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Top 14 - Page 3

  • Le concept de "non-perdant"

    Le concept de "non-perdant"

    par Mezetulle

    Palme décernée à Patrice Lagisquet pour un bel euphémisme plein d'ironie entendu ce matin à France-Info.

    Interrogé au sujet des matches peu convaincants qui ont finalement vu la "victoire" du Biarritz Olympique contre Brive (en Top 14) le 2 novembre par 7 à 12 et contre le club anglais des Saracens (en Coupe d'Europe) hier par 21 à 22 - matches remportés principalement par les pénalités tirées par Dimitri Yachvili, et où on a vu, malgré de très beaux déploiements et une grosse "envie", des cafouillages, de nombreuses passes approximatives - , il a en effet déclaré férocement medium_006-banderole3-112.jpg:

    "On continue à ne pas perdre." 

    C'est exactement ça. On aurait presque cru qu'il parlait d'un club de foot... où on peut aller très loin comme ça. Et d'ajouter, rassurant, sur le site du BO : "là, on n'a pas encore la bonne carburation". 

    Le site du BO possède une rubrique "les bons mots"... mais je n'y ai pas trouvé (encore) celui-ci. 

    Quant à mes chouchous du Stade français, pas besoin d'inventer un concept pour eux : ils viennent de perdre dans les grandes largeurs contre Bristol 17 à zéro. Perdant, carrément, même pas "non-gagnant" : au diable la litote, restons classique !!!

    PS. Greg, je n'ai pas trouvé de mouchoir jaune pour Clermont, "non-gagnant" contre Munster, mon mouchoir rose, ça ira ? 

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  • Pas de deux en rose et noir

    Un pas de deux en rose et noir
    Commentaire de la photo de R. Perrocheau

     par Mezetulle

    Ceux qui ont vu l'article que j'ai eu la chance de publier dans Libération le 8 novembre auront remarqué cette magnifique photo en grand format qui le surplombait. Elle a été prise par Romain Perrocheau (agence Icon sport) qui a eu la gentillesse de me l'envoyer et de m'autoriser à la publier sur La Choule (1). Je le remercie infiniment. Vous pouvez la voir aussi dans l'album que je lui consacre : elle vaut bien un album à elle toute seule !

    medium_PhotoRPerrocheau.JPG

    Cette photo est admirable, par son sujet, par sa temporalité, par le mouvement qu'elle arrête et révèle, par ses couleurs, par tout ce qu'elle concentre du rugby. Elle fait le tour de ce que Roland Barthes, dans La Chambre claire, appelle le studium et le punctum. C'est un chef d'oeuvre par lequel mon article n'a pas été illustré (quel vilain mot!), par lequel il a été honoré, défié, exalté, couronné.

    D'abord, son sujet. L'essai de Vincent Clerc à la 7e minute du match Stade toulousain - Stade français Paris à Toulouse le 3 novembre. Essai fulgurant où il aplatit la balle dans l'extrême coin de l'en-but, pendant une petite fraction de seconde. La photo pose la question du temps (que la vidéo vulgairement résout) : va-t-il aplatir avant ? Avant que la balle ne sorte, avant que Jeanjean ne le pousse en touche... Le punctum est dans ce suspens, et la photo serait moins belle si elle montrait l'instant d'après. En écartant l'instant définitif, elle montre le véritable instant, l'instant décisif où les choses sont suspendues, où le seul contact avec le sol est un demi-centimètre de la pointe du pied droit de Clerc - alors que Jeanjean, lui, est carrément en plein vol. Tous deux en atterrissage, mais encore dans l'élément aérien.

    Cet essai en suspens aimante toute la photo et construit le studium en la polarisant tout entière sur le ballon. Les lignes de tous les regards convergent et unissent les deux joueurs, l'arbitre, les spectateurs tétanisés, tous inclinant leurs corps vers cet ultime point qui s'échappe en partie par l'angle inférieur droit de l'image. Hasard ou suprême art du cadrage ? Mais même si c'est un hasard, c'est un art d'avoir retenu cette photo, d'avoir su voir que cette apparente imperfection était une perfection. Imaginons un instant qu'on voie le ballon tout entier... la photo retomberait alors dans l'ordinaire informatif.

