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VI Nations - Page 2

  • Week-end de rêve

    Week-end de rêve : la 2e journée du Tournoi des 6 nations 2010

    par Mezetulle

    Quel régal pour les amateurs de rugby ce week-end ! Des Gallois qui retournent une situation qu'on pouvait croire désespérée face à l'Ecosse, GallesEcosse13fev10.jpget cela dans la dernière minute de jeu... qui se prolonge bien au-delà de la 80e. Des Italiens qui tiennent la dragée haute au XV de la Rose dans un stade Flaminio surchauffé, finissant par s'incliner de cinq petits points ItalieAngleterre14fev10.jpgaprès avoir frôlé la victoire (et maintenant, les commentateurs pro, vous arrêtez avec le "tempérament latin" qui serait le mauvais génie du rugby ?).

    Et un XV de France souverain, sur un nuage, qui surclasse les favoris irlandais par 33 à 10. Plus qu'une équipe : un véritable organisme vivant, où chaque organe, loin de se fondre dans la collectivité, conserve ses talents pour la rehausser. Tout leur réussissait, et la mêlée qui avançait, et les ballons portés qui couraient presque, et les passes qui sautaient, et Parra qui passait les points entre les poteaux...  Ils s'étonnaient eux-mêmes ! Juste la touche à revoir, car Harinordoquy et autres Nallet ne peuvent pas tout faire et rester en l'airFranceIrlande13fev10.jpg tout le temps !

    Et de me régaler encore à entendre Dusautoir, le capitaine : "il faut arrêter avec les superlatifs". Sûr, il joue les modestes, n'empêche que le mot "superlatif", il ne doute pas une seconde que les amateurs de rugby le comprennent au quart de tour... Il ne fait pas semblant d'être bas de plafond et pauvre en vocabulaire pour faire plaisir à des supporters abrutis : il n'a pas pour mot d'ordre de cacher qu'il est intelligent, cultivé, raffiné, qu'il cherche et trouve le mot juste.

    Eh bien que croyez-vous : encore une fois, on ne parle pas de ça dans les titres de France-info ce matin à 7h30, on parle de foot (la Ligue 1 et la Ligue 2 c'est tellement plus important que le rugby). Et puis, à France-Info et ailleurs, on a droit en long et en large au pensum Vancouver, ça va durer quinze jours, avec ses sports de glisse parfois meurtriers sur neige artificielle dégoulinante où on voit défiler des fantômes casqués dans le brouillard - bravo quand même aux médaillés, il faut le faire, mais franchement il n'y a rien à comprendre, il ya juste à se laisser épater, et à craindre pour la vie des athlètes... : panem et circenses est-ce bien ça le sport ?

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  • Rugby en salle et par procuration critique

    Rugby en salle et par procuration critique

     par Mezetulle

    Le programme de la Choule cet après-midi du 15 mars ? Scotchée sur France 2, enfilant les plus belles perles du rugby européen, avec Italie-Ecosse, puis Angleterre-Irlande pour exploser avec l'apothéose Pays de Galles-France ?

    Mais non, vous n'y pensez pas : le calendrier des VI Nations, ne consultant jamais celui de la très vénérable Société française de philosophie (née en1901, à peu près en même temps que les rencontres qui ont donné naissance à ce bel objet sportif), La Choule enfilera des perles tout aussi prestigieuses dans l'amphithéâtre Michelet de la Sorbonne. medium_Dioptrique3.gifProgramme : réunion du bureau, Assemblée générale, Conférence, Débat, Réception du conférencier à la brasserie "Le Balzar"... Arrf, je pourrai toujours avoir le lot de consolation en Top 14 avec Perpignan-Montpellier en soirée et demain un Stade français-Clermont qui s'annonce plus que pathétique.

    Sécher ? vous n'y pensez pas : c'est moi qui ai le carnet de chèques et sans moi ils ne pourront rien boire... Et puis la conférence sur Vico par Alain Pons sera sans aucun doute à la hauteur de l'intérêt d'une belle rencontre de rugby, la pensée critique ayant elle aussi, comme vous le savez, ses saveurs acides et ses moments "champagne". Enfin, sachez que le Bureau de la SFP est composé en grande majorité de maniaques des sports de balle (avec une petite tendance à préférer le foot pour certains d'entre eux, m'enfin...). Le logo de la SFP vous rappellera peut-être quelque chose: c'est le petit joueur de paume de la Dioptrique de Descartes, lui que j'ai toujours trouvé si bon pour le moral...

