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Mes coups de cœur - Page 5

  • J'ai 60 ans ! (note à la manière de Greg...)

    J'ai 60 ans et je prends ma retraite !!! (note à la manière de Greg)

     Ca y est j'ai eu 60 ans officiellement le 14 mai. Et je prends ma retraite maintenant !

    Je n'arrête pas de fêter ça. Avant de tomber complètement dans les vaps, je veux vous raconter les super cadeaux que j'ai reçus.

    D'abord, j'ai eu la bonne idée d'ouvrir un blog sur Paramourdurugby.com et j'ai eu en cadeau un super ballon Coupe du monde offert par la Société générale et par Serge Betsen avec sa signature. Grâce à Alain, j'ai fini par comprendre comment ça se gonfle, comme ça je ne mourrai pas complètement idiote et à plat.

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    La fréquentation des blogueurs et blogueuses très sympa comme Ovalove ou Titi et des supercheries littéraires de Brother rugby les pins m'a complètement décoincée. J'ai pris mon baptême au Stade de France le 13 mai, la veille de mon anniversaire. Et mes chouchous du Stade français ont sûrement gagné parce que c'était une bonne date. Là il faut me croire : cette photo a vraiment été prise la veille de mon anniversaire ! C'était le jour du match SF-USAP.

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    Trois semaines plus tard, mes chouchous ont mis une couche de rose sur le bouclier de Brennus après m'avoir fait très peur. J'ai essuyé une larme avec Greg parce que Clermont a vraiment très bien joué, mais j'étais quand même trop contente et je suis allée m'agiter sur les Champs-Elysées pendant qu'il faisait encore beau à Paris. J'ai commencé une collection de bus (mais là on ne me voit pas parce que je suis derrière l'objectif pour prendre la photo) :

    medium_10062007_006_.jpg

     (Mais en cliquant ici vous pourrez voir une vraie collection de bus)

    Depuis, on a un temps de Toussaint, alors j'ai continué la fête à l'abri. Devant mon ordinateur je me suis éclatée à faire plein d'articles intellos, ce qui m'a valu la promo "blog coup de coeur" du site... pas mal non pour un anniversaire ? (là on me voit en rose tout en bas avec Ovalove on est toutes les deux "coup de coeur". Les filles sont chouchoutées en ce moment.)

    medium_CopieEcranParamourdurugby.jpg

     Et entre filles on se soutient bien, on montre aussi qu'on aime le rugby: Marine Assoumov m'a fait cadeau de plein photos de ses oeuvres que j'ai publiées sur le blog.

    Pour mon départ, mes collègues de l'Université de Lille ont acheté plein de champagne, ils ont organisé avec les étudiants un spectacle rien que pour moi, avec des discours. Il a fallu aussi que je fasse un discours, mais là si je le mets sur le blog je vais immédiatement perdre mes galons de "blog coup de coeur" sur le site de Paramourdurugby... Il m'ont offert , avec un gros bouquet de fleurs, une linogravure de Miro, en plus elle est aux couleurs de Paris (mais si mais si, et c'est un tirage original). Je suis vraiment gâtée !

     

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    Les étudiants de leur côté ont organisé la semaine suivante (c'est à peine si j'ai eu le temps d'absorber quelques bouteilles de Vichy) une soirée arrosée dans un café philosophique très sympa, un endroit vraiment génial que je vous recommande si vous allez à Lille : ça s'appelle L'Ecart, mais ils ne sont pas du tout sur la touche.

    J'avais bien sûr mis mon polo fleurdelisé Stade français. Dans les rues de Lille, une seule personne a su le reconnaître!  Là vous pouvez me voir avec sur les épaules une superbe écharpe Christian Lacroix (encore un super cadeau), je vacille un peu et j'ai les yeux qui commencent à papillonner mais ça va encore, la photo a été prise en début de soirée.

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    Comme ils ont remarqué que j'aime bien manger et boire, ils m'ont offert aussi une invitation à un dîner gastronomique pour deux et une nuit (pour deux aussi !) dans un château - que je pourrai choisir, alors je vais aller en Ovalie. Le Spa de Serge, ce sera pour me refaire une santé après.

    Maintenant je suis tout le temps en vacances (qu'est-ce que tu dis de ça Greg ?) ou - version pessimiste - je suis privée de vacances puisque je ne travaille plus officiellement, ça risque d'être très dur, retraitée 24h sur 24 et 365 jours par an sans aucun répit. Heureusement que j'ai mes copains et que je sais m'occuper à écrire des tas de machins.

