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  • La Monnaie ne paie même pas de mine

    La Monnaie ne paie même pas de mine

     

    Après la peinture, la gravure. La vénérable institution qu'est la Monnaie de Paris édite une pièce de 20 Euros à l'occasion de la Coupe du monde de rugby. Bien, très bien. Allons-y voir d'un peu plus près.

    En voici l'avers : .....medium_MedailleCoupeVerso.jpgmedium_MedailleCoupeRecto.jpg

                          ...... et le revers :

     

     

     

     

    Et là j'enrage, en voyant cette prétendue simplicité qui me semble plus proche de l'indigence. C'est plutôt fruste.

    Franchement, ils ne se sont pas cassé la tête. La gravure est sommaire, fondée sur l'aplat (il vaudrait mieux dire l'"aplati") et l'évitement de talent... le "pas nous pas ici pas maintenant", sans aucune trace du raffinement dont pourtant les artistes qui travaillent pour cette institution sont hautement capables...(voir par exemple sur le site la récente monnaie Vauban, qui a quand même une autre gueule, ou la série des monuments de France). Mais au fait, le rugby, ce n'est pas raffiné... mais oui, mais c'est bien sûr : la médaille est homomorphe à cette idée répandue ! Il faut dire que la pièce de la Coupe du monde de foot l'an dernier était à peine plus inspirée - heureusement pour le foot, les monnaies sont rondes ! Pourtant, la Monnaie nous avait habitués à beaucoup mieux avec sa médaille "Cinq nations" (voir le verso sur le site en cliquant sur la médaille (1)).medium_Médaille5_nationsREcto.jpgmedium_MonnaieFoot.jpg

    Cette pauvreté (je ne parle pas des prix, qui s'échelonnent, pour la même gravure, entre 28 et  651 € selon le titre de métal précieux) semble être devenue une veine minimaliste récente qui, malgré de beaux restes, s'étend de plus en plus. On sait que, par comparaison avec celles des autres nations qui n'ont pas hésité à puiser heureusement dans leur patrimoine artistique et historique (2), les pièces françaises de la monnaie européenne brillent par leur manque d'imagination et par conséquent d'images emblématiques : une récente exposition au cabinet des médailles de la BnF proposait ce piètre constat dans son document de commentaire. La frilosité honteuse est devenue un sport national bien-pensant, qui nous a récemment privés de la célébration d'Austerlitz, a mis un étouffoir sur le 4e centenaire de Pierre Corneille, et fait toujours obstacle - on ne sait pour quelle raison - au transfert des restes de Descartes au Panthéon. C'est sûrement très vilain d'avoir fait que "... les trônes, comme des feuilles mortes, se dispersaient au vent", d'avoir inventé la géométrie analytique, l'optique, la subjectivité moderne et - je garde le pire pour la fin - d'avoir écrit en alexandrins.

    (Heu, là, je suis presque sûre que Tillinac m'approuverait... ? Je suis vraiment injuste avec La Monnaie, car on trouve dans la collection une pièce Austerlitz, une médaille Descartes - voir ci-dessous - et une médaille Corneille. Mais je suis de méchante humeur : ce n'est pas fini, je continue sur ma lancée scrogneugneu.)

    Ma contemplation navrée de cette indigente pièce d'or s'enrichit encore d'un détail déprimant. Elle reproduit bien entendu l'inénarrable faute d'orthographe devenue obligatoire : on ne met pas Euro au pluriel même quand il y en a 20, de peur que quelques malcomprenants s'égarent. Du coup ceux qui croient que c'est écrit dans une langue n'y retrouvent même plus leur latin. Et si vous regardez bien une pièce de 50 centimes, on y lit dans ce nouveau sabir: "50 Euro cent" ce qui devrait, si on se risque à rétablir un ordre des mots intelligible et si on compte bien, faire 50 fois 100 = 5000 Euros, non ? Allez expliquer à votre percepteur que vous le payez de cette monnaie...