    Chacun effectue cette inclinaison du corps à sa manière, selon son rôle et selon sa complexion. Les joueurs la produisent, élégamment, puissamment, totalement. L'arbitre la poursuit, s'essoufflant vers la vision d'une décision qu'il ne pourra pas prendre. Les spectateurs la miment, par une torsion que le rugby engendre même sur le plus avachi des fauteuils. Ici, dressés comme des ressorts projetés hors des "bacs à cul" inconfortables que sont les sièges des stades, on ne distingue même plus les supporters de telle ou telle équipe : Clerc en tire les ficelles au bout de ses doigts. L'ambiance revancharde et lourde qui régnait ce soir-là à Toulouse, perceptible même à la tv, se dissipe, se sublime, unissant les voeux contraires dans un élan rédempteur qui abolit les injures, les bras d'honneur, les sifflets... tout le monde est projeté dans l'éther, au-dessus des "miasmes morbides", dans l'élévation de ce qu'il faut aussi appeler un pas de deux en rose et noir.

    1 - Il va sans dire que cette image n'est pas libre de droits... mais ça va mieux en le disant !

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  • Le drapeau rose assommé par la brique rose

    Le drapeau rose assommé... par la brique rose
    Stade toulousain - Stade français 3 novembre

     par Mezetulle

    medium_BriquesGalets.jpg Une brique toulousaine flamboyante... impénétrable et dure dans la défense, brûlante dans mêlées et les mauls, légère dans les renversements d'attaques dignes d'une anthologie. Si seulement on s'était régalé comme ça tout au long de la CdM !!!

    Rien à dire, rien à faire : mes chouchous ont pris une belle leçon. On peut toujours se consoler en disant que c'est une espèce d'équipe B, que tout le monde est à l'infirmerie, qu'il y avait des jeunes pleins de promesses, que Toulouse avait ses "ténors" augmentés d'un Kelleher souverain... et que le contentieux France-Argentine est venu surdéterminer cette rencontre (ce qui s'est un peu vu à la fin..!). Rien que de voir la tronche de Fabien Galthié à la mi-temps, on avait compris que le mot d'ordre ne pourrait être que défensif : limiter les dégâts, c'est tout ce qu'ils pouvaient tenter de faire... et qu'ils n'ont pas trop fait, encaissant un essai à la dernière minute, même si Skrela était dans un de ses bons jours.

    Chargé de briques roses jusqu'à la gueule, le vaisseau parisien boit la tasse. Entreprise de renflouage souhaitée et urgente si on ne veut pas voir certain Bouclier partir à la dérive.

    Plombée par la déception, je suis incapable d'écrire un article agréable à lire : je vous renvoie au superbe article de Benoît Jeantet sur son blog Rugbymane

     
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  • Ouverture Top 14 au Stade de France

    Ouverture Top 14 au Stade de France

     par Mezetulle

    Stade français Paris - Clermont ASM, 27 octobre.

    Un match très offensif (on avait oublié que ça existe !) où on a vu de très belles actions, dominé par les Parisiens en 1re mi-temps, et par Clermont en deuxième moitié de seconde mi-temps qui a concrétisé une magnifique succession d'attaques par un essai de Broomhall. Le score est presque celui de la finale de la dernière saison mais le match présentait une physionomie très différente, beaucoup plus équilibrée. Je dois dire que j'ai bien mieux aimé celui-ci, avec une pensée pour Greg et Christophe : j'avais bien sûr revêtu l'écharpe bicolore du 9 juin !medium_27102007_004_.jpg Et les Clermontois sont là, moins nombreux que le 9 juin (en regardant bien : petite zone jaune sur la photo), mais le ramage est bien plus volumineux que le plumage ! 

    Malgré une toute fin de match un peu cafouilleuse - essai refusé à Clermont au motif que Cudmore s'est introduit dans l'en-but en rampant et n'aurait donc pas "aplati"... bon, je n'étais pas de ce côté et je n'ai absolument rien vu - et pas mal de fautes, mes chouchous ont gagné 23-17. Après avoir vu l'essai de Mirco Bergamasco, le drop puis l'essai de Liebenberg, enfin Saubade traverser le terrain avec le ballon sous le bras, j'ai la certitude qu'ils vont vraiment s'accrocher au Bouclier très très fort et chercher les points de bonus. 

