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La Choule - Page 28

  • Des buts ou des points ?

    Des buts ou des points ? finesse du score

    Après quelques égarements hystéro-bougons, je reviens à une sérénité théorique.
    Oui, contrairement à l'apparence spontanée, brutale, immédiate, le rugby est un sport qui connaît les nuances, que dis-je : il est fondé sur la nuance, sur des déclinaisons de gammes continues, et non sur des hiatus discontinus. Bref, tout en finesse.

    Et pour commencer, un peu d'arithmétique, puisque toute rencontre sportive se traduit rationnellement par un décompte : ici le score.
    medium_but.2.jpg De quoi est fait un score au rugby ? De points, et non de buts. La distinction importe. Ce score composé de points n'est pas "gros". L'unité élémentaire qui le constitue (le point) a valeur alphabétique ou atomique : elle ne correspond en effet à aucun acte isolable sur le terrain, c'est un abstrait. On ne marque pas "un" point en faisant ceci ou cela, aucune action ne correspond à un point - on ne peut marquer un point que par une différence. On ne marque que des ensembles de points, un peu comme on écrit les mots avec des lettres de l'alphabet, lesquelles n'ont aucun sens de manière isolée. Les linguistes diraient qu'elles n'ont pas de pertinence en elles-mêmes (sauf cas rares, par ex "i" en latin impératif du verbe "eo").
    J'ose à peine rappeler le b-a ba : 5 pour un essai, 2 pour une transfo, 3 pour une pénalité, 3 pour un drop... C'est bien ça non ? (pour vérifier, voir sur le site le carnet de l'entraîneur).
    En revanche, la pertinence de l'unité se trouve dans le décompte, en tant que différence avec un autre décompte : on peut être devancé d'un point. Et ça fait une différence !

    Autrement dit : le score du rugby s'exprime en une langue évoluée, articulée en micro-éléments abstraits qui ne prennent leur valeur que dans la série et les différences entre séries. Et non une langue grossière, où chaque point correspond réellement à un acte de jeu isolable (le "but", vous voyez de quoi je parle ?) : dans ce dernier cas, on n'est même pas du niveau d'un syllabaire, on est dans un système de signaux, une pictographie où chaque signe correspond à une chose. Quelle pauvreté !

    L'une des conséquences de cette finesse du score articulé rejoint une idée que j'ai abordée dans un autre billet : le score est rarement fatal. medium_AndyGoodeKickEmpics.2.jpgCe qui est mortel, humiliant, n'est pas d'encaisser un but où tout se joue, mais une série de points, ce qui suppose la continuité entre plusieurs phases de jeu. Et si l'arbitrage n'est pas complètement aberrant ou partisan, la différence au score reste rationnelle, proportionnelle aux forces et aux habiletés en présence durant la rencontre.

    Une autre conséquence est la notion de choix tactique : tenter une pénalité plutôt que la jouer à la main ou choisir la pénaltouche, c'est essayer de maîtriser dans un calcul l'état du score, le moment du match, le temps qu'il reste, les éléments naturels (distance, vent)... rendre la contingence maniable.

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  • Epouse, mamie (suite) et... devinez qui ?

    Epouse, mamie (suite) et... devinez qui ?

    par Mezetulle 

    Comme je suis encore dans mes mauvais jours (après Angleterre-France), je continue sur la lancée d'hier dans le poil à gratter. Cette fois, on va carrément donner dans le mauvais goût.

    Après les mamies et les épouses, une troisième figure féminine ancestrale manquait à l'appel. Eh bien, elle fut très facile à trouver...

    Une pub (ou une parodie de pub, car un canular n'est pas exclu) du magazine Rugby - "l'hebdo du rugby pro" - ne fait pas dans la dentelle....  regardez plutôt cette vidéo, exquise, raffinée. Je n'invente rien, elle est publiée sur le site dailymotion.