    Tout ce que j'espère c'est voir en septembre un XV de France libéré de cette "humilité vicieuse" (3), et quelques matches signés d'une écriture flamboyante s'inscrire dans la mémoire : il faut au moins cela pour résister à une conversion en pieux "devoir de repentance" ou autre génuflexion pauvre en matière et en esprit. Oser gagner autre chose que des sous, c'est mal ?

    1 - Au revers, je sais, les puristes feront observer que la mêlée a tourné de 90° ! Mais s'agissant de qualité de gravure "y a pas photo" !

    2 - Passe encore pour les monarchies, abonnées au sempiternel profil royal, mais qu'on pense par exemple aux superbes pièces italiennes, inspirées de Raphaël, de Léonard, du Colisée, de Botticelli... n'en jetez plus, on en a pour son argent !

    3 - Descartes, Les Passions de l'âme, article 159.

    medium_MedailleDescartes.jpgSommaire du blog

  • Galerie inédite Marine Assoumov

    Galerie inédite Marine Assoumov : un beau cadeau de l'artiste

     par Mezetulle

    La série "rugby et peinture" se poursuit avec un très beau cadeau que vient de m'envoyer Marine Assoumov.

    A la suite de la publication sur La Choule d'un article sur sa peinture, nous sommes entrées en correspondance mél. Et voilà qu'arrive un très beau cadeau : ce sont des images inédites d'oeuvres sur le rugby que Marine m'autorise à publier sur La Choule, et que vous ne trouverez donc pas sur son site.

    Merci Marine !

    Mais la visite de son site vaut vraiment le coup, ainsi que celle de son site spécialement consacré au rugby. Marine exposera au Stade de France pendant la Coupe du monde. 

    Voici la galerie inédite "Marine Assoumov peintre du rugby spéciale La Choule"
    que je suis fière de vous présenter

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    Marine Assoumov : "Les jumeaux", encre et cire colorée

     

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    Marine Assoumov : "Le ballon dans la tête", collage

     

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    Marine Assoumov : "Le petit couvé", collage

     

     

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    Marine Assoumov : "Gueules cassées", collage

     

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    Marine Assoumov : "Petite mêlée", gouache

     

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    Marine Assoumov : "Travail au noir", lavis

     

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    Marine Assoumov : "Dansant bleu", encre et gouache

     

     

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     Marine Assoumov : "Le beau fruit mûr", collage

    Voir sur ce blog l'article "Corps à corps avec la peinture" consacré à l'artiste.

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  • "Opéra, rugby, même combat"

    "Opéra, rugby, même combat": la Choule dans le Midol...

     par Mezetulle

    "Opéra, rugby, même combat" : tel est le sous-titre de l'article de Benjamin Gardel consacré à La Choule dans la livraison du Midi Olympique datée de ce vendredi, page 22. J'aime beaucoup ce sous-titre, qui condense à lui seul une grande partie des idées que je m'efforce de développer sur ce blog. L'article proprement dit est intitulé "Quand rugby et philosophie font bon ménage" : certainement!

     Oui, vous avez bien lu : un quart de page sur La Choule dans le Midol ! Mezetulle en est toute "gonflée", même si elle s'attendait à un petit quelque chose après un entretien approfondi et très sympathique au téléphone avec Benjamin Gardel mardi dernier, au sujet du blog... Mais tout de même, pas si vite, et pas autant..

    Inutile de vous dire que l'article est excellent ! Il y a même une copie d'écran du blog... Mon seul regret : en choisissant le design jaune, je n'avais pas idée du peu de contraste sur une page du Midol... ! On ne peut pas tout prévoir... aussi, je me rhabille en rose pour fêter la circonstance... !

    PS. du 24 juin. Voir l'article de Titi sur son blog. La Choule est encore au bord de l'explosion...

