Week-end de rêve : la 2e journée du Tournoi des 6 nations 2010
par Mezetulle
Quel régal pour les amateurs de rugby ce week-end ! Des Gallois qui retournent une situation qu'on pouvait croire désespérée face à l'Ecosse,
et cela dans la dernière minute de jeu... qui se prolonge bien au-delà de la 80e. Des Italiens qui tiennent la dragée haute au XV de la Rose dans un stade Flaminio surchauffé, finissant par s'incliner de cinq petits points
après avoir frôlé la victoire (et maintenant, les commentateurs pro, vous arrêtez avec le "tempérament latin" qui serait le mauvais génie du rugby ?).
Et un XV de France souverain, sur un nuage, qui surclasse les favoris irlandais par 33 à 10. Plus qu'une équipe : un véritable organisme vivant, où chaque organe, loin de se fondre dans la collectivité, conserve ses talents pour la rehausser. Tout leur réussissait, et la mêlée qui avançait, et les ballons portés qui couraient presque, et les passes qui sautaient, et Parra qui passait les points entre les poteaux... Ils s'étonnaient eux-mêmes ! Juste la touche à revoir, car Harinordoquy et autres Nallet ne peuvent pas tout faire et rester en l'air
tout le temps !
Et de me régaler encore à entendre Dusautoir, le capitaine : "il faut arrêter avec les superlatifs". Sûr, il joue les modestes, n'empêche que le mot "superlatif", il ne doute pas une seconde que les amateurs de rugby le comprennent au quart de tour... Il ne fait pas semblant d'être bas de plafond et pauvre en vocabulaire pour faire plaisir à des supporters abrutis : il n'a pas pour mot d'ordre de cacher qu'il est intelligent, cultivé, raffiné, qu'il cherche et trouve le mot juste.
Eh bien que croyez-vous : encore une fois, on ne parle pas de ça dans les titres de France-info ce matin à 7h30, on parle de foot (la Ligue 1 et la Ligue 2 c'est tellement plus important que le rugby). Et puis, à France-Info et ailleurs, on a droit en long et en large au pensum Vancouver, ça va durer quinze jours, avec ses sports de glisse parfois meurtriers sur neige artificielle dégoulinante où on voit défiler des fantômes casqués dans le brouillard - bravo quand même aux médaillés, il faut le faire, mais franchement il n'y a rien à comprendre, il ya juste à se laisser épater, et à craindre pour la vie des athlètes... : panem et circenses est-ce bien ça le sport ?
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avaler un peu de malbouffe comme il sied pendant le match, le derrière vissé sur mon canapé. Mais surtout, j'ai pris cette habitude salutaire à force de regarder les matches du Stade français, horripilants et délicieux tellement ils sont incertains et victorieux de justesse en dernière minute. Pas besoin, comme le dit 

On dit que le toro de corrida apprend tout en vingt minutes, il devient alors presque humain, pervers, retors, hésitant, et retarde ses actions : ayant perdu la sûreté de la bête, il est exécuté.
mi-temps (si je calcule bien, ça fait aussi vingt minutes). Mais c'est, tout au contraire, pour chasser l'angoisse sans tout à fait l'abolir, prendre conscience de leur puissance et, toute fragilité surmontée, en relevant de leurs erreurs comme on revient immunisé d'une maladie, pour conquérir la sûreté d'une presque-bête dans sa variante hautement humaine, qui s'appelle la certitude. Aussi on leur souhaite longue vie, comme à la balle qu'ils font vivre.