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  • Rugbyman-intello: le tandem tendance

    Rugbyman- intello, le tandem tendance

    par Mezetulle

    12h00. En attendant les deux matches décisifs d'aujourd'hui, je me sens fébrile et sur les dents. Je prends des risques insensés : je viens de laver mon maillot XV de France, sera-t-il sec pour 15 heures ? Si oui, ils gagnent, sinon euh... je n'aurai rien à me mettre (1).
    Rien de tel que quelque lecture frivole pour se calmer, feuilletage de la presse "féminine", ça fait beaucoup de bien..
    Alors je vous propose un pastiche.

    Choule attitude

    Héritiers d'une grande tradition, ils se mettent au goût du jour : les tandems rugbyman-intello sont très tendance en ce moment.
    La Choule en a repéré trois. A vous de choisir votre style.

    Le plus classe : Galthié-Lacouture, une technique de virtuose, ça tombe parfaitement, impec. La cuisine au Champagne.
    Pour celles qui emportent une robe-fourreau dans leur sac de week-end.
    (Sur La Choule, article sur le livre Lois et moeurs du rugby).

    Le plus BCBG - valeurs sûres : Herrero-Serres, un parfum de terroir et de nostalgie, poétique et robuste. La cuisine de tradition.
    Pour celles qui décidément reviennent toujours au tailleur Chanel.
    (Sur le site de l'Huma, article "Le rugby a-t-il encore une âme?" et sur le site de Philosophie magazine)

    Le plus décalé : Dominici-Kintzler, ou comment on se sent bien parce qu'on se sent mal. La cuisine des contrastes, pour amateurs de profiterolles et d'omelette norvégienne.
    Si jean + fourrure vous semble la tenue incontournable pour aller à l'Opéra et au Stade, vous adorerez.
    (Sur le site de Philosophie magazine, et sur La Choule)

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    Bravo les Bleus !

    1 - 19h00 : il était sec à temps ouf! non seulement j'étais dans une tenue décente, mais ils ont gagné ! Bravo Beauxis, Domi, capitaine Serge et les Bleus ! Mais il va falloir se mouiller dans les eaux agitées de Cardiff... 

  • Choule à la noix.... d'honneur

    Choule à la noix... d'honneur

     par Mezetulle

    La Choule décroche "La noix d'honneur" du Canard enchaîné du 26 septembre 07, pour sa réponse à la question du journal Le Monde du 25 sept - Jean-Louis Aragon lui a en effet demandé si certains philosophes auraient fait de bons joueurs de rugby...

    La Choule ne s'est pas dérobée et a commencé une sélection (notamment Hume en pilier, Descartes en demi d'ouverture et Rousseau pour "pourrir le jeu des autres"), puis a renvoyé au manuel qui donne le moral en toutes circonstances : le traité des Passions de l'âme de Descartes.

    medium_DSCN0981.JPG

     Commentaire du Canard : "relire les Essais de Montaigne serait peut-être plus approprié"... Sûrement, mais j'avais déjà entendu cent fois cette blague chez mes amis philosophes !

    Allez, La Choule, encore un effort ! Transforme l'essai et tu franchiras allègrement "Le mur du çon"... 

     

     

     

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  • Sortis de la nasse... vers le grand large?

    Sortis de la nasse... vers le grand large? France-Irlande du 21 sept

     par Mezetulle

    L'épreuve (comme diraient les imprimeurs, les photographes et les graveurs) du Trèfle a sorti un bon positif. On est maintenant plus que requinqué : rassuré.

    Le match contre la Namibie avait juste permis au XV de France d'entrer dans le sas qui mène dans le grand bain de la Coupe du monde. Pour paraphraser le titre du journal gratuit Métro du 21 sept : ils ont ouvert maintenant la porte dans le bon sens, ou plutôt la bonne porte, celle qui mène vers la pleine mer - l'océan qui bat les côtes non loin de Cardiff. Encore leur faut-il traverser la mer Noire qui baigne la Géorgie et prier Eole et Neptune pour qu'ils soufflent (cette fois dans l'autre sens) sur les voiles irlandaises en route vers l'Argentine. Je sais que ma géographie est un peu sinueuse, mais elle est à l'image du début français en CM. Cela ne fait qu'ajouter un paradoxe de plus, un détour de plus à ceux que j'ai versés au crédit d'un sport "dialectique" ! Comme le dit un proverbe chinois que j'invente pour la circonstance : pour faire pousser une salade, inutile de tirer dessus, il faut sarcler autour... A force de faire le tour, on peut arriver au centre.