     Sommaire du blog 

  • Bernard Laporte secrétaire d'Etat

    Bernard Laporte nommé Secrétaire d'Etat

     par Mezetulle

    J'apprends à l'instant la nomination de Bernard Laporte comme secrétaire d'Etat à la Jeunesse et aux Sports. Comme les élections sont passées, je m'efforce de trouver une adaptation de la "règle Juppé" : si le XV de France ne remporte pas la Coupe du monde, il sera viré ?

    Que tout le monde se rassure : les Secrétaires d'Etat ne sont pas assujettis à la "règle Juppé", et même pas à la "règle Laporte" ("pas de faute, hein, pas de faute...!"). Il arrive même que dans les hautes sphères (publiques mais aussi privées) on soit récompensé pour les vilaines actions...

    Trêve de plaisanterie. La Choule lui souhaite bonne chance et de faire du bon travail !

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  • Marcel Polo, peintre d'un rugby emblématisé

    Marcel Polo, peintre d'un rugby emblématisé

    par Mezetulle 

    Après Marine Assoumov, je découvre Marcel Polo, un autre peintre du rugby, lui-même ancien joueur. Moins prolifique (du moins d'après la visite de son site) que Marine Assoumov, il travaille dans un autre registre de la peinture, celui qui accentue la pure planéité, l'exposition qui avoue la surface - alors que semble-t-il Marine pratique une peinture de "sculpteur" hantée par la poussée physique d'une troisième dimension, une peinture dynamique fondée sur le débordement par elle-même. Tel n'est apparemment pas le choix de Polo, et c'est une vision bien différente mais pas moins intéressante qu'il nous offre : une vision à la fois spectaculaire (au bon sens du terme, qui indique un rapport contemplatif au regard) et stylisée.medium_PoloMarcelFranceAngleterre.jpg

    Selon Hegel, la peinture se caractérise et s'extrait du champ plastique par son abstraction, la réduction à deux dimensions. Et l'histoire de la peinture moderne confirme par bien des points l'analyse de Hegel. Cette réduction, loin de se présenter comme un appauvrissement, est au contraire le lieu d'une réflexion sur la dimension absente et toujours évoquée, tantôt creusée comme vide et condition de possibilité par la perspective classique, tantôt contournée, rendue étrange et bouleversée (Cézanne) avant d'être à la fois niée et démultipliée par la peinture cubiste.

    Le choix de Marcel Polo, dans ses toiles acryliques fortement colorées et composées mais aussi dans de très épurés et classiques lavis, est de faire sauter le rugby aux yeux de manière emblématique en soulignant paradoxalement le côté "tableau" - fixation, suspension du mouvement, medium_PoloMarcelRugbyLavis26.jpgencadrement, canalisation du regard. Paradoxe supplémentaire, mais qui n'est pas sans rappeler la notion même de terrain du jeu : le tableau ici ne déborde pas du cadre, mais il s'y inscrit et le suppose comme constituant. La peinture de Polo vérifie les très belles thèses de Georg Simmel (1) sur le cadre et ses fonctions d'exaltation, de haute concentration du visible avec effet "boomerang" sur l'oeil du spectateur. Des morceaux de corps sont ainsi présentés, nullement déchirés ou tourmentés, nullement arrachés par une violence extérieure au jeu, mais au contraire comme signes et comme métonymies du jeu. Une peinture presque à la limite du blason.

    Mais la peinture, c'est un peu comme le rugby, la tauromachie, et l'opéra : il faut aller voir les oeuvres "en chair et en os" et de ses propres yeux. On attend donc l'annonce de la prochaine expo de Marcel Polo.

    PS du 20 juin : Marcel Polo annonce sa prochaine expo au Stade de France du 7 septembre au 20 octobre. Vernissage jeudi 6 septembre 18h30, auditorium du village Rugbycolor.

    Voir le site de Marcel Polo 

    1 - Simmel Georg, Le cadre et autres essais,  trad. et préf. par Karine Winkelvos, Paris : Gallimard, 2003.

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