    Pour couronner cette magnifique année 2007, je suis tombée dans les bras de Christophe Dominici (le temps d'une photo, mais quand même...). Voir la photo à l'article précédent 

    Alors il ne manquerait plus que ça qu'"ils" n'aillent pas en finale de la Coupe du monde : ça ne ferait pas bien dans ma belle série 2007.

    J'allais oublier le dernier cadeau, j'ai appris ça hier dans le journal : Serge s'est décoiffé !! Il ne l'a pas fait vraiment exprès pour moi, mais je le trouve tellement mieux avec sa tête ébouriffée que c'est tout comme... (Là je n'ai pas trouvé de photo, et c'est presque mieux de l'imaginer sans ses tresses).

     Je suis trop contente !!!

    [Toute ressemblance avec le style d'un autre blog serait pure coïncidence.] 

     Sommaire du blog

  • Marine Assoumov, le rugby corps à corps avec la peinture

    Marine Assoumov : le rugby corps à corps avec la peinture

    par Mezetulle 

    Je découvre aujourd'hui le site de l'artiste peintre Marine Assoumov et déjà je me dis : comment ai-je pu passer si longtemps à côté ?

    En 1996 Marine Assoumov a été sollicitée pour une série de fresques par la mairie d'Auterive (Haute-Garonne) ayant pour thème... devinez quoi ? Le rugby bien sûr. A partir de ce travail initial, dix ans de passion prolifèrent, poussent leurs robustes fleurs et leurs majestueuses taches grasses et maigres en couleurs et en noir et blanc : des centaines demedium_Marine6.jpg toiles, de dessins, de collages où (selon une belle expression que je reprends à l'article de Thierry Blanchon qu'on peut lire sur le site) sont mis en scène "des guirlandes de corps puissants". Marine Assoumov a récemment exposé au Centre national du rugby à Marcoussis.

    Toutes les sensations, toutes les lourdeurs, toutes les finesses, tous les mouvements, toutes les emjambées, toutes les passes, tous les sauts, toutes les poussées, tous les chocs s'animent, prennent leurs couleurs, leur vie, leur corps et leur pâte dans un match éternel et infini où le rugby joue à être lui-même. Maillots rayés, tronches bardées d'élastoplast, corps intriqués dans des mêlées obstinées et grandioses, aplatissements glorieux et piteux, plaquages qui ont l'air d'embrassements, percussions à corps perdus, envols, torsions à la passe, crampons saturés de glissades, balles pétries ou échappées, avec des titres à vous en faire voir 36 chandelles : "Profil perdu à la fleur", "Le beau rugbyman", "Quintette orange", "Jeux de mains" "Poi lour", "Entremêlés". Une peinture qui réussit à faire vibrer la générosité de la force, la tendresse de la puissance, et dont se dégage une énergique civilité douce-robuste  - il faut oser ici l'oxymore comme en cuisine l'aigre-doux et comme cette gouache intitulée "La couvée du ballon" - Jean Lacouture n'aurait pas trouvé mieux.

    Je tiens à respecter l'interdiction de reproduction qui figure en clair sur le site. En espérant que Marine répondra favorablement à ma demande d'autorisation pour illustrer ce petit article, je me contente de vous faire voir la bobine de l'artiste dans son atelier, et je vous invite surtout à visiter les deux sites où on peut voir des diaporamas. 

    - Le site complet de l'artiste
    - Le rugby en corps à corps

     N.B. le 16 juin : Marine Assoumov expose à la Mairie des Mureaux du 18 au 24 juin et du 1er juillet au 19 août. Elle m'a très gentiment répondu (voir commentaire ci-dessous) et je me permets donc d'ajouter à cet article deux photos reprises sur son site.

    medium_Assoumov.jpg      

    medium_AssoumovLa_mêléeNB.jpgSommaire du blog
  • Le Stade de France pour les nuls

    Le Stade de France pour les nuls

    "Les nuls" : je parle bien entendu de moi, archétype de ceux qui débarquent dans ce haut lieu. Randonneuse acharnée autant que citadine fanatique, les préparatifs de mon baptême au Stade de France le 13 mai ont ravivé mes deux passions sportives, y compris dans leurs contradictions.