    Attention, âmes sensibles et bégueules s'abstenir... j'ai résisté à la tentation de mettre la vidéo directement sur le blog et je me contente d'un lien austère :


    A moins que ce soit, comme disent les intellos, "à prendre au second degré" ??? D'ailleurs ceux qui sont choqués n'ont rien compris au film : si la blonde savait qu'il faut tout de suite lâcher la balle quand on est à terre, ça ne se passerait pas comme ça, non ? Eh bien vous savez, à en croire les machos, c'est toujours ainsi avec les femmes : quand il leur arrive des histoires c'est qu'elles l'ont bien cherché... (et il faut bien sûr ajouter : "sauf ma mère, ma soeur, ma fille et ma femme").
    Ouarf, on s'en tient les côtes dans les bistrots entre copains !!!
     
    Pendant que j'y suis, dans la collection "mauvais goût",
    celle-là n'est pas mal non plus :
    medium_TAckleTrash_AP_.jpg
     
     
     
     
    Allez, c'est promis, demain je publie un billet moins trash !  Salut !
     
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    PS du 27 juin 07 : la vidéo a été retirée par Dailymotion "pour non respect des conditions d'utilisation"... ils sont encore plus bégueules que moi ! Dommage. 
  • Vous avez dit "rural, viril, sain" ?

    Un peu de poil à gratter. Vous avez dit "rural, viril, sain" ?

    Ca devient lassant, à la fin, d'alimenter un blog  à la louange du rugby, sans accroc. Finalement un peu trop lisse et bien pensant, pas tellement dans l'esprit "plaies et bosses".

    J'ai pensé qu'un peu de poil à gratter ne ferait pas de mal surtout après la défaite du 11 mars contre l'Angleterre. Mais trop facile d'aller le chercher du côté des détracteurs (si, si, ils existent). Je l'ai trouvé dans l'article d'un fin connaisseur, Philip Dine (1) : "Du collégien à l'homme (et retour) : rugby et masculinité en Grande-Bretagne et en France" (2) dont je vous livre ce passage iconoclaste.

    En tant que "sport de terroir", le rugby pouvait même servir d'antidote à l'exode rural des trente glorieuses. Dans les années 1950 et 1960, l’O.R.T.F. offrait à la nation un « rugby champagne » au pétillement international avec des attaquants vedettes comme les frères Boniface et Jean Gachassin, et permettait ainsi de présenter une image de continuité masculine définie régionalement qui masquait les changements rapides et radicaux qui se produisaient dans l’ensemble de la campagne française. C’était l’époque de l’exode rural déclenché par l’accélération de l’industrialisation, la réorganisation agricole programmée par la D.A.T.A.R. et la modernisation administrative de la France. Avec le soutien officiel du général de Gaulle et de l’ensemble de ses ministres, les rugbymen du Sud-Ouest devinrent un symbole de la continuité mâle qui pouvait être opposée à la nouvelle domination urbaine du « jeune cadre dynamique » et du « soixante-huitard ». Dans cette récupération nationale d’une passion jusque-là provinciale, Roger Couderc et Pierre Albaladéjo, les Obélix et Astérix des ondes, eurent un rôle clé, en proposant une construction ethnique de la masculinité française à opposer aux incertitudes sociales et politiques de ces temps de plus en plus troublés. Au moins sur le terrain de rugby et sur les écrans de télévision, les hommes étaient toujours des hommes; et en plus Basques, Gascons et Catalans.

    Ah ces "valeurs" rurales, régionales, viriles, spontanées, l'air pur qui vous nettoie les poumons des souillures citadines : ça vous préserve de l'émasculation, de la dégénérescence, ça vous vide l'esprit de l'urbanité efféminée et des manières-de-gonzesses-intellectuelles-parisiennes ! medium_Maillot_rose.jpg

    Là je sens comme un malaise... un léger froid dans le dos... (et encore, j'ai pris des gants, je vous ai fait grâce du passage sur le rugby pendant les années 40...).

    Heureusement qu'il y a eu ces chichiteux de Parisiens bourgeois intellos pour introduire le rugby anglais sous sa forme moderne en France. Et un siècle plus tard, voilà qu'ils ont osé un maillot rose ! Ouf, nous voilà sauvés de la grande santé terrienne et de la régénération !