    Maintenant que je suis une habituée des lieux (voir "Le Stade de France pour les nuls") j'ai fait un parcours sans faute. Plus une seule hésitation de "bleu" au sujet de la meilleure station RER, du ravitaillement en eau, du parapluie qu'il vaut mieux laisser à la maison - d'ailleurs il ne pleut pas.

    medium_27102007_001_.jpgNon, la question "branchée" c'était plutôt : qu'est-ce que l'équipe de Max Guazzini aura inventé cette fois pour nous épater? Parce que le maillot camouflage on l'a déjà vu (pas terrible, surtout sur une pelouse). Je ne parle pas non plus du spectacle équestre, du mini-concert de Calogero, des Girls du Moulin Rouge... n'en jetez plus.

    Déjà vu aussi le 9 juin : le tour de piste du Bouclier de Brennus. Alors là vous allez dire que je charrie, je suis vraiment difficile, blasée. OK mais quand même c'était la moindre des choses de le montrer encore une fois ! Et dans quel cortège : des motards ouvrant la voie à une Cadillac rose bonbon ! Un look rock d'enfer !

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     Et là, oups, il est passé (la photo numérique, surtout sur un téléphone portable, ça ne vaut pas les bon vieux reflex mécaniques au 1/1000e de seconde), vous pouvez juste voir un petit morceau d'une des Girls qui tiennent le glorieux trophée :

     
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    Et puis arrive sur la pelouse un char avec ce gros oeuf-ballon doré

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      qui éclôt, medium_27102007_015_.jpg
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
    livrant passage à une Girl qui joue les poupées russes : elle tient dans ses mains le ballon, le vrai, pour le coup d'envoi ! 
     
     
     
     
     
    Le clou de tous ces joujoux qui entourent le jeu, c'est, tenez-vous bien, un "feu d'artifice de jour" (sic) qui clôt la rencontre. Comment fonctionne cet oxymoron ? Il fallait juste y penser : on enfume le stade autant qu'on peut avec des fumigènes sur le pourtour qui pétaradent en chapelet, et quand la fumée est bien épaisse, on tire les fusées lumineuses qui s'élèvent sur fond de volutes ! 
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    Mais bon sang, mais c'est bien sûr, ce truc-là, je l'ai déjà vu... à l'opéra !
     
    Il y a des gens qui font la fine bouche au sujet de l'opéra, précisément par amour de la musique, qu'ils accusent de se vautrer dans la vulgarité, de se fourvoyer dans "ce profane spectacle au théâtre étalé"...  Ils prennent des airs dégoûtés et vous font la leçon en vous regardant de haut : la musique, ce n'est pas ça, la musique, la vraie, la bonne musique, c'est celle qui se joue dans un petit cercle d'initiés auxquel vous aurez bien du mal à accéder, et qui vous remplit d'un sentiment quasi-religieux.
    Mais moi j'aime l'opéra, spectacle à la fois grandiose et désacralisé. 
     
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  • Fluctuat nec mergitur

    Fluctuat nec mergitur. Paris champion de France

      par Mezetulle

    Le Stade français s'est fait très peur lors de la finale du Top 14 remportée hier soir sur Clermont (23-18) en vérifiant la devise de Paris "Fluctuat nec mergitur"... il flotte et n'est jamais submergé. medium_ParisBlason.3.jpgJe traduirais plus librement pour la circonstance : il boit la tasse en première mi-temps, puis sort la tête de l'eau en toussant, reprend son souffle, se souvient qu'il sait encore nager, retrouve son latin et arrache la victoire par deux essais (Pichot et Samo) transformés (Hernandez).

    Car du flottement, il y en a eu en première mi-temps, pour tout dire calamiteuse côté parisien... Touches mal inspirées, mêlées en reculant, pénalités et drop manqués, et surtout l'absence de ce je-ne-sais-quoi qui fait qu'on y croit. Drapeaux roses en berne, figés dans un Stade de France principalement animé par les dynamiques supporters jaunes de Clermont, survoltés à juste titre car l'équipe de l'ASM Clermont est dominatrice, offensive, bien sur ses jambes et offre un très beau jeu qui se concrétise par un score on ne peut plus net et mérité à la mi-temps : 9-0 en faveur de Clermont, score aggravé de 3 points encore dans les premières minutes après la reprise.

