas censurée dans son maternage. Il en est également ainsi dans les tribunes : elle peut gesticuler, crier, et même donner des coups de parapluie (c’est du moins le genre d’anecdote qu’on se plaît à raconter dans le rugby : à en croire les récits, chaque club aurait sa mamie dotée de son parapluie menaçant !).

    Ces deux figures féminines – l’épouse qui devrait presque se contenter de répondre à l’adage « sois belle et tais-toi », et la mère librement volubile parce qu’absente de la sexualité des hommes – n’ont rien de bien original dans notre société. Il est néanmoins étonnant de les constater à ce point figées dans le rugby.

    Alors :  épouse ou mamie ?

    Ni l’une ni l’autre ! Je ne veux aucun ces rôles inhumains d’ange ou de sorcière - mais il en manque une au fait ! Voir la troisième.

    Heureusement il y a les femmes tout simplement, qu’elles soient dans les tribunes, sur les terrains et au clavier des blogs !

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