    (1) Professeur de langue et civilisation françaises à Loughborough University.
    (2) Le Mouvement Social, 2002/1 (no 198), p.75-90. En ligne sur le site Cairn.

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  • Angleterre-France. Rose épineuse mais parfumée

    Angleterre-France. Rose épineuse... mais parfumée !

    Rose très épineuse, pleine de vigueur, d'allant, de couleur, de panache et d'endurance : elle a assuré le parfum et le plaisir spectaculaire de cette rencontre, face à un coq malencontreusement défensif qui finit par perdre ses ergots sur la pelouse de Twickenham.medium_Rose.jpg

    On se consolera comme on peut en relisant Victor Hugo (Dédain - à Lord Byron, Les Feuilles d'automne) :

                                  – Il dit par intervalles
    Qu'il faut aux jours d'été l'aigre cri des cigales,
    L'épine à mainte fleur ; que c'est le sort commun ;
    Que ce serait pitié d'écraser la cigale ;
    Que le trop bien est mal ; que la rose au Bengale
    Pour être sans épine est aussi sans parfum.

    Et en ajoutant, pour bien appuyer là où ça pique : "Rose is a rose is a rose is a rose" ... (Rugby Les Pins appréciera).

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  • Italie-Galles : la pénaltouche et l'échéance

    Italie-Galles : la pénaltouche et l'échéance mortelle

    "Il y a pénaltouche lorsque l'équipe pour qui a été sifflée la pénalité décide de taper en touche au lieu de la tenter. Dans ce cas, c'est cette même équipe qui effectuera la remise en jeu." (1)


    Cet après-midi, superbe exemple et bel objet de controverse à la fin du match Italie-Galles remporté par l'Italie 23 à 20.
    A la 80e minute, en face des buts italiens, les Gallois bénéficient d'une pénalité. Mais gardons à l'esprit qu'on est à la 80e minute, et que la fin du match est imminente.medium_chrono.jpg
    Vont-ils la tenter ? Si oui, ça ne fait jamais qu'une égalisation : pas terrible....  Alors - calcul - ils choisissent de jouer la touche : si celle-ci se déroule comme ils l'espèrent, ils ont une chance d'aller à l'essai et donc de remporter le match par 25-23 et même peut-être par 27-23 si l'essai est transformé.

    La touche est trouvée à quelques mètres de la ligne de but italienne. Et c'est à ce moment-là que l'arbitre siffle la fin du match. Certains commentateurs n'hésitent pas à parler d'une "faute d'arbitrage".

    Toujours est-il que voilà un beau sujet pour les philosophes : la question du temps, de la séquence et de l'échéance.

    Est-ce la même chose d'une part de "laisser jouer" la séquence "tir de pénalité" (ou dans d'autres circonstances la séquence "essai marqué-tentative de transformation") alors qu'on est sur la limite de temps, et d'autre part de "laisser jouer" une touche ?  Il me semble que la question qui décide est : "jusqu'à quand ?"

    Dans le premier cas c'est très clair et définissable a priori : jusqu'à ce que la balle quitte le pied du buteur et termine sa trajectoire. La séquence est une séquence finie, de même que la séquence "essai-transfo". Mais dans le second ?  La touche et ce qui la suit ne sont pas une séquence finie... et l'arbitre aurait aussi bien pu siffler la fin du match lors de la prise de balle, ou un dixième de seconde après celle-ci lorsque le joueur retombe au sol, ou même un un dixième de seconde avant un essai toujours potentiel... ? 

    L'imminence de l'échéance, c'est toujours pathétique. Y compris pour les échéances qu'on joue, pour les petites échéances, parce qu'elles sont une allusion à la fois dérisoire et sublime à la grande échéance, à la seule qui compte et qui donne leur sel à toutes les autres sans lesquelles on ne ferait jamais rien, on ne tenterait jamais rien.

    (1) Mathieu Lasselin : Le rugby en quelques mots français-anglais Maitrise LEA - 2002 / 2003 - Université Sorbonne nouvelle - Paris III Responsable : Loïc Depecker 

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