    Première chose, réflexe vital : regarder la météo. Et là, première antinomie. Si le temps (celui qu'il fait, qui, comme celui qui passe, est hors de notre contrôle) est incertain : k-way ou parapluie ? j'opte pour le parapluie, le pliable, en plus aux couleurs de ma ville (pardon, de ma cité, the only city in the world comme disent les New yorkais lorsqu'ils parlent de Paris) bleu et rouge.medium_kway.jpg
    Mauvaise pioche. Le parapluie, s'il parvient, au fond du sac, à passer la fouille réglementaire, n'est d'aucun secours : on ne peut tout simplement pas l'ouvrir s'il pleut, de crainte d'éborgner les voisins. Le résultat le 13 mai est que j'ai béni mon amie Marie qui avait eu la sagesse d'emporter un poncho supplémentaire dans son sac. Le piquant de l'affaire c'est que ledit poncho était jaune. Sachant que j'avais un béret "Coupe du monde" rouge, me voilà, le temps d'une averse, aux couleurs de l'USAP... mais finalement assez contente d'arborer l'oecuménisme avec mon drapeau rose. Bon c'est décidé, j'achète un k-way bleu fluo très voyant. Pourra servir pour soutenir aussi bien mes chouchous du Stade français que le XV de France : le principe fondamental du sac à dos (chaque chose doit pouvoir servir au moins à deux fonctions) sera du moins respecté. Que dis-je deux fonctions : on peut aussi s'asseoir dessus après l'averse. Un k-way drapeau-imper-tapis-de-cul c'est indispensable. Quelques morceaux de sopalin seront bienvenus pour essuyer le siège après la pluie.

    Il faut aussi regarder l'itinéraire. Ici on est en terrain ferroviaire, la boussole est inutile, donc pas medium_ratp.jpgd'antinomie. Mais la contradiction est interne à la cité : il faut choisir le bon RER car trompeusement le Stade de Fance est desservi par la ligne D et par la ligne B. Et entre les deux, il n'ya pas photo. Si vous prenez la ligne D, il y a "cinq à six minutes" de marche , c'est du moins ce que disent les habitués. Comme je suis parisienne, je sais très bien qu'il s'agit d'un euphémisme : chaque fois qu'un Parisien vous dit que c'est tout près à pied, suivi d'un chiffre en minutes, il faut multiplier par 3. C'est-à-dire ici un gros quart d'heure. Pour l'itinéraire, pas de problème, ce n'est pas indiqué, mais il suffit de suivre les autres. En revanche la ligne B  possède une station tout près (La Plaine Stade de France), vraiment tout près : une minute en chrono parisien piéton, c'est--à-dire 5 minutes de chrono normal.

    Pour la bouffe, pas de problème : un porte-monnaie garni suffit. Bannissons les barres de céréales, les concentrés chichiteux écolo bien-pensants et autres figolu de boy-scout. J'adore la malbouffe dans ces circonstances, le luxe de pouvoir manger un kebab qui sent la graille avec plein demedium_hamburger.jpg ketchup et une portion de frites bien salée.medium_kebab.jpg "Deux minutes dans la bouche, vingt ans dans les fesses" : je m'en contref... car je viens d'avoir 60 ans et 20 ans encore même avec de grosses fesses, je suis preneuse. J'ai connu un bonheur comparable aux US lors d'un match de baseball où j'ai mangé le "sandwich" (c'est comme ça qu'ils appellent le hamburger) le plus horrible de ma vie avec délices, dégoulinant de sauce sucrée.

    medium_bouteille.jpgLa boisson. Deuxième antinomie : gourde (côté randonneuse) ou petite bouteille plastique (côté citadine) ? J'opte pour la petite bouteille. Bonne pioche. Même que le contrôle vous la débouche et jette le bouchon, des fois qu'il vous viendrait l'idée de la lancer sur la pelouse : elle se videra et ne fera pas mal. J'ose à peine imaginer ce qui serait arrivé à ma gourde Tetras toute cabossée de souvenirs pyrénéens... il aurait fallu la laisser à la consigne ?

    Appareil photo bien sûr. Mais si vous n'avez pas un téléobjectif confortable, vous resterez limité à la photo de famille. Les joueurs surtout auront l'air de fourmis. Jumelles, évidemment. De randonnée ou de théâtre ? Mais c'est pareil maintenant ! Crème solaire et lunettes de soleil très utiles. La visière (casquette, visière de golf, ou béret  - malléable peut servir en été et en hiver) est indispensable, le bonnet laissons ça pour les manchots.

    Maintenant le fin du fin. Des lingettes démaquillantes ou des rince doigts ou des lingettes dites "féminines" : ça c'est lemedium_supporters_maquillage.jpg top et en plus c'est dans le sac de toute façon, qu'on soit randonneuse ou citadine. Comment en effet éviter le stand de maquillage ? On vous barbouille si gentiment que c'en est un plaisir. Mais le problème c'est le retour. Le maquillage vire, tout le monde vous regarde dans le métro, vous avez l'air d'un plouc, et je ne vous dis pas en plus si votre équipe a perdu : le drapeau passe encore on a sa fierté, mais du rose ou n'importe quoi d'autre dégoulinant sur la tronche c'est pire qu'une gueule de bois. Essuyez moi-ça mesdemoiselles et tenez-vous droites.medium_Toilettes.jpg

    Ah encore un truc qui m'a vraiment étonnée, si on compare avec l'Opéra (car sur ce plan la comparaison avec la randonnée n'a aucun sens) : le Stade de France est le seul endroit où à l'entracte (à la mi-temps) ce sont les hommes qui font la queue pour pisser, tellement ils sont nombreux et tellement ils ont bu de bière free à 0°. Ici, même avec les mômes à bretelles qui entrent dans la cabine avec maman, ça va plus vite chez les dames !!! C'est sûr j'y retournerai !

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  • Le Stade de France comme à l'opéra !

    Le Stade de France, comme à l'opéra ! (Stade français-Perpignan)

    par Mezetulle

    Cette rencontre Stade français-USAP Perpignan n'est probablement pas un match digne de figurer dans l'anthologie des modèles à étudier dans les académies. Les Parisiens ayant "assuré" le minimum, dominateurs dans la conquête du terrain surtout en 1ere période, les Catalans souvent privés de balle mais très rapides et dangereux en contre (ce sont eux, tout de même, qui ont marqué l'unique essai - Jérôme Porical...).

    Impression que tout le monde était sur la corde raide, qu'il manquait de chaque côté le petit chouya, le je-ne-sais-quoi qui vous enflamme, qui concrétise ici la force et la régularité, là le panache et la fulgurance... Et que dire du rythme medium_sf-usap13mai.jpghaché, décourageant, de la seconde période? Comme un soufflé, pourtant très bien préparé avec tout ce qu'il faut de bonnes choses dedans, qu'on remettrait trop souvent au four, qu'un rien ferait monter mais qui retombe ? Il faut dire qu'une monstrueuse averse juste avant le coup d'envoi a transformé en cinq minutes la pelouse en patinoire et les balles en savonnettes... Un grand coup de chapeau à David Skrela pour ses buts impeccables. En revanche Nicolas Laharrague qui a manqué une transformation et une pénalité pour Perpignan n'était pas dans un bon jour... Supportrice de Paris, je suis vilainement soulagée devant cette malchance... mais pas fière : on aimerait applaudir l'équipe qu'on soutient avec des sentiments plus avouables que la "Schadenfreude" (1).

    Mais là je me rends compte que je raisonne comme si j'étais restée devant mon poste de télé, alimentant mes commentaires de la lecture des sites internet pour avoir les détails techniques et disséquant le score très juste (12-11) en faveur de Paris.

    Or j'y étais. J'y étais avec mon amie Marie, et à une très bonne place, juste au milieu du terrain, au 4e rang s'il vous plaît.... presque trop bas ! Allez, j'avoue tout maintenant : c'était mon baptême au Stade de France, et mon baptême pour un match de ce niveau, moi qui n'avais vu que des matches de collège... en plus la veille de mon anniversaire !

    Et c'était comme à l'opéra (que je fréquente beaucoup plus que les stades, d'ailleurs c'est bien moins cher !).

    Comme à l'opéra, j'ai savouré le charme de la présence ici et maintenant des corps, dans leur fragilité et leur splendeur, dans leurs ratés (possibles... et réels) et leurs excès de folie, d'adresse, d'ingéniosité, la performance individuelle des virtuoses qu'on attend au tournant et la majesté des choeurs qui poussent. Dans une salle d'opéra, ou de concert, le son des voix et des instruments est à la fois infiniment doux et infiniment fort, infiniment moelleux et infiniment perçant, infiniment flatteur et pourtant peu s'en faut que ce ne soit légèrement désagréable. Aucune chaîne hifi ne restitue cette sublime imperfection, cette certitude sous condition d'effondrement, ce plaisir qui peut se gâcher. Et ici c'est pareil : les corps qui se tendent, qui évoluent, qui attendent, qui courent, qui poussent, qui s'essoufflent, qui saisissent la balle et qui la ratent... sont à la fois infiniment puissants et infiniment dérisoires, infiniment adroits et incroyablement malhabiles. Alors même si j'ai le sentiment d'avoir assisté à une "générale" (où les chanteurs ne sont pas tenus de chanter à pleine voix) plutôt qu'à une "première" dans tout son éclat, le plaisir était là. Il faut y être ! medium_DSCN0932.JPG

    Quant au gala, il dépassait nettement le niveau d'une "générale" : des dizaines de milliers de drapeaux roses agités par une foule familiale, applaudissant tous les points, saluant tous les beaux gestes. Les supporters de l'USAP n'étaient pas en reste, merci à eux d'avoir fait ce long déplacement un dimanche. L'avant-match annoncé par le Stade (pompom girls, cavaliers, catch américain, Gispy King) a tenu ses promesses, même si l'orage a fait fuir les chevaux et refluer tout le monde sous les arcades.

    Mais il faut l'avouer, l'échauffement des joueurs qui se déroulait en même temps a pourmedium_Echauffement.jpg moi éclispé ces attractions. Je retiens dans ma mémoire (car les photos, n'en parlons pas, mon minable appareil n'a pas le téléobjectif qui convient... je l'ai sagement rangé après m'être contentée de photos de famille en marge du match : voir l'album), je revois dis-je les Parisiens, moulés dans un maillot rose "seconde peau" exécutant des passes sans ballon, réduites à une pure chorégraphie.medium_DSCN0936.JPG

    Seules les Girls du Moulin rouge ont pu soutenir la comparaison dans ce moment préalable : car elles ont réussi, tour de force, à rendre la chorégraphie encore plus puissante rien qu'en marchant et en s'immobilisant ; on en oubliait presque le ballon, le vrai, celui du coup d'envoi, qu'elles apportaient et entouraient... Et pour cela aussi, pour ces quelques secondes (parmi d'autres qu'on ne voit pas à la télé), il faut y être !

    A voir : un reportage photo très complet sur le site SupporterBO

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    1 - Mot allemand qu'on ne peut pas traduire par un seul mot en français : "se réjouir du malheur d'autrui".

  • Le Midi olympique à la page et en tête

    Le Midi olympique à la page et en tête

    par Mezetulle 

    Je n'avais jamais osé me saisir d'un exemplaire du Midi Olympique : ce blog et l'entourage chaleureux qu'il me procure ont libéré toutes mes inhibitions et étendu mes capacités de lecture au-delà de la sphère pourtant déjà respectable dans laquelle j'évolue ordinairement sans complexe... mais là, c'est autre chose.

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    Je me rends donc dans un bar-tabac-presse pour acheter la précieuse liasse jaune. Justement c'est vendredi et il y en a une pile sur le présentoir. Parce qu'il y a une édition le vendredi et une autre le lundi : ça je ne le sais pas encore, je vais découvrir quelques jours plus tard que cette fréquence bi-hebdomadaire est un véritable concept autant sportif qu'intellectuel déployé dans la temporalité de l'avant (non pas celle du vulgaire pronostic, on n'est pas aux courses, mais celle de la supputation, de l'hypothèse) et de l'après (celle des bilans, du jugement, de l'anthologie) : un luxe qu'on ne peut pas se payer quand on est un quotidien...

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    Mais dans ce premier moment de découverte, le journal est une énigme. Volontairement vieillot, du moins au premier abord : son format - c'est fait pour les grands, ceux qui savent tourner les pages sans les froisser -, le design de son titre genre arts déco, la 1re qui atteint parfois des sommets de dissonance ringarde, medium_Midol2.2.jpget surtout surtout cet inimitable jaune pisseux du papier, presque celui de l'ancien catalogue Manufrance qui émerveilla mon enfance, avec son odeur de "vieux journal" qui craque et sèche très vite comme le pain blanc. Tout le charme province de la vieille France enracinée, Ovalie profonde, etc. etc. (j'ai déjà donné : voir mes articles sur Tillinac et les travaux champêtres). On va voir qu'il cache bien son jeu...

    L'épaisseur est à la fois intimidante et cossue : ça doit se lire à tête reposée, en absorbement, ça doit demander une vraie lecture. Je cherche, élève appliquée et pleine de bonnes résolutions, le premier article qui s'offre à mon oeil de lectrice bien entraînée, de lectrice professionnelle. Alors que le livre s'attaque en belle page, la page impaire à droite, l'oeil remontant en haut à gauche de celle-là, je sais bien sûr que le journal (surtout en grand format) peut s'attaquer en page paire ou impaire, pas forcément en haut à gauche mais dans un repérage dont l'unité est l'article : séquence titre en gras - pavé en maigre - photo facultative, ensemble offert dans une  visibilité caractéristique au sein de la page.

    J'entame donc, me croyant trop tôt en pays connu, un pavé rédigé en trois ou quatre colonnes qui s'offre à mon regard et qui m'a l'air des plus sérieux. Effectivement sérieux, plus que sérieux: un tourbillon de références érudites où se succèdent des noms propres d'aujourd'hui, de naguère et de jadis, dont je ne connais pas les trois quarts, dans une langue raffinée, sans coquille, sans faute de français ni d'orthographe, un style à la fois précis et pathétique. Toutes les ressources de la rhétorique classique sont mobilisées - exorde, exposition, arguments, questions, péroraison ; elles alternent avec celles de la dissertation - construction et formulation du problème, réduction de celui-ci à un cas classique, objections, réponses, variation-rebondissement, conclusion. Cela se déguste comme une pâtisserie, un gros mille-feuillles où la dent s'enfonce dans une épaisseur de bon aloi, juste à la bonne consistance (il faut que ça dégouline un peu, mais pas trop).

    Mais voilà que le charme de l'opacité qui reste quand même familière (car jusque-là si je comprends quelque chose à la forme, je ne comprends presque rien au contenu, mais je me dis que c'est normal : je manque de connaissances voilà tout, ça se corrige en travaillant...) se transforme en panique. Je me rends bien compte que l'article parle d'un match, et probablement d'un match qui n'a pas encore eu lieu... mais lequel, entre qui et qui ? Je scrute chaque ligne : il faudrait, pour le savoir de l'intérieur de l'article, mobiliser un background qui me dépasse. Je remonte au titre suscrit, mais là non plus rien de décisif, c'est un truc du genre "La dernière chance" ou "Le pack révélateur" ou "Lever les doutes" ou "L'heure décisive".... bien joli si l'un des protagonistes est nommé autrement que métaphoriquement ou allusivement par ex "Les pourfendeurs de XXX il y a XX semaines.."

    Jusquà ce que je me rende compte que je dois réapprendre à lire, à poser mon oeil sur une unité typographique dont la cohérence réside là où je ne savais pas la voir.

    medium_MidolPageInt.JPGL'unité de ce que j'ai sous les yeux - car oui, tout est là, sous mes yeux, rien de caché - n'est pas l'article, ni même un ensemble d'articles unifiés par un titre général avec un chapeau explicatif et fédérateur. L'unité est la page tout entière, mais vraiment tout entière, sans exception, délimitée par ses seules marges blanches (enfin je veux dire jaunes) dentelées. D'où il faut conclure que l'en-tête, morceau typographique ordinairement hors-texte de pur repérage a posteriori, est ici plus qu'un titre, plus qu'une simple classification extérieure, plus que l'étiquette d'une boîte, mais un principe d'intelligibilité, une âme dont le souffle est nécessaire à chaque composante qu'elle surplombe et dont le sang irrigue toute la page. C'est la ratio cognoscendi de tout ce qui se trouve sous elle, pas seulement disposé (comme dans la plupart des journaux) mais véritablement subsumé. C'est ce qu'il faut lire avant tout pour ordonner la page et lui donner son sens interne : "Biarritz-Agen", "Paris-Perpignan", "Castres-Mont de Marsan", etc. Sous cette ligne dominante mais ironiquement discrète, estompée en vert et grisé, les cartes typographiques se distribuent selon un admirable ordre des raisons et des espaces : tableaux comparatifs côté pliure et articles appréciatifs de l'autre...

    Vieillot et fleurant bon les terroirs? le Midi olympique c'est à la page... jusqu'au top  !

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