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Galthié

  • Rugbyman-intello: le tandem tendance

    Rugbyman- intello, le tandem tendance

    par Mezetulle

    12h00. En attendant les deux matches décisifs d'aujourd'hui, je me sens fébrile et sur les dents. Je prends des risques insensés : je viens de laver mon maillot XV de France, sera-t-il sec pour 15 heures ? Si oui, ils gagnent, sinon euh... je n'aurai rien à me mettre (1).
    Rien de tel que quelque lecture frivole pour se calmer, feuilletage de la presse "féminine", ça fait beaucoup de bien..
    Alors je vous propose un pastiche.

    Choule attitude

    Héritiers d'une grande tradition, ils se mettent au goût du jour : les tandems rugbyman-intello sont très tendance en ce moment.
    La Choule en a repéré trois. A vous de choisir votre style.

    Le plus classe : Galthié-Lacouture, une technique de virtuose, ça tombe parfaitement, impec. La cuisine au Champagne.
    Pour celles qui emportent une robe-fourreau dans leur sac de week-end.
    (Sur La Choule, article sur le livre Lois et moeurs du rugby).

    Le plus BCBG - valeurs sûres : Herrero-Serres, un parfum de terroir et de nostalgie, poétique et robuste. La cuisine de tradition.
    Pour celles qui décidément reviennent toujours au tailleur Chanel.
    (Sur le site de l'Huma, article "Le rugby a-t-il encore une âme?" et sur le site de Philosophie magazine)

    Le plus décalé : Dominici-Kintzler, ou comment on se sent bien parce qu'on se sent mal. La cuisine des contrastes, pour amateurs de profiterolles et d'omelette norvégienne.
    Si jean + fourrure vous semble la tenue incontournable pour aller à l'Opéra et au Stade, vous adorerez.
    (Sur le site de Philosophie magazine, et sur La Choule)

    Sommaire du blog 

    Bravo les Bleus !

    1 - 19h00 : il était sec à temps ouf! non seulement j'étais dans une tenue décente, mais ils ont gagné ! Bravo Beauxis, Domi, capitaine Serge et les Bleus ! Mais il va falloir se mouiller dans les eaux agitées de Cardiff... 

  • La professionnalisation. Sur le livre de Gatlhié et Lacouture

    Réflexions sur la professionnalisation : travail et re-création. Le "désentraînement".
    A partir de l'entretien entre Jean Lacouture et Fabien Galthié : Lois et moeurs du rugby, Paris: Dalloz, 2007

    par Mezetulle 

    Un tout petit livre, grand comme un paquet de cigarettes, pétillant d'intelligence, fait le tour sous forme brève des questions de jadis, naguère, aujourd'hui et demain au sujet du rugby. La collection qui l'accueille, à la frontière du droit et de la sociologie, ne s'y prêtait apparemment pas mais si l'on y réfléchit bien, quoi de plus représentatif du rapport entre loi et coutume que le rugby? quel sport d'équipe est plus intéressant dans la complexité de ses règles et la souplesse de leur applications?

    On y trouvera, sur le ton de l'entretien mais sans rien céder à l'exigence de la pensée la plus fine et de l'élégance d''expression, des réflexions brèves et denses sur les principes, le nombre, la variété, les règles et leur évolution, l'ovale, le score ("les points du bonheur"), l'arbitrage, la violence et son apprivoisement, les grandes nations du rugby et une foultitude d'autres choses encore. Par exemple, au sujet de l'implantation inégale du rugby en France, on est soulagé de lire une explication résolument et purement politique (puisqu'il s'agit de volonté, en l'occurrence de mauvaise volonté) sous la plume de Fabien Galthié : "les éducateurs d'Agen ou de Toulouse ne veulent pas s'installer à Quimper ou à Arras" (p. 110). C'est très simple, tellement simple et lumineux qu'on s'en veut de ne pas y avoir pensé. Quelle santé dans l'exercice du bon sens - dont on  voudrait qu'il soit un peu mieux partagé ! medium_LacoutureGalthié.jpg

    Un chapitre a particulièrement retenu mon attention.
    Intitulé "Savoir aérer la vie des joueurs", il prolonge quelques autres moments de réflexion sur la professionnalisation. Tout a été dit et rabâché sur les "dangers", de la professionnalisation, sur ses méfaits, et surtout de la manière la plus vulgaire  - ça "pourrit" le sport, il y a trop de fric, on nous gâche nos belles traditions, etc. Comme si un talent dont la carrière est courte n'avait pas le droit à la reconnaissance matérielle. Comme si l'amateurisme n'avait jamais été accompagné de pratiques "marron" (les "enveloppes") de type paternaliste ou féodal avec leur cortège d'asservissements. J'ajouterai : comme si on devait passer sous silence la lutte des classes qui au nom de l'amateurisme a longtemps imposé la loi des artistocrates et des rentiers, de ceux qui ont du loisir pour faire du sport.
    Mais le dialogue entre Galthié et Lacouture aborde un autre aspect qui me semble particulièrement d'actualité après la défaite du XV de France contre l'Argentine. Galthié envisage la question du côté "moral" - non pas la morale prêchi-prêcha habituellement déversée sur cette question à grands coups de chapeau à panache en toc façon Cyrano de Bergerac (ce loser) - la morale comme conduite quotidienne de vie, comme "praxis" : le travail qu'on effectue sur soi-même. Voici un extrait (p. 126) :

    L'une des questions que pose le professionnalisme est celle du temps libre donné aux joueurs, pour qu'ils aient envie de se revoir ; il faut entretenir l'enthousiasme, la passion. Pour moi, la "récupération", ou ce que j'appellerais "le désentraînement" sont absolument essentiels. C'est la condition d'un équilibre fondamental. Il faut aérer la vie des joueurs.

    Effectivement, le plus grand péril de la professionnalisation, c'est que les joueurs ne jouent plus, ils travaillent, et de ce fait ils risquent d'être pris dans la logique de la culpabilité, de la dette : cela peut devenir un étouffoir qui les rend mauvais à tous les sens du terme... Faire de sa passion son métier, pas si facile : lorsque j'ai envisagé de devenir professeur de philosophie, j'ai eu cette peur d'étouffer ma passion en la faisant entrer sous le régime de la "vraie vie", du sérieux de l'ennui. Il était vital pour moi de faire aussi autre chose : de la musique, de la montagne... aller au théâtre, regarder les matches de rugby !!! Autrement dit : jouer, vivre une autre vie par fiction, pouvoir se payer le luxe d'être autre pour pouvoir être soi-même.

    La surpréparation est, on le sait bien, une mauvaise chose : elle survient lorsqu'on pense qu'on n'en fait jamais assez, jamais assez longtemps. Et tout ce qui a une odeur de culpabilité, de dette, est triste et mauvais, affaiblissant. La coupure est donc nécessaire : il faut vivre autre chose que la "vraie vie", il faut vivre sous forme de fiction, jouer, aller au cinéma, au théâtre, "se faire du cinéma". Comme on dit à l'école, il faut des récréations : de la re-création de soi.

    Cette réflexion est très simple et très profonde. Elle souligne que, en devenant professionnel, le rugby peut perdre son aspect "ontologique", "gratuit" ou "libéral". Il le perd de façon certaine si les joueurs sont mis au régime de la dette et de la culpabilité, qui se traduit en continuité étouffante sans possibilité d'en sortir. Si on m'avait demandé de faire de la philosophie 24h sur 24 en m'enfermant dans un lieu idéal avec super-bibliothèque, salles de cours luxueuses, etc., cette passion serait devenue pour moi un enfer, pire : j'aurais fait de la mauvaise philosophie, j'aurais mal fait. Et mal faire, c'est faire le mal et se faire mal. Pour conserver le moment libéral et gratuit (caractéristique du jeu) d'une passion lorsqu'on en fait son métier, on doit s'y donner à fond certes, mais une partie du temps seulement, un temps raisonnable de travail. Sans se mutiler par une monomanie. Il faut prendre l'air. Galthié conclut le chapitre par une phrase audacieuse : "il faut savoir raccourcir les entraînements".

    La question du temps et de la fréquence est donc décisive. Les tyrans et tortionnaires sont passés maîtres dans l'artmedium_WPerec.jpg d'organiser la vie des autres de façon à leur boucher tous les points de fuite, y compris et surtout celui qu'ils puisent dans leur propre pensée. On relira à ce sujet le plus beau et le plus terrifiant roman qui a été écrit sur le sport ainsi dénaturé et transformé en étouffoir: W ou le souvenir d'enfance de Georges Perec (1).

    1 - Paris, Denoël, 1975 (nombreuses rééditions). Pour ceux qui veulent se prendre la tête sur cette question, La Choule se permet de renvoyer à l'article en ligne de Catherine Kintzler "Sport, jeu fiction et liberté".

     Sommaire du blog

    PS.1  Vu le match Angleterre-Afrique du Sud à la télé. Quelle belle leçon de rugby. Admiré le savoir-faire de Du Preez, le calme olympien et la grâce de Montgomery, la rapidité de Habana... TF1 a fait un peu de progrès dans le cadrage et le commentaire, vous ne trouvez pas ?

    PS.2 La Choule passe à Radio classique jeudi 20 septembre à 8h40 et à la télé FR3 le même jour, à 22h30 (émission "Ce soir ou jamais" consacrée au rugby). Ah! Alain: je n'oublie pas Radio Suisse romande le même jour à 13h (en duplex de leur studio de Paris)... Presque une journée d'homme politique faisant le tour des plateaux un soir d'élections... épuisant ! 

  • Stade français : la régularité paie

    La régularité paie. Stade français-Biarritz.

    par Mezetulle

    J'ai passé la soirée d'hier dans un bistrot parisien où j'ai suivi le superbe match BO-Stade français, remporté par le Stade français 18 à 6 (avec deux essais, dont un contre époustouflant de Brian Liebenberg).

    J'avais promis, c'est vrai, les photos de ma tenue de supporter. Mais, pressée par le temps, (j'ai dû prendre un taxi in extremis, sortant d'un jury de thèse qui a duré plus de 4h : eh oui, ça aussi c'est une épreuve physique) j'y suis allée en "costume de ville"... petit ensemble jean très neutre qui ne vaut pas un portrait.

    Et pourtant ce match-là, il aurait fallu le voir en grande tenue et drapeau au vent, ce match auquel j'aurais voulu être. Je dois dire que mon image de l'Ovalie Sud-Ouest en a pris un coup avec ce public démonté du stade de Bordeaux, sifflant copieusement les Parisiens sans aucun fair play - ceux-ci jouaient vraiment "à l'extérieur"! Mais peut-être fallait-il y être, comme je l'ai dit dans un précédent article ? D'ailleurs ce n'était pas mieux, mais pour d'autres raisons, dans le bistrot où je suivais la rencontre : franchement il n'y a qu'à Paris où pendant un tel match on se trouve environné de partisans hostiles à l'équipe rose. Je vous mets au défi de trouver ça ailleurs. C'est ça la grandeur d'une capitale : personne n'y est "d'ici"... tout le monde y est "d'ailleurs". Paris je t'aime parce qu'on s'enflamme pour le BO dans tes bistrots où il sera de bon ton dans une semaine de soutenir Clermont ou Toulouse, parce que tu nous montres que les racines, comme le chant des sirènes, sont intéressantes surtout de loin.medium_BOSF1erjuin.jpg

    Et à lire le Midi Olympique paru le matin même, on ne donnait pas cher des maillots fleurdelisés : un pack diminué, une équipe essoufflée, à moitié à l'hosto (mais qu'est-ce que ça aurait été s'ils avaient eu la pêche ?). Oui un pack très limite, mais l'intelligence d'en faire sortir la balle très vite, malgré l'application de l'arbitre à faire recommencer chaque mêlée... tout cela avec une très bonne gestion du temps.

    Le BO a montré son grand coeur (voilà que je commence à écrire comme le Midol maintenant !) et a dominé pendant dix minutes à couper le souffle (je parle de celui des spectateurs) en seconde période. Serge tu as été, comme d'habitude, impeccable. Mais ça c'est un peu gâté lorsque les biarrots ont commencé à soupçonner, à quelques minutes de la fin, que c'était possible de perdre...

    Yachvili déclare juste après le match sur Rugbyrama

    On a été forts en mêlée, mais ils nous ont bien embrouillés, ils ont été malins et l'arbitre ne les a pas sanctionnés. Malheureusement, c'est comme ça.

    Dimitri, mon petit prince si élégant d'habitude, je comprends que tu sois dépité, mais tu ne t'es pas vu toi-même arrosant copieusement de coups de poings un adversaire en marge de la bagarre générale ! 

    Je garderai le souvenir de Fabien Galthié ce soir-là : sur son banc à la fin du match, froid comme une carpe, pianotant sur le clavier de son téléphone, exactement la même tronche qu'à la mi-temps alors que le Stade français était mené. Tu as raison Fabien et tu as la classe : il ne faut jamais croire que c'est perdu, jamais croire que c'est gagné, et même quand c'est gagné, il faut toujours penser que ça aurait pu être perdu. C'est l'image même de la saison irréprochable et de la régularité du Stade français.

    Et maintenant, place à la demi finale Toulouse-Clermont : Greg, je pense moi aussi que Clermont est capable de gagner! 

     Sommaire du blog