    On aura donc le plaisir de parler, de faire nos pronostics, de dire tout le bien et le mal que nous pensons des joueurs, du sélectionneur, des arbitres, des maillots, de la pelouse, du temps qu'il fait, de célébrer les matches et les tournois de jadis et naguère, et de s'abandonner, pendant le pot, aux délices de quelques explications de texte du Midol. Non sans avoir soigneusement, avant de partir, programmé les magnétoscopes et autres enregistreurs.

    Chers amis rugbymaniaques et amateurs de belles joutes critiques, ayez une pensée pour La Choule cet après-midi, et avant d'allumer vos étranges lucarnes, allez jeter un coup d'oeil sur le site internet de la Société française de philosophie...

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  • Cafouillage sublimé à Croke Park

    Cafouillage sublimé à Croke Park

     par Mezetulle

    Un régal ce match Galles-Irlande...  et un régal aussi d'entendre Jérôme Cazalbou expliquer le seul essai de la rencontre, avec cet "appui sur raffût" qui a rencentré la course du joueur Gallois... on ressentait, avec les mots, les forces s'exercer.

    C'est vrai que le match était passionnant, jusqu'à trois minutes de la fin où les Gallois ont mis au chaud quatre points d'avance en couvant le ballon par un jeu au ras "chronométrique".... un peu ennuyeux. Trois minutes d'ennui sur 80, ce n'est pas mal.

    C'est vrai que les Irlandais peuvent s'en prendre à leur numéro 16, auteur d'un coup d'épaule gratuit qui aurait pu (dû) lui valoir un carton jaune au moment où la rencontre pouvait basculer ; même sans cette punition, la bêtise a été payée d'une pénalité en faveur des Gallois, leur donnant l'avance décisive en fin de partie.

    Mais surtout, on est admiratif devant le jeu surabondant des Gallois. Surabondant, je veux dire par là qu'ils marquent bien en deçà des actions réelles, tant ils manquent parfois de jugement, tant ils se font pénaliser, jouant à 14 contre 15 pendant vingt minutes. Et c'est une vertu, de pouvoir jouer tellement tellement qu'en "scorant" 70% de ce qui était possible et prévisible, on gagne quand même ! Il y a longtemps qu'on avait vu un jeu où il faut en faire toujours un peu trop pour gagner. Un jeu qui ressemble à la cuisine de ma grand'mère : mets ce qu'il faut (pas la peine de mesurer, ça se voit) et rajoutes-en une cuillère, ça ne peut pas être mauvais.

    Imaginons maintenant qu'ils puissent aligner le rendement sur l'investissement, rentrant dans le rang gestionnaire de "l'efficacité" rugbystique tant vantée ces derniers temps...
    Beurk, non, pas ça, pas encore (le style des 3 minutes finales a montré qu'ils savent aussi le faire) : je les préfère avec leur majestueux cafouillage constamment rattrapé, constamment dépassé, homomorphe au rebond d'un ballon de rugby. Il y en a tellement qu'il en reste assez pour marquer et pour gagner ! Mais ça porte un nom en français, même que c'est une vertu : la générosité.

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  • Saturne, un dieu fort inquiétant

    "Il porte un joli nom, Saturne, mais c'est un dieu fort inquiétant"
    Réflexion (encore) sur le temps

     par Mezetulle

    Avant de regarder un match de l'équipe de France, je prends mes précautions en faisant une petite heure de cardio-endurance. D'abord ça me déculpabilise : je ne suis pas une sportive en chambre, et je peux tranquillement medium_elliptique.jpgavaler un peu de malbouffe comme il sied pendant le match, le derrière vissé sur mon canapé. Mais surtout,  j'ai pris cette habitude salutaire à force de regarder les matches du Stade français, horripilants et délicieux tellement ils sont incertains et victorieux de justesse en dernière minute. Pas besoin, comme le dit Brassens, de traverser des "équinoxes funestes" pour que "le petit bout de coeur qui me reste" (ou plutôt que mes chouchous me laissent) batte la breloque: il suffit de regarder le chrono. Les dix dernières minutes surtout.

    France-Irlande samedi 9 février. Ma séance de cardio semble bien être une précaution inutile cette fois. Voilà que, souverains en habileté, servis par une double paire de chaussures orange, même qu'on aurait dit les ailes de Mercure multipliées par deux, la partie aérienne et flamboyante des dieux de l'Olympe en maillot bleu nous installe sur un nuage à la mi-temps avec une très confortable avance au score. Ouf mon coeur on peut rester calme.
    Sauf que la partie terrestre et infernale des mêmes dieux fait défaut au cours de la deuxième période : les cartouches de l'habileté ne peuvent être tirées que si le soubassement de la force et de la persévérance (version morale de la force) tient jusqu'au bout. Sans Vulcain, sans Pluton, sans Neptune et leurs ministres obscurs, Mercure, Minerve et Jupiter lui-même sont impuissants. Et c'est là que le retour des dieux de la première génération risque d'être fatal sous la conduite du terrible Chronos (Saturne en latin), le temps qui dévore ses enfants. Le chrono, transformé en machine à dévorer les pointsmedium_SaturneCourteysEcouen.3.jpg d'avance allait-il transfigurer les diables verts irlandais en titans ? Non, mon coeur, mais tout de même, cinq minutes de plus et on était mal, non ?
    Les Anglais, ce dimanche, ont eu quelques sueurs froides aussi, grignotés sur la pelouse du stade Flaminio à Rome par un Chronos qui commençait à pousser les Azzuri...

    Voilà pourquoi, lorsque (dans ma première vie) j'étais professeur, je prenais soin, en faisant passer un examen oral, d'observer rigoureusement le temps limité de l'épreuve: vous n'imaginez pas le nombre de bêtises qu'on peut faire dire à un élève, surtout s'il est brillant, rien qu'en medium_chronosGoya.jpgpoussant un peu le chrono...

    Imaginons maintenant un match qui durerait tout le temps, sur un terrain sans limites, un jeu qui ne s'arrêterait pas, une pièce de théâtre dont on ne verrait pas la fin, comme ce terrible et bien nommé Outrage au public de Peter Handke. Outrage absolu : à l'habileté, à la force elle-même, et à la liberté.

    Et comme le dit encore le poète "Il porte un joli nom, Saturne, mais c'est un dieu fort inquiétant".

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  • Réflexion sur la certitude et la sûreté

    Réflexion sur la certitude et la sûreté (France-Ecosse 3 février 08)

     par Mezetulle

    Pour un coup d'essai, ce fut un coup de maître, ce premier match du nouveau XV de France à Murrayfield remporté largement 27 à 6 ! Une rencontre ouverte, alerte, du jeu, beaucoup de jeu. Et surtout, au-delà et même avec quelques fautes, de l'allant, de la confiance, de la cohésion. Aucune crispation, à peine un peu de fébrilité... juste un peu chez les "vieux" bien entendu, qui ont sans doute des souvenirs cuisants de stress, mais on pardonne à Elissalde ces deux pénalités manquées. On aurait dit qu'ils jouaient ensemble depuis plusieurs mois...

    Ce qui me semble le plus caractéristique de cette entrée remarquable sur le terrain de la certitude est le comportement de la mêlée bleue. A la fois étonnant et rassurant : plus que bousculée tout d'abord, jusqu'à perdre un ballon sur introduction française, elle s'instruit elle-même de ses faiblesses, de ses dérapages, de ses erreurs et parvient à inverser la tendance en devenant puissante, dominatrice, sûre d'elle-même. Même si le "coaching" y est pour beaucoup, l'effet est tout de même présent : les néobulls, relevés par les paléobulls, ne peuvent, ne doivent que faire mieux.

    medium_Taureau.jpgOn dit que le toro de corrida apprend tout en vingt minutes, il devient alors presque humain, pervers, retors, hésitant, et retarde ses actions : ayant perdu la sûreté de la bête, il est exécuté.

    Les néo- et paléobulls de la mêlée bleue apprennent tout d'eux-mêmes et des autres en une moitié demedium_Melee.3.jpg mi-temps (si je calcule bien, ça fait aussi vingt minutes). Mais c'est, tout au contraire, pour chasser l'angoisse sans tout à fait l'abolir, prendre conscience de leur puissance et, toute fragilité surmontée, en relevant de leurs erreurs comme on revient immunisé d'une maladie, pour conquérir la sûreté d'une presque-bête dans sa variante hautement humaine, qui s'appelle la certitude. Aussi on leur souhaite longue vie, comme à la balle qu'ils font vivre. 

    P.S. J'avais bien dit que, entre le cognac et le whisky, mon choix était fait ! Sauf que, partant pour Londres demain pour 3 jours, je ne pourrai que savourer ce bon début de Tournoi dignement dans un pub.

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