    Au rugby, la contingence est forte. Mais à cette contingence de structure, le début balbutiant du XV de France a ajouté celle du calcul des places... Comme dans un vulgaire championnat de n'importe quoi d'autre, on en est réduit à tenir compte d'une extériorité, de parier sur des matches qu'on ne joue pas et de prier un ciel qu'on ne voit pas pour espérer un classement  honorable à la fin des rencontres de poule.  Comme si la vie rugbystique n'était pas assez compliquée comme ça, comme s'il fallait se faire des frayeurs surnuméraires.

    Cela dit, le match était vraiment intéressant à regarder. Et j'ai fini par comprendre rétrospectivement à quoi servaient les grands coups de pied de Michalak durant la 1re mi-temps : c'était un entraînement pour en tirer un en deuxième période, cette fois décisif parce que parfaitement ajusté sur Clerc, non ?

    La Choule est rentrée jeudi 20 d'une journée médiatique digne d'un politique faisant le tour des plateaux un soir d'élections, et sur les rotules. Un passage éclair à Radio classique info m'a permis de tester mes réflexes. Les Helvètes de Radio Suisse romande (A première vue) m'ont ensuite offert une magnifique heure entière de conférence-discussion, la grande classe : en m'écoutant sur leur podcast, je me demande même où j'ai été chercher tout ça ... FR3 en soirée (Ce soir ou jamais) m'a plongée dans une ambiance people speedée où le rugby a dû se défendre avant de repartir à la charge. Je pensais jouer à l'arrière, mais j'ai vite vu que ça ne suffit pas de recevoir la balle : il faut aussi monter en courant ! Le maquillage était réussi, mais je n'ai pas réussi à le fixer plus d'une soirée, loin derrière Mme de Sévigné medium_ciseaux.jpgqui, quand ça lui arrivait, parvenait à le garder 15 jours !

    Et, moi, je n'ai pas hésité à aller chez le coiffeur la veille ; il est vrai que je ne suis pas Samson "l'animal"...

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  • C'est reparti, requinqué... mais... Deux matches parasités

    C'est reparti,  requinqué, mais... Deux matches parasités

     par Mezetulle

    On ne va pas bouder son plaisir après la brillante démonstration du XV de France hier soir contre la Namibie. Pour reprendre les termes d'Elissalde (au passage : bravo! mais n'oublions pas les travaux obscurs où Szarzewski m'a semblé exemplaire) que je citais après la défaite contre l'Argentine : ils semblent avoir retrouvé le GPS, ou le logiciel. C'est ici que mon enthousiasme se modère : oui, on a vu que le logiciel fonctionne, qu'il est parfaitement huilé, on a vu toutes les figures d'école, les passes au large, les "chistera", les feintes de Michalak, les essais "panache" - Chabal, Nallet, Clerc-  et les essais "travail"... les transfos "métronome" sans faute (sauf la première, j'y reviendrai). On a vu aussi un drop... ! ce n'est pas si fréquent (oops, ce sont les Namibiens qui l'ont réussi, non ?).

    Alors maintenant, après ce requinquage, on peut se permettre de faire sans état d'âme l'avocat du diable avec quelques expériences de pensée. Car Lucifer porte la lumière et les diables noirs, verts, jaunes attendent leur heure. Voyons ce qui aurait pu perturber cette superbe mécanique, cette éblouissante démonstration.

    Il faut rendre hommage au courage et à la constance des Namibiens en abandonnant le style hypothétique : ils ont su la perturber, et pourtant à un moment tardif où, épuisés, jouant à quatorze, ils avaient probablement le moral dans les chaussettes. Ah cette passe interceptée qui leur a ouvert le chemin de l'essai ! ça ne vous rappelle rien ? Rémy Martin a été accablé de reproches après le 7 sept. pour la même chose... Imaginons maintenant un Pichot, un Hernandez devant cette mécanique, ou plutôt dans ses intervalles, glissant leur grain demedium_Trèfle.jpg sable. Allez, pas besoin d'un Puma : un Trèfle bien vert pourrait peut-être suffire (ne parlons pas d'un Kiwi, d'une Antilope ou d'un Kangourou)?

    Jusqu'à présent nous avons assisté, s'agissant de la France, à deux matches parasités. L'un par la pression excessive avec laquelle le XV de France s'est lui-même étouffé, et dont on a vu le spectre dans la première transfo manquée hier soir. L'autre par la situation idéale de laboratoire dans laquelle il a été plongé, du fait d'un adversaire certes courageux, mais néanmoins faible et numériquement diminué. Dans les deux cas, un jeu réglé par le même logiciel : déjoué par les Argentins, et efficace à 90% contre les Namibiens. Avec l'Irlande, on aura donc le premier match "pur", débarrassé de cette extériorité qui a fait de l'un une montagne psychologiquement inaccessible et de l'autre une promenade à peine assombrie par quelques gaspillages. Je maintiens donc mon analyse : le logiciel est nécessaire, mais il n'est pas suffisant.

    Une autre question apparaît au sujet de la composition "toulousaine" de l'équipe d'hier soir, jouant à Toulouse. Malgré les dénégations, Bernard Laporte en est-il réduit à unemedium_CoqClocher2.jpg logique de club ? Ce serait déjà inquiétant. Mais, à supposer qu'il en soit ainsi, fallait-il renforcer celle-ci par une logique localiste de clocher (les "Parisiens" à Saint-Denis affrontant des Argentins en partie "parisiens", les "Toulousains" à Toulouse) qui me semble calamiteuse, aussi bien pour les joueurs que pour le public ?

    A supposer qu'on raisonne en termes de club, n'eût-il pas alors été judicieux de déjouer les appartenances en croisant les lieux, en procédant à une délocalisation fédératrice ? Imaginons un Skrela, un Mignoni, un Martin hier soir à Toulouse, totalement libérés comme le fut Szwarzeski. Imaginons symétriquement le 7 septembre à Saint-Denis une équipe bleue autant que possible peu connue des Argentins... La logique de club serait déjà une faiblesse, mais elle pourrait conduire au démon du localisme communautaire, lequel aurait vite fait de détruire la logique nationale de l'excellence qui doit seule prévaloir dans la compétition.

    Frappée par l'insomnie la nuit dernière (ça m'arrive à chaque fois que le XV de France gagne, et à chaque fois que je reviens de l'opéra) , je chasse les diables verts, noirs, jaunes et les démons de clocher... en relisant Jean Lacouture et Denis Lalanne dont je parlerai une autre fois.

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  • La professionnalisation. Sur le livre de Gatlhié et Lacouture

    Réflexions sur la professionnalisation : travail et re-création. Le "désentraînement".
    A partir de l'entretien entre Jean Lacouture et Fabien Galthié : Lois et moeurs du rugby, Paris: Dalloz, 2007

    par Mezetulle 

    Un tout petit livre, grand comme un paquet de cigarettes, pétillant d'intelligence, fait le tour sous forme brève des questions de jadis, naguère, aujourd'hui et demain au sujet du rugby. La collection qui l'accueille, à la frontière du droit et de la sociologie, ne s'y prêtait apparemment pas mais si l'on y réfléchit bien, quoi de plus représentatif du rapport entre loi et coutume que le rugby? quel sport d'équipe est plus intéressant dans la complexité de ses règles et la souplesse de leur applications?

    On y trouvera, sur le ton de l'entretien mais sans rien céder à l'exigence de la pensée la plus fine et de l'élégance d''expression, des réflexions brèves et denses sur les principes, le nombre, la variété, les règles et leur évolution, l'ovale, le score ("les points du bonheur"), l'arbitrage, la violence et son apprivoisement, les grandes nations du rugby et une foultitude d'autres choses encore. Par exemple, au sujet de l'implantation inégale du rugby en France, on est soulagé de lire une explication résolument et purement politique (puisqu'il s'agit de volonté, en l'occurrence de mauvaise volonté) sous la plume de Fabien Galthié : "les éducateurs d'Agen ou de Toulouse ne veulent pas s'installer à Quimper ou à Arras" (p. 110). C'est très simple, tellement simple et lumineux qu'on s'en veut de ne pas y avoir pensé. Quelle santé dans l'exercice du bon sens - dont on  voudrait qu'il soit un peu mieux partagé ! medium_LacoutureGalthié.jpg

    Un chapitre a particulièrement retenu mon attention.
    Intitulé "Savoir aérer la vie des joueurs", il prolonge quelques autres moments de réflexion sur la professionnalisation. Tout a été dit et rabâché sur les "dangers", de la professionnalisation, sur ses méfaits, et surtout de la manière la plus vulgaire  - ça "pourrit" le sport, il y a trop de fric, on nous gâche nos belles traditions, etc. Comme si un talent dont la carrière est courte n'avait pas le droit à la reconnaissance matérielle. Comme si l'amateurisme n'avait jamais été accompagné de pratiques "marron" (les "enveloppes") de type paternaliste ou féodal avec leur cortège d'asservissements. J'ajouterai : comme si on devait passer sous silence la lutte des classes qui au nom de l'amateurisme a longtemps imposé la loi des artistocrates et des rentiers, de ceux qui ont du loisir pour faire du sport.
    Mais le dialogue entre Galthié et Lacouture aborde un autre aspect qui me semble particulièrement d'actualité après la défaite du XV de France contre l'Argentine. Galthié envisage la question du côté "moral" - non pas la morale prêchi-prêcha habituellement déversée sur cette question à grands coups de chapeau à panache en toc façon Cyrano de Bergerac (ce loser) - la morale comme conduite quotidienne de vie, comme "praxis" : le travail qu'on effectue sur soi-même. Voici un extrait (p. 126) :

    L'une des questions que pose le professionnalisme est celle du temps libre donné aux joueurs, pour qu'ils aient envie de se revoir ; il faut entretenir l'enthousiasme, la passion. Pour moi, la "récupération", ou ce que j'appellerais "le désentraînement" sont absolument essentiels. C'est la condition d'un équilibre fondamental. Il faut aérer la vie des joueurs.

    Effectivement, le plus grand péril de la professionnalisation, c'est que les joueurs ne jouent plus, ils travaillent, et de ce fait ils risquent d'être pris dans la logique de la culpabilité, de la dette : cela peut devenir un étouffoir qui les rend mauvais à tous les sens du terme... Faire de sa passion son métier, pas si facile : lorsque j'ai envisagé de devenir professeur de philosophie, j'ai eu cette peur d'étouffer ma passion en la faisant entrer sous le régime de la "vraie vie", du sérieux de l'ennui. Il était vital pour moi de faire aussi autre chose : de la musique, de la montagne... aller au théâtre, regarder les matches de rugby !!! Autrement dit : jouer, vivre une autre vie par fiction, pouvoir se payer le luxe d'être autre pour pouvoir être soi-même.

    La surpréparation est, on le sait bien, une mauvaise chose : elle survient lorsqu'on pense qu'on n'en fait jamais assez, jamais assez longtemps. Et tout ce qui a une odeur de culpabilité, de dette, est triste et mauvais, affaiblissant. La coupure est donc nécessaire : il faut vivre autre chose que la "vraie vie", il faut vivre sous forme de fiction, jouer, aller au cinéma, au théâtre, "se faire du cinéma". Comme on dit à l'école, il faut des récréations : de la re-création de soi.

    Cette réflexion est très simple et très profonde. Elle souligne que, en devenant professionnel, le rugby peut perdre son aspect "ontologique", "gratuit" ou "libéral". Il le perd de façon certaine si les joueurs sont mis au régime de la dette et de la culpabilité, qui se traduit en continuité étouffante sans possibilité d'en sortir. Si on m'avait demandé de faire de la philosophie 24h sur 24 en m'enfermant dans un lieu idéal avec super-bibliothèque, salles de cours luxueuses, etc., cette passion serait devenue pour moi un enfer, pire : j'aurais fait de la mauvaise philosophie, j'aurais mal fait. Et mal faire, c'est faire le mal et se faire mal. Pour conserver le moment libéral et gratuit (caractéristique du jeu) d'une passion lorsqu'on en fait son métier, on doit s'y donner à fond certes, mais une partie du temps seulement, un temps raisonnable de travail. Sans se mutiler par une monomanie. Il faut prendre l'air. Galthié conclut le chapitre par une phrase audacieuse : "il faut savoir raccourcir les entraînements".

    La question du temps et de la fréquence est donc décisive. Les tyrans et tortionnaires sont passés maîtres dans l'artmedium_WPerec.jpg d'organiser la vie des autres de façon à leur boucher tous les points de fuite, y compris et surtout celui qu'ils puisent dans leur propre pensée. On relira à ce sujet le plus beau et le plus terrifiant roman qui a été écrit sur le sport ainsi dénaturé et transformé en étouffoir: W ou le souvenir d'enfance de Georges Perec (1).

    1 - Paris, Denoël, 1975 (nombreuses rééditions). Pour ceux qui veulent se prendre la tête sur cette question, La Choule se permet de renvoyer à l'article en ligne de Catherine Kintzler "Sport, jeu fiction et liberté".

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    PS.1  Vu le match Angleterre-Afrique du Sud à la télé. Quelle belle leçon de rugby. Admiré le savoir-faire de Du Preez, le calme olympien et la grâce de Montgomery, la rapidité de Habana... TF1 a fait un peu de progrès dans le cadrage et le commentaire, vous ne trouvez pas ?

    PS.2 La Choule passe à Radio classique jeudi 20 septembre à 8h40 et à la télé FR3 le même jour, à 22h30 (émission "Ce soir ou jamais" consacrée au rugby). Ah! Alain: je n'oublie pas Radio Suisse romande le même jour à 13h (en duplex de leur studio de Paris)... Presque une journée d'homme politique faisant le tour des plateaux un soir d'élections... épuisant !