    Mais la seconde mi-temps a été ensuite le théâtre d'un retournement, avec un beau travail tactique du Stade, une excellente gestion des changements de joueurs (on appelle ça le coaching, non ?), une métamorphose physique et mentale qui s'installe et qui se matérialise dans un bouquet final.

    Autant que dans l'expérience technique, c'est dans sa force morale, une morale toute simple qui ne cède ni à l'abattement ni à l'euphorie (mais j'y reviendrai, vous n'échapperez pas à un peu de philo...) que le SF est allé puiser sa victoire en surmontant un déficit de fraîcheur physique maintes fois souligné par la presse. Cette égalité d'humeur trouve son répondant efficace dans la régularité d'une saison exceptionnelle. Le treizième Brennus du SF ne s'est pas décroché, tel une fiente de pigeon, d'un ciel capricieux pour tomber sur la tête de Paris - c'est un trophée largement mérité qui lève et fleurit d'un sillon patiemment creusé sur les pavés!(1)

    On en a vu de toutes les couleurs avec Christophemedium_Avec_Christophe.jpg (photo ci-contre repiquée sur le blog de Greg lundi matin), le papa de Greg avec qui j'ai assisté au match depuis la tribune Est - très bien placés dans la longueur du terrain juste avant le virage Nord Est. Et quel fin commentateur ! J'ai savouré, medium_FinaleTop14Soleil.jpggrâce à lui, une analyse de match sur le vif. J'ai passé une excellente soirée et pas seulement parce que mes chouchous ont gagné. La satisfaction d'y comprendre quelque chose, d'avoir aussi un regard plus distancié, lucide, est bien plus agréable que la joie bête incapable de s'extraire de la glu de l'identification immédiate "on a gagné"... Merci Christophe pour ce regard serein, et aussi pour l'écharpe bicolore de la Finale Paris-Clermont !

    Dans le RER à mon retour, une dame (pas tout à fait mon âge mais pas vraiment une minette) en bleu et jaune s'étonnait que les Parisiens une fois dans le métro n'exultent pas bruyamment et se contentent d'agiter les drapeaux roses avec un air béat et presque étonné : "vous ne faites pas la fête dans le métro ?" C'est que tout simplement ils ont eu peur et qu'ils n'en sont pas encore revenus ! C'est que peut-être comme moi ils goûtent le plaisir d'une victoire considérée avec un peu de recul. Et pourquoi écraser les autres quand on a senti pendant 70 minutes le vent du boulet?

    C'est aussi, il faut le dire, qu'ils ont rendez-vous dimanche matin sur les Champs-Elysées pour fêter ça. Il va y avoir du rose pour enrubanner le bouclier de Brennus. La photo à droite a été prise lors de son passage à la fin du match, il faut vraiment le savoir : ça vous donne une idée de la nullité du reportage photo que je vais essayer de placer demain en album (2). J'espère que Christophe et Greg feront mieux sur le blog du Mini-jaune, ce ne sera pas difficile...medium_FinaleTop14Le_Brennus.jpg

    Greg ne pleure pas, j'ai confié à ton papa le tee-shirt rose que, suivant les conseils d'Ovalove, j'avais jeté sur mes épaules par-dessus le polo marine fleurdelisé. Il te le donnera de ma part et surtout dis-toi bien que c'est celui de La Choule avant d'être celui du Stade français. Plus une minisurprise jaune. Nous y étions !

    Il est 2h, je vais me coucher, encore une rude matinée demain à arpenter les Champs-Elysées. C'est dur la vie de supporter, finalement.

     Sommaire du blog

    1 - Là, en me relisant, je trouve mon style un peu enflé... Je ne suis pas encore au niveau du Midol, mais le genre sublime n'est pas loin. Je suis sûre que Lio appréciera le rapprochement entre la charrue et le marteau-piqueur.

    2 - Dimanche soir :  l'album de la Fête du Brennus est en ligne. Voir aussi le match en photos sur le site de L